Saturday 19 June 2021

Apostolic Constitution "Sponsa Christi" by Pope Pius XII (translated into French)

CONSTITUTION APOSTOLIQUE SPONSA CHRISTI

 

PIE ÉVÉQUE

Serviteur des serviteurs de Dieu

pour perpétuelle mémoire

 

Epouse du Christ, l'Eglise(1), dès les tout premiers débuts de son histoire, a manifesté par des actes et des témoignages multiples et confirmé par des documents éclatants les sentiments d'estime et d'amour maternels qu'elle nourissait à l'égard des vierges consacrées à Dieu.(2)

Cela d'ailleurs n'a rien d'étonnant. Les vierges chrétiennes sont en effet “la plus noble partie du troupeau du Christ”(3). Poussées par la charité, repoussant comme indignes toutes les sollicitudes du monde(4), écartant victorieusement le partage facile, mais très dangereux, du coeur(5), non seulement elles se vouent(6) tout entières au Christ, comme au véritable Époux(7) des âmes, mais elles consacrent pour toujours leur vie entière ornée des pierres précieuses de toutes les vertus chrétiennes(8) au service du Christ et de l'Église(9).

Cette appartenance ou aliénation mystique des vierges au Christ et leur donation à l'Eglise s'accomplissaient aux premiers siècles du christianisme spontanément, plutôt par des actes que par des paroles. Dans la suite, les vierges formèrent non seulement une classe, mais un état de vie dejà défini et un Ordre approuvé par l'Eglise(10). Alors la profession de virginité commença à se faire publiquement et à être ainsi garantie par un lien chaque jour plus étroit(11). Ensuite l'Eglise, quand elle acceptait le voeu sacré ou l'engagement de virginité, consacrait la vierge comme une personne vouée inviolablement à Dieu et à l'Église, par une cérémonie solennelle qui, à juste titre, est comptée parmi les plus beaux monuments de l'ancienne liturgie(12); l'Église distinguait clairement cette vierge des autres personnes qui ne se vouaient à Dieu que par des voeux ou des engagements privés(13).

La profession de la vie virginale était placée sous la garde d'une ascèse vigilante et vigoureuse; en même temps elle était nourrie et favorisée par tous les exercices de piété et de la pratique des vertus. La doctrine des anciens Pères, tant grecs et autres orientaux, que latins, présente et place sous nos yeux une image fidèle, certes, mais très belle, de la vierge chrétienne. Dans leurs écrits, tout ce qui peut concerner la sainteté virginale et la perfection intérieure et extérieure est décrit avec le plus grand soin, un grand amour, d'une façon expressive et claire(14).

Jusqu'à quel point la vie angélique des vierges chrétiennes a été conforme, en cette première époque de son histoire, aux exhortations et aux descriptions des Pères de l'Eglise, et de quelles héroïques vertus elle nous paraît richement parée, nous le savons, d'une part, directement et par une voie sûre, par les documents et les monuments historiques, et, d'autre part, il nous est permis de le conjecturer, bien plus de le déduire, sans aucun doute, d'autre sources authentiques elles aussi(15).

Surtout après que la paix eut été accordée aux chrétiens, à la suite des ermites et des cénobites, les vierges consacrées à Dieu prirent l'habitude de perfectionner et de fortifier leur état de vie par une profession explicite et sanctionnée des conseils de pauvreté et d'une plus stricte obéissance(16).

Les femmes ayant fait profession de virginité, qui déjà auparavant se réunissaient pour mener une vie commune, séparée autant que possible du commerce des hommes, et cela soit par amour de la solitude, soit pour se mettre à l'abri des très graves dangers qui, dans la société romaine corrompue, les menaçaient de toutes parts, suivirent assez tôt l'exemple de l'immense multitude des cénobites; elles laissèrent en général aux hommes la vie érémitique, elles imitèrent la vie cénobitique et presque toutes s'y adonnèrent(17).

L'Eglise recommandait en général aux vierges la vie commune entendue dans un sens assez large: pendant longtemps elle ne voulut pas imposer strictement la vie monastique, pas même aux vierges consacrées qu'elle laissa dans le monde, honorées comme il convenait, mais libres cependant. Cependant, le nombre de vierges consacrées par les cérémonies liturgiques habitant dans leurs maisons particulières ou menant une vie commune assez large diminuait de plus en plus; enfin, elles finirent par disparaître, en plusieurs endroits par décision juridique, partout en fait. Bien plus, en général, elles ne furent pas rétablies, plus récemment elles furent même interdites(18).

En cet état de choses, l'Eglise tourna sa maternelle sollicitude spécialement vers ces vierges qui, choisissant la meilleure part(19), abandonnaient complètement le monde et embrassaient dans sa plénitude, dans les monastères, la vie chrétienne parfaite, ajoutant à la profession de la virginité la stricte pauvreté et l'obéissance totale. Leur profession ou leur vie cénobitique fut protégée par l'Eglise extérieurement, selon la prudence, par les lois de jour en jour plus sévères de la clôture(20). A l'intérieur, elle organisa le genre de vie de ces vierges de façon à former, peu à peu, avec netteté et clarté dans sa législation et dans l'ascèse religieuse, le type de la moniale (sanctimonialis), toute consacrée, sous la rude discipline de la règle, à la vie contemplative(21).

Vers le début du moyen âge, après la complète disparition du genre de vie des vierges consacrées vivant dans le monde, les moniales, s'étant extraordinairement développées par le nombre, la ferveur, la diversité, furent seules considérées comme les héritières in solidum et les successeurs légitimes des vierges qui les avaient précédées(22). Elles furent non seulement héritières et successeurs, mais elles administrèrent fidèlement le patrimoine reçu, le firent valoir avec soin, ayant reçu cinq talents, elles en gagnèrent cinq autres(23). Les monuments liturgiques, les documents canoniques, les témoignages historiques de tout genre, les écrits, les sculptures, les peintures établissent et prouvent cette origine et cette dignité, ces mérites et cette sainteté des moniales(24).

Plusieurs siècles durant et jusqu'à la fin du moyen âge - comme il ressort clairement des Décrétales et même de tout le Corpus du droit canonique -, les moniales furent les seules parmi les femmes à mener avec les Moines et les Chanoines Réguliers l'état de perfection, qui déjà avait été solennellement reçu et pleinement reconnu, afin de lui donner plus parfaitement un caractère officiel(25).

Puis, non sans avoir surmonté de nombreuses et graves difficultés, d'abord tous les Frères, désignés sous le nom de Mendiants, d'Hospitaliers, de Rédempteurs ou par une autre appellation, et, environ trois siècles plus tard, les Clercs dits Réguliers, furent, eux aussi, comptés parmi les vrais religieux et réguliers, avec les Moines et les Chanoines Réguliers. Mais toutes les Moniales, tant celles qui suivaient la vie monastique ancienne ou la vie canoniale, que celles qui formaient les seconds Ordres des Frères Mendiants, en ce qui concerne le droit canonique, suivaient l'unique, noble et ancienne institution et embrassaient la même forme de vie religieuse(26).

Donc, jusqu'aux premières Congrégations de femmes qui naquirent au XVI ou XVII siècle, étaient seulement considérées comme Moniales celles qui, en fait, et en droit, profesaient légitimement la vie religieuse. Bien plus, après avoir toléré et, avec le temps, accordé aux Congrégations une reconnaissance d'abord de fait et ensuite de droit administratif(27), ce sont les Moniales seules, jusqu'à la pramulgation du Code de droit canonique, qu'on admettait, en droit strict, comme véritables religieuses et régulières(28).

Si quelqu'un veut ici tourner un regard vers les secrets de la vie monastique, comment pourrat-il nombrer et peser les trésors de perfection religieuse cachés dans les monastères? Les fleurs et les fruits de sainteté que ces jardins fermés ont produits pour le Christ et son Eglise; l'influence des prières, les richesses de dévouement, les biens de tout genre enfin par lesquels les Moniales, au prix de beaucoup d'efforts, ont embelli, soutenu, consolé leur Mère, la sainte Eglise?

Le type austère et bien défini des religieuses Moniales, gravé dans les textes des lois canoniques et ascétiques, fut facilement et, quant à ses principaux traits, même fidèlement accepté par les innombrables Ordres, monastères, couvents, qui ont toujours existé dans l'Eglise, et pendant plusieurs siècles il fut maintenu avec ténacité. Cette fidélité commune et cette constance procurèrent à l'institution sacrée des Moniales une unité qui résista toujours fortement à n'importe quelles innovation, avec plus de vigueur que tous les autres Instituts de Réguliers ou de religieux de l'un et l'autre sexes. C'est un mérite que, en de justes limites, on ne doit pas hésiter à lui attribuer.

Cette unité des Moniales, que Nous venons de louer, n'a d'ailleurs pas été un obstacle à ce que, tant en ce qui concerne la vie ascétique que la discipline interne, des formes diverses et des variations fussent admises dès les temps anciens; admirable dans ses saints, Dieu enrichissait ainsi et embellissait l'Eglise, son Epouse.

Ces variétés de Moniales paraissent résulter de la variété de même genre des Ordres et des Religions d'hommes, auxquels les Ordres de Moniales furent en quelque sorte rattachés. En effet, presque tous les moines, les Chanoines Réguliers, principalement les Mendiants, s'efforcèrent de fonder des seconds Ordres qui, en respectant toujours le caractère de Moniales, paraissaient se distinguer les uns des autres comme se distinguaient les premiers Ordres. De la même façon, plusieurs Ordres de Chanoines Réguliers et plusieurs Congrégations d'hommes fondèrent plus récemment des Ordres de Moniales correspondant à leur propre Institut.

Les variétés de Moniales dont Nous venons de parler, que Nous considérions soit l'histoire de l'Institution, soit ses changements internes communs, sont tout à fait dignes d'être examinées avec attention. Certainement, tout en sauvegardant la forme générale de la vie contemplative et en maintenant fermement en vigueur les normes principales et les principes de la discipline existante, elles ont apporté à l'antique institution comme une nouvelle énergie pour la sainteté.

Aux époques plus récents, spécialement à la fin du XVI siècle, de nouveaux Ordres de Moniales furent fondés et approuvés peu à peu par l'Eglise; par exemple les Instituts de Ste-Ursule, de Ste-Angèle, la Congrégation des religieuses de Notre-Dame, l'Ordre de la Visitation, la Société Notre-Dame, les Moniales de Ste-Marie de la Charité(29) et plusieurs autres nouvelles fondations, forcées ou moralement obligées d'accepter, dès leur origine ou plus tard, le droit commun en vigueur pour les Moniales, si elles voulaient professer une véritable vie religieuse, la seule alors reconnue pour les femmes, préparaient de diverses façons un renouvellement du droit lui-même.

Ces nouvelles formes de Moniales, même si elles professaient la vie contemplative canonique et avaient enfin accepté, non sans difficulté mais avec sincérité, la clôture pontificale adaptée à leur genre de vie particulier pour se conformer aux opinions alors courantes, n'acceptèrent pas toutefois, en certains cas, la récitation de l'office divin. Avec un zèle louable, elles-mêmes regardèrent comme des devoirs de leur profession de nombreuses oeuvres d'apostolat et de charité qui leur paraissaient convenir à leur sexe et à leur statut juridique.

Au cours des années, soit à l'exemple des Ordres nouveaux, soit du fait du développement des Congrégations et des Sociétés qui s'efforçaient d'unir à la vie de perfection la pratique féconde de la charité, de l'assistance, de l'éducation, soit enfin par suite de l'évolution commune en tout genre des choses et des idées, bien des monastères d'un grand nombre d'Ordres qui, institutionnellement, suivaient uniquement la vie contemplative, admirent en bien des lieux, avec l'approbation et sous la direction prudente du Saint-Siège, les oeuvres d'apostolat(30).

De là, peu à peu, insensiblement, il arriva que l'institution des Moniales, dans son ensemble, présentait non seulement des Ordres différents par leurs Règles et leurs Constitutions, mais encore qu'une division plus profonde s'y introduisait, à savoir, entre les monastères et les Ordres qui suivaient seulement la vie contemplative et ceux où l'on joignait à la vie contemplative des oeuvres d'apostolat canoniquement approuvées, soit en vertu d'une disposition particulière des constitutions, soit du fait des concessions du Saint-Siège obtenues dans la suite.

A notre époque, toute l'institution des Moniales, tant dans les Ordres et monastères qui jusque là avaient mené fidèlement la vie contemplative seulement, que chez ceux surtout qui, par décision de l'Eglise, unissaient harmonieusement la vie contemplative avec les oeuvres d'apostolat, se ressentit grandement de l'évolution et de la diversité des événements et des circonstances. Assurément, comme ces Ordres s'adonnent à des oeuvres similaires d'éducation et de la charité qui, du fait des habitudes qui se généralisent ou de l'intervention des pouvoirs publics, s'exercent alors de telle façon qu'elles en deviennent à peine compatibles ou tout à fait incompatibles avec certaines dispositions classiques de la clôture pontificale, ces règles de la clôture, tout en maintenant le caractère général, ont dû sagement être mitigées de façon à pouvoir s'harmoniser avec les oeuvres. Ainsi semblait le réclamer l'utilité de la sainte Eglise et des âmes, puisque, si on n'avait point agi de la sorte, ces oeuvres n'auraient pu être entreprises ou du moins ne l'auraient pas été de la même façon. Et ce n'est pas seulement à l'égard des Ordres apostoliques, mais encore à l'égard des Ordres purement contemplatifs que les circonstances des temps et la grande pauvreté dont souvent ils souffraient ont paru exiger et imposer quelquefois des aménagements ou des interprétations plus larges.

Aujourd'hui, à titre d'exemple, le sentiment public qu'on appelle social supporterait difficilement une interprétation trop stricte du canon 601, même lorsqu'il s'agit des Moniales contemplatives. Aussi le Saint-Siège se montre-t-il de plus en plus disposé à pourvoir paternellement à bien des besoins et des nécessités qui autrefois ne paraissaient pas assez graves, d'après l'estimation commune, pour justifier une violation ou une exemption de la clôture pontificale. Du reste, l'inviolabilité et le respect du domicile, qui n'était pas sans doute l'unique raison de la clôture pontificale, mais qui, variant avec les circonstances des époques s'ajoutait aux autres motifs de l'imposer et de la régler, est aujourd'hui plus respectée et assurée qu'autrefois.

En résumé, après avoir exposé l'origine de la sainte institution des Moniales, Nous estimons utile, à présent, d'en bien distinguer les éléments propres et nécessaires qui affectent directement la vie contemplative des Moniales comme leur fin première et principale. A côté de ces traits originels et essentiels qui dessinent clairement, en droit, la forme canonique des Moniales, s'en ajoutent d'autres d'une assez grande importance qui, sans être indispensables, la complètent cependant, puisque ils répondent assez exactement à la fin générale des Moniales et concourent à l'assurer. Certains traits, au contraire, se trouvent dans l'institution des Moniales, qui ne sont pas nécessaires à cette fin et ne la complètent pas, mais ne sont qu'extrinsèques et historiques; c'est-à-dire qui proviennent, à coup sûr, des circonstances du temps passé; et celles-ci ont bien changé. Si ces éléments ne servent plus ou s'ils peuvent empêcher un plus grand bien, on ne voit aucune raison spéciale de les maintenir.

Aussi, tout en maintenant entièrement les éléments originels et essentiels de la vénérable institution des Moniales, Nous avons décidé, à l'égard des autres éléments qu'on estime externes et adventices, de leur apporter avec sagesse et prudence des ajustements aux circonstances actuelles, qui pourront donner à cette institution non seulement un plus grand éclat, mais encore une efficacité plus complète.

Nous sommes entraîné et même contraint à apporter ces ajustements raisonnables à l'institution des Moniales, par les renseignements que Nous recevons de toutes les parties du monde, et qui Nous font connaître avec certitude la grande détresse dans laquelle se trouvent souvent, pour ne pas dire toujours, les Moniales. Oui, il y a de nombreux monastères qui, hélas! meurent presque de faim, de misère, de privations; il y en a beaucoup d'autres qui, par suite de difficultés matérielles, mènent une vie pénible et la plupart du temps impossible à supporter. Il y a en outre des monastères qui, sans vivre dans le besoin, cependant, du fait qu'ils sont séparés et isolés de tout autre monastère, souvent dépérissent. De plus, les lois trop strictes de la clôture amènent souvent de grandes difficultés. Enfin, les nécessités de l'Eglise et des âmes croissent toujours et réclament le concours de tous pour y porter une aide urgente et multiple; il semble que le moment soit venu de concilier la vie monastique en général, même chez les Moniales consacrées à la contemplation, avec une participation mesurée à l'apostolat.

Notre jugement sur ce point a été bien souvent confirmé par les témoignages des Ordinaires des lieux et des Supérieurs religieux, qui Nous sont parvenus de plusieurs pays avec une parfaite unanimité.

Parmi les décisions qui sont indiquées ci-après dans les statuts généraux des Moniales, il est bon d'en expliquer quelques-unes, afin que Nous énoncions les règles et les principes qui permettront de comprendre facilement, sûrement et correctement, chacune de ces prescriptions. Et tout d'abord ,en ce qui concerne la vie contemplative des Moniales, ceci qui a toujours été en vigueur, suivant l'ésprit de l'Eglise, doit être maintenu ferme et intact: tous les monastères de Moniales doivent toujours et partout professer régulièrement la vie contemplative comme leur première et principale fin. C'est pourquoi il faut que les travaux et ministères auxquels les Moniales peuvent et doivent se livrer soient de telle nature et disposés et réglés de telle façon pour le lieu, le temps, la mesure et la manière, que la vie vraiment et sincèrement contemplative de toute la communauté, comme de chacune des Moniales, soit non seulement sauvegardée, mais encore constamment nourrie et fortifiée.

Des prescriptions et concessions ont été données autrefois, sous la pression des circontances, pour quelques régions, d'après lesquelles les voeux solennels étaient commués en voeux simples. Elles comportent certainement l'octroi d'une dispense “odieuse”, et d'autant plus “odieuse” que ce privilège s'oppose à la prérogative principale des Moniales; car les voeux solennels qui entraînent une consécration à Dieu plus complète et plus étroite que les autres voeux publics, représentent la marque canoniquement indispensable et principale pour les Ordres. C'est pourquoi, comme il est établi par une longue expérience faite en divers pays que les voeux solennels, soit des Réguliers, soit des Moniales, bien qu'ignorés par le droit civil, peuvent facilement et sans embaras être observés, et que la sécurité des autres biens de la communauté peut être convenablement assurée par d'autres moyens, même si la personnalité juridique, comme cela arrive ici ou là, est refusée aux Ordres et aux monastères, la législation et l'action du Saint-Siège s'accordent(31), depuis déjà de nombreuses années, à restreindre ces exceptions “odieuses” dont Nous venons de parler et, autant que possible, à les supprimer. Et, en effet, les Moniales ne doivent pas être privées de l'honneur, du mérite et de la joie d'émettre des voeux solennels qui leur sont propres.

Pour assurer une meilleure garde du voeu solennel de chasteté et de la vie contemplative, et pour maintenir le jardin fermé des Moniales à l'abri de tous les assauts du monde, qu'aucune ruse, aucun attentat ne puissent le violer, nul contact séculier ou profane le troubler, mais qu'il demeure le vrai cloître des âmes(32), dans lequel les Moniales puissent servir Dieu plus librement(33), l'Eglise, dans sa sollicitude sage et vigilante, établit une clôture plus sévère, comme une institution spéciale des Moniales, la règla avec soin et la munit pour toujours de graves sanctions pontificales. Cette vénérable clôture des Moniales qui, du fait de l'autorité suprême d'où elle émane et des sanctions qui la protègent intérieurement et extérieurement, s'appelle pontificale, non seulement Notre présente Constitution, eu égard aux diverses circonstances des monastères qui, jusqu'à maintenant, y sont soumis, la confirme délibérément et solennellement, mais encore l'étend avec prudence à ces monastères qui, jusqu'ici, en vertu de dispenses légitimes, n'y sont pas obligés.

Les monastères qui professent la vie uniquement contemplative et que n'admettent pas, dans l'enceinte de la maison religieuse, des oeuvres stables d'éducation, de charité, de récollection, ou d'autres du même genre, conserveront ou institueront la clôture pontificale dont il est question aux canons 600-602 du Code et qu'on appellera majeure.

Pour ces monastères qui, soit par leur règle, soit en vertu des légitimes décisions du Saint-Siège, unissent à la vie contemplative, dans les locaux mêmes du monastère, l'exercice de certains ministères qui s'harmonisent avec elle, la clôture pontificale, tout en gardant ce qui lui est nécessaire et essentiel, est tempérée pour les choses qui ne peuvent que difficilement et à peine être observées? Pour les autres choses qui ne semblent pas tellement indispensables pour la clôture pontificale du Code (can. 599, 604, § 2), elle est convenablement complétée. Cette clôture pontificale, tempérée et ajustée aux nécessités actuelles, pour la distinguer de l'ancienne, plus sévère, sera appelée mineure; elle pourra être accordée même aux monastères qui, tout en pratiquant la vie uniquement contemplative, n'ont pas cependant les voeux solennels ou manquent de certaines conditions qui sont requises avec raison par la jurisprudence ou le style usité de la Curie pour la clôture pontificale majeure. Une définition précise de tous ces éléments de la clôture pontificale mineure sera donnée ci-dessous dans les statuts généraux et dans les instructions que la Sacrée Congrégation des Religieux fournira en vertu de Notre autorité et en Notre nom.

A l'égard de l'autonomie des monastères de Moniales ou de leur liberté mutuelle, Nous jugeons utile de redire ici et d'appliquer aux Moniales ce que Nous avons dit à dessein au sujet des Moines, dans l'Homélie prononcée le 18 septembre 1947, dans la basilique patriarcale de St-Paul-hors-les-Murs, au terme du XIV centenaire de la mort de saint Benoît de Nursie(34). Les circonstances ayant changé, beaucoup de choses conseillent et même souvent demandent une association des monastères de Moniales, afin de faciliter et d'adapter la distribution des charges, la translation temporaire, utile et souvent nécessaire des religieuses d'un monastère à un autre pour différentes causes, l'aide économique, la coordination des travaux, la protection de la commune observance, et d'autres choses du même genre. Tout cela peut se faire et être obtenu sans dérogation à l'autonomie nécessaire, ni sans dommage quelconque pour la sévérité de la clôture, ni pour le recueillement, ni pour la discipline rigoureuse de la vie monastique. Nous en avons des preuves certaines et sérieuses dans la riche expérience des Congrégations monastiques d'hommes autant que dans les nombreux exemples d'union et de fédérations entre les Moniales qui ont été déjà approuvées. D'ailleurs, l'érection des fédérations et l'approbation des statuts qui doivent les régir demeureront réservées au Saint-Siège.

Pour le travail manuel ou intellectuel, tous ceux, hommes ou femmes sans exception, qui se livrent à la vie contemplative, y sont obligés non seulement par la loi naturelle(35), mais encore par un devoir de pénitence et de satisfaction(36). Le travail, en outre, est généralement le moyen par lequel l'âme est gardée des dangers et s'élève vers les hauteurs; par lequel, comme il le faut, nous apportons notre collaboration à la divine Providence, tant dans l'ordre naturel que dans l'ordre qui surpasse la nature; par quoi on exerce les oeuvres de charité. Le travail, enfin, est la règle et la loi principale de la vie religieuse, même depuis ses origines, comme il est dit: “Prie et travaille”. Certainement, la discipline de la vie religieuse a reposé toujours en grande partie sur le précepte du travail, son organisation et son accomplissement(37).

Le travail des Moniales, vu sous l'angle de l'éternité, doit être tel que d'abord celle qui l'entreprend le fasse dans une sainte intention, en pensant souvent à la présence de Dieu; qu'elle l'accepte par obéissance et qu'elle y joigne volontairement sa mortification personnelle. Le travail ainsi accompli sera un exercice constant de toutes les vertus et un gage de la suave et efficace union de la vie contemplative avec la vie active, à l'exemple de la famille de Nazareth(38).

Si l'on juge le travail monastique, par rapport à sa nature ou à sa discipline, d'après les Règles, les Constitutions et les coutumes traditionnelles de chaque Ordre, il doit être proportionné avec les forces des Moniales et même ainsi organisé et accompli que, suivant le temps et les circonstances, il puisse fournir aux Moniales l'entretien nécessaire et se montrer utile à l'Eglise, à la société humaine et aux pauvres(39).

La perfection de la vie chrétienne reposant spécialement sur la charité(40), et la charité, par laquelle nous devons aimer uniquement le Seigneur par-dessus toutes choses et tous les autres en lui-même, étant vraiment une et la même, notre Mère l'Eglise exige de toutes les Moniales qui professent canoniquement la vie contemplative, en même temps que l'amour parfait de Dieu, la charité parfaite envers le prochain; et en vertu de cette charité et de leur état, les religieux et les religieuses doivent se sentir tout dévoués à l'Eglise et aux nécessités de tous les pauvres.

Par conséquent, toutes les Moniales doivent bien savoir que leur vocation est pleinement et complètement apostolique(41), sans limites de lieux, de temps ou de choses, qu'elle s'étend partout et toujours à tout ce qui regarde, d'une façon ou d'une autre, l'honneur de leur Epoux ou le salut des âmes. Cette vocation universellement apostolique des Moniales n'empêche aucunement les monastères de recommander à Dieu par leur prières les besoins de toute l'Eglise, des groupes et de chacun des hommes.

L'apostolat général de toutes les Moniales, par lequel elles doivent être jalouses de l'honneur de leur Epoux divin(42), et promouvoir le bien de toute l'Eglise et de tous les fidèles, utilise principalement ces trois moyens:

 

1. L'exemple de la perfection chrétienne par leur vie qui, même sans paroles, entraîne les fidèles profondément et constamment vers le Christ et vers la perfection chrétienne et, comme un étendard, encourage et attire les bons soldats du Christ(43) au bon combat et à la victoire(44).

2. La prière, en l'offrant à Dieu, soit publiquement au nom de l'Eglise solennellement sept fois par jour aux heures canoniques, soit en privé sous toutes les formes avec persévérance.

3. Le zèle pour se dévouer, en ajoutant aux mortifications qui naissent de la vie commune et de la fidèle observance de la règle, d'autres exercices d'abnégation personnelle prescrits par la Règle ou embrassés tout à fait volontairement afin de compléter ainsi généreusement “ce qui manque aux souffrances du Christ Jésus, pour son corps qui est l'Église”(45).

 

Aprés avoir rappelé les faits historiques de l'Institution des Moniales et décrit avec soin dans quelles limites elle peut s'ajuster aux nécessités actuelles de la vie, Nous pensons maintenant à donner des règles générales selon lesquelles cette accomodation doit se réaliser. La Sacrée Congrégation des Religieux appliquera la Constitution et les statuts généraux en ce qui concerne les fédérations de monastères déjà faites ou qui sont à faire et pour chaque monastère. En vertu de Notre autorité, elle pourra, par le moyen d'instructions, déclarations, réponses et autres documents du même genre, achever tout ce qui se rapporte à l'application exacte et efficace de la Constitution et à l'obéissance prompte et fidèle aux statuts généraux.

 

 

STATUS GENERAUX DES MONIALES

Art. I

§ 1. Sous le nom de Moniales, dans cette Constitution, conformément au Droit (c. 488, 7), sont comprises, outre les religieuses à voeux solennels, également celles qui ont fait les voeux simples, perpétuels ou temporaires, dans des monastères où les voeux solennels sont prononcés actuellement ou devraient l'être en vertu de la fondation; à moins que le contexte ou la nature de la chose n'établisse clairement le contraire.

§ 2. Ne s'opposent nullement à l'appellation légitime de Moniales (c. 488, 7) et à l'application de la législation des Moniales: 1° la profession simple émise légitimement dans les monastères (§ 1); 2° la clôture pontificale mineure prescrite aux monastères ou régulièrement concédée; 3° l'exercice des oeuvres d'apostolat qui est joint à la vie contemplative, soit d'après les Constitutions approuvées et confirmées par le Saint-Siège pour certains Ordres, soit par une prescription légitime du Saint-Siège ou en vertu d'une concession faite à plusieurs monastères.

§ 3. Cette Constitution apostolique ne concerne pas, au point de vue juridique: 1° Les Congrégations religieuses (c. 488, 2) et les Soeurs qui en font partie (c. 488, 7) et d'après leur Institution ne prononcent que des voeux simples; 2° les sociétés de femmes qui vivent en commun à la façon des religieuses et leurs membres (c. 673).

 

Art. II

§ 1. La forme spéciale de vie religieuse monastique que les Moniales doivent fidèlement mener sous une discipline régulière rigoureuse et à laquelle l'Eglise les destine, c'est la vie contemplative canonique.

§ 2. Sous le nom de vie contemplative canonique, on entend non pas cette vie intérieure et théologale à laquelle toutes les âmes vivant dans les Instituts religieux et même dans le monde sont appelées et que chacune peut mener partout en elle-même, mais une profession extérieure de discipline religieuse qui, soit par la clôture, soit par les exercices de piété, d'oraison et de mortification, soit enfin par les travaux auxquels les Moniales doivent vaquer, est ordonnée à la contemplation intérieure de telle sorte que toute la vie et toute l'activité puissent facilement et doivent efficacement être pénétrées de sa recherche.

§ 3. Si la vie contemplative canonique sous la discipline régulière rigoureuse ne peut être habituellement observée, le caractère monastique ne peut être ni concédé, ni conservé au cas où on le possède déjà.

 

Art. III

§ 1. Les voeux religieux solennels, prononcés par toutes les religieuses du monastère ou du moins par une catégorie d'entre elles, constituent la note principale grâce à laquelle les monastères de femmes sont juridiquement comptés non parmi les Congrégations religieuses, mais parmi les Ordres réguliers (c. 488, 2). Dans ces monastères, toutes les religieuses professes sont, dans le Droit, conformément au canon 490, comprises sous la dénomination de Régulières, et leur nom propre n'est pas celui de Soeurs, mais de Moniales (c. 488, 7).

§ 2. Tous les monastères dans lesquels on ne prononce que des voeux simples pourront demander la reprise des voeux solennels. Bien plus, à moins qu'il n'y ait de très graves motifs qui s'y opposent, ils auront soin de reprendre de nouveau ces voeux solennels.

§ 3. Les formules anciennes solennelles de consécration des vierges qui se trouvent dans le pontifical romain sont réservées aux Moniales.

 

Art. IV

§ 1. La clôture plus rigoureuse, dite pontificale, des Moniales, en lui conservant toujours et pour tous les monastères les caractéristiques qui lui sont comme naturelles, comprendra à l'avenir deux espèces: la clôture majeure et la clôture mineure.

§ 2. - 1. La clôture pontificale majeure, c'est-à-dire celle qui est décrite dans le Code (canons 600-602), Nous la confirmons pleinement par Notre présente Constitution apostolique. La Sacrée Congrégation des Religieux, agissant en vertu de Notre autorité, indiquera les raisons pour lesquelles la dispense de la clôture majeure peut être accordée, afin que, sauvegardant la nature de la clôture, on puisse cependant l'adapter plus convenablement à la situation de notre temps.

2. La clôture pontificale majeure, le paragraphe 3, N. 3 étant respecté, doit être, selon la règle, en vigueur dans tous les monastères qui mènent exclusivement la vie contemplative.

§ 3. - 1. La clôture pontificale mineure retiendra de l'ancienne clôture des Moniales et protégera par ses sanctions tout ce qui est expressément défini comme nécessaire dans les instructions du Saint-Siège en vue de conserver et de protéger la forme naturelle de cette clôture.

2. A cette clôture papale mineure sont soumis les monastères de Moniales à voeux solennels qui, soit d'après leur Institution, soit en vertu d'une concession légitime, s'emploient à des occupations mettant en contact avec des personnes étrangères, de telle façon que plusieurs religieuses et une notable partie de la maison s'adonnent habituellement à ces travaux ou fonctions.

3. Pareillement, tous et chacun des monastères où, tout en se livrant uniquement à la contemplation, on ne prononce que des voeux simples, doivent être au moins soumis aux prescriptions de cette clôture.

§ 4. - 1. Il faut regarder la clôture pontificale majeure ou mineure comme une conditions nécessaire, non seulement pour qu'on puisse émettre des voeux solennels (§ 2), mais aussi pour que les monastères dans lesquels on émet des voeux simples (§ 3) puissent être considérés à l'avenir comme de vrais monastères de Moniales conformément au canon 488, 7.

2. Si les règles de la clôture pontificale, au moins de la clôture mineure, ne peuvent être ordinairement observées, on doit supprimer les voeux solennels si on les a dans ce monastère.

§ 5. - 1. La clôture pontificale mineure, surtout en ce qui regarde les notes caractéristiques qui la distinguent de la clôture des Congrégations ou des Ordres masculins, doit être observée dans les lieux où les Moniales ne prononcent pas de voeux solennels.

2. Si dans un monastère on se rend compte d'une façon certaine que la clôture au moins mineure ne peut pas être habituellement observée, ce monastère devra être transformé en une maison religieuse de Congrégation ou de Société.

 

Art. V

§ 1. Parmi les femmes consacrées à Dieu, l'Eglise ne délègue, pour adresser à Dieu, en son nom, soit au choeur (c. 610, § 1), soit en particulier (c. 610, § 3), la prière publique, que les seules Moniales. Elle les oblige, par une obligation grave, en vertu de la règle, conformément à leurs Constitutions, à s'acquitter chaque jour de cette prière par la récitation des heures canonialse.

§ 2. Tous les monastères de Moniales et chacune des Moniales professes de voeux solennels ou de voeux simples partout sont ténus de réciter l'Office divin au choeur, conformément au canon 610, § 1, et à leurs Constitutions.

§ 3. D'après le canon 610, § 3, les Moniales, non professes de voeux solennels, qui ont été absentes du choeur, ne sont pas tenues strictement, à moins d'une prescription expresse de leurs Constitutions (c. 578, 2), à la récitation privée des heures canoniales: cependant, comme Nous l'avons dit ci-dessus (art. 4), non seulement la pensée de l'Eglise est que l'on reprenne partout chez les Moniales les voeux solennels, mais encore, si provisoirement cette reprise ne peut se réaliser, que les Moniales professes à voeux simples perpétuels à la place des voeux solennels s'acquittent fidèlement de la tâche de la récitation de l'office divin.

§ 4. Dans tous les monastères, la messe conventuelle correspondant à l'office du jour doit être, conformément aux rubriques, célébrée autant que faire se peut (c. 610, § 2).

 

Art. VI

§ 1. - 1. Les monastères de Moniales, à la différence des autres maisons religieuses de femmes, sont, en vertu du Code et selon ses dispositions, sui juris (c. 488, 8).

2. Les supérieures de chaque monastère de Moniales sont de droit Supérieures majeures et possèdent tous les pouvoirs qui appartiennent aux Supérieurs majeurs (c. 488, 8), à moins que, de par le contexte ou la nature des choses, certains de ces pouvoirs ne concernent que les hommes (c. 490).

§ 2. - 1. L'étendue ou le champ de cette condition sui juris ou, comme on l'appelle d'autonomie des monastères de Moniales, est fixée par le droit commun et par le droit particulier.

2. La tutelle juridique que le droit accorde soit aux Ordinaires des lieux, soit aux Supérieurs réguliers sur chaque monastère, ne subit aucune dérogation ni du fait de cette Constitution, ni du fait des Fédérations de monastères permises par la Constitution (art. 7) et introduites par son autorité.

3. Les rapports juridiques de chaque monastère avec les Ordinaires des lieux ou les Supérieurs réguliers continueront à être réglés par les dispositions du droit commun et du droit particulier.

§ 3. Par cette Constitution, il n'est nullement indiqué si chaque monastère est sous la dépendance de l'Ordinaire du lieu, ou bien si, dans les limites du Droit, il est exempt de cette dépendance et soumis à un Supérieur régulier.

 

Art. VII

§ 1. Les monastères de Moniales non seulement sont sui juris ou autonomes (c. 488, 8), mais aussi juridiquement distincts et indépendants les uns des autres; ils ne sont unis et rattachés entre eux que par des liens spirituels et moraux, même s'ils sont soumis de par le Droit au même premier Ordre ou Religion.

§ 2. - 1. Cette indépendance mutuelle des monastères, plutôt admise en fait qu'imposée par le Droit n'est nullement contredite par la constitution des Fédérations de monastères. On ne doit pas considérer ces dernières comme interdites par le Droit ou comme moins harmonisées de quelque façon à la nature et aux fins de la vie religieuse des Moniales.

2. Aucune règle générale ne prescrit d'établir des Fédérations de monastères. Cependant, ces Fédérations sont très recommandées par le Siège apostolique tant pour prévenir les maux et les inconvénients que la séparation complète peut causer que pour favoriser l'observance régulière et la vie contemplative.

§ 3. L'établisement de n'importe quelle forme de Fédération ou de Confédération des monastères de Moniales est réservé au Saint-Siège.

§ 4. Toute Fédération ou Confédération de monastères doit nécessairement être organisée et régie par ses lois propres, approuvées par le Saint-Siège.

§ 5. - 1. En sauvegardant les paragraphes 2 et 3 de l'article 6 et l'idée principale d'autonomie ci-dessus définie (§ 1), rien n'empêche que, dans l'organisation des Fédérations de monastères, à l'exemple de plusieurs Congrégations monastiques et d'Ordres, soit de chanoines, soit de moines, on apporte à cette autonomie d'équitables conditions et adoucissements qui paraissent nécessaires ou plus utiles.

2. Cependant, les formes de Fédérations qui paraissent contraires à cette autonomie dont Nous avons parlé au premier paragraphe de cet article et qui ressembleraient à un genre de gouvernement central, sont spécialement réservées au Saint-Siège et ne peuvent être établies sans une permission expresse de sa part.

§ 6. Les Fédérations de monastères, en raison de leur origine et de l'autorité dont elles dépendent directement et par qui elles sont gouvernées, sont de droit pontifical selon les règles du droit canonique.

§ 7. Le Saint-Siège pourra exercer sur la Fédération sa surveillance immédiate et son autorité, comme le cas le comporte, par un assistant religieux dont la fonction sera non seulement de représenter le Saint-Siège, mais aussi de favoriser la conservation du véritable esprit particulier à l'Ordre et d'aider les Supérieures par son activité et son conseil à gouverner la Fédération dans la justice et la prudence.

§ 8. - 1. Les statuts de la Fédération doivent s'harmoniser non seulement avec les règles qui seront établies, en vertu de Notre autorité, par la Sacrée Congrégation des Religieux, mais encore avec la nature, les lois, l'esprit, les traditions ascétiques, disciplinaires, juridiques et apostoliques de chaque Ordre.

2. Le but principal des Fédérations de monastères est de se prêter mutuellement une aide fraternelle, non seulement pour entretenir ainsi l'esprit religieux et la discipline monastique régulière, mais aussi pour favoriser la situation économique.

3. En cas de besoin, on donnera, en approuvant les Statuts, des normes particulières pour réglementer la faculté et l'obligation morale de demander et de se prêter mutuellement les Moniales qui seraient jugées nécessaires, soit pour le gouvernement des monastères, soit pour la formation des novices dans un noviciat commun à établir pour tous les monastères ou pour plusieurs d'entre eux, soit enfin pour pourvoir aux autres besoins matériels ou moraux des monastères ou des Moniales.

 

Art. VIII

§ 1. Le travail monastique auquel les Moniales de vie contemplative doivent aussi s'adonner doit être autant que possible conforme à la Règle, aux Constitutions, aux traditions de chaque Ordre.

§ 2. Ce travail doit être organisé de telle sorte que, s'ajoutant aux autres sources de revenus approuvés par l'Église (cc. 547-551, 582) et aux secours fournis par la Providence, il assure aux Moniales une subsistance certaine et convenable.

§ 3. - 1. Les Ordinaires des lieux, les Supérieurs réguliers et les Supérieures des monastères et des Fédérations sont tenus d'apporter tout leur soin et leur attention pour que le travail indissable, convenable et rémunérateur ne manque jamais aux Moniales.

2. Les Moniales sont, de leur côté, tenues par obligation de conscience, non seulement à gagner honnêtement, à la sueur de leur front, le pain dont elles vivent, selon le conseil de l'Apôtre (II Thess. III, 10), mais encore à se rendre, comme les temps l'exigent, de jour en jour plus aptes ou plus habiles pour les divers travaux.

 

Art. IX

Pour que toutes les Moniales soient fidèles à leur divine vocation à l'apostolat, elles ne se contenteront pas seulement d'employer les moyens généraux de l'apostolat monastique, mais elles veilleront en outre à observer ce qui suit:

§ 1. Les Moniales qui ont des oeuvres d'apostolat bien définies dans leurs Constitutions particulières ou par des prescriptions de la Règle sont tenues de s'y adonner et de s'y consacrer fidèlement, conformément à leurs Constitutions ou statuts et à ces prescriptions.

§ 2. Les Moniales qui professent la vie exclusivement contemplative (nn. 19, 22, 2):

1. Si, dans leurs propres traditions, elles admettent ou ont admis une forme spéciale d'apostolat extérieur, tout en sauvegardant toujours leur vie contemplative, qu'elles conservent fidèlement, après l'avoir adaptée aux besoins actuels, cette forme spéciale d'apostolat; si elles l'ont abandonnée, qu'elles veillent à la reprendre avec soin. S'il y a quelque doute qui demeure au sujet de l'adaptation, il faut consulter le Saint-Siège.

2. Par contre, dans le cas où la vie purement contemplative n'a jamais été jusqu'ici, ni d'après les Constitutions approuvées, ni d'après les traditions, unie d'une façon fidèle et constante à l'apostolat extérieur, alors ce ne sera que dans les cas de nécessité et pour un temps limité que ces Moniales pourront ou devront du moins par charité s'occuper de ces formes surtout particulières ou personnelles d'apostolat qui paraissent compatibles, selon les règles à fixer par le Saint-Siège, avec la vie contemplative, comme elle est pratiquée dans l'Ordre.

 

Tous les décrets contenus dans ces lettres, Nous voulons et ordonnons qu'ils soient stables, fixes, valables, nonobstant toutes clauses contraires, même dignes d'une mention très spéciale.

A toutes les copies ou à tous les extraits, même imprimés, signés cependant de la main d'un notaire public et munis du sceau d'un dignitaire ecclésiastique, Nous voulons qu'on accorde la même créance qu'on donnerait aux présentes si elles étaient présentées ou montrées.

Qu'il ne soit donc permis à personne d'enfreindre cette page de Notre déclaration et décision ou, par un téméraire audace, d'y contredire. Si quelqu'un avait la présomption d'y attenter, qu'il sache qu'il encourrait l'indignation du Dieu tout-puissant et de ses bienheureux apôtres Pierre et Paul.

Donné à Rome, près St-Pierre, le 21 novembre, consacré à la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie, l'année jubilaire 1950, la douzième de Notre Pontificat.

 

PIE XII, PAPE

 

 

(1) Eph. 5, 25-27; Apoc. 21, 2-9; 22, 17; Hermas, Vis. 4, c. 2 (FPA, 1, 460); S. Methodius, Convivium, orat. 3, (Thaliae), c. 8 (PG 18, 72-75); et orat. 7, 7 (PG, 18, 133); S. Ambrosius, De virginitate, 1, 6, n. 31 (PL, 16, 208); Exhortatio virginis, c. 10, n. 67 (PL, 16, 372).

(2) S. Ignatius, Epist. ad Polycarp. 5 (FPA, 1, p. 276); ad Smyrn., 12 (FPA, 1, p. 287); Iustinus, Apologia I pro christianis, 15 (PG, S, 349); Ciprianus, De habitu virginum, 3 (PL, 4, 455), 22 (PL, 4, 462); S. Clemens, De Virginitate, II, III (FPA, 1, 1-5); S. Athanasius, De virginitate, 24 (PG, 28, 279); S. Basilius, Liber de virginitate (PG, 30, 670); S. Ambrosius, De Virginibus (PL, 16, 198 sq.); De virginitate, 5 (PL, 16, 286); De institut. virg., 17, 104 (PL, 16, 345); S. Hieronymus, Epist. 22, 2 (PL, 22, 395); 22 (PL, 22, 409); S. Augustinus, Epist. 188, 1 (PL, 33, 848); De Sancta virginitate (PL, 40, 397), praesertim 27 (PL, 40, 410); S. Ioannes Chrysostomus, De Virginitate, 11 (PG, 48, 540), 34 (PG, 48, 556); S. Leander, Regula, Introduct. (PL, 72, 876, B); Constitutiones Apostolicae, 2, c. 57 (PG, 1, 731-734).

(3) S. Ciprianus, De habitu virginum, 3 (PL, 4, 455).

(4) 1 Cor. 7, 32-35; S. Thomas, 2-2, q. 186, a. 4.

(5) .1 Cor. 7, 32-35; S. Augustinus, De Sancta virginitate, 22 (PL, 40, 407).

(6) S. Ciprianus, De habitu virginis, 4 (PL, 4, 455); S. Methodius, Convivium, orat. 5 (Talusa), 1, 4, (PG, 18, 97. 101); S. Clements, De virginitate, 1 (FPA, 2 p. 1); S. Augustinus, De sancta virginitate, 8 (PL, 40, 400), 29 (PL, 40, 412).

(7) 2 Cor. 11, 2; Tertullianus, De oratione, c. 22 (PL, 1, 1296); De virginibus velandis, c. 16 (PL, 2, 960); De resurrectione carnis, c. 61 (PL, 2, 932); De exhortatione castitatis, c. 13 (PL, 2, 978); S. Ciprianus, De habitu virginum, 22 (PL, 4, 464); S. Methodius, Convivium, orat. 7 (Procilae), cc. 2-4 (PG, 18, 127, 128); S. Athanasius, Apologia ad Costantium Imp., n. 33 (PG, 25, 640); De virginitate, c. 2 (PG, 28, 254); S. Basilius, Epist. 199, c. 18 (PG, 32, 718); S. Ambrosius, De virginitate, 12 (PL, 16, 286); De virginibus, 1, 7, n. 36 (PL, 16, 209); 1, 11, nn. 65, 66 (PL, 16, 218); S. Hieronymus, Epist. 22, nn. 2, 25 (PL, 22, 89, 108); S. Augustinus, Epist. 188, 1 (PL, 33, 848); In Ioannis Evang. tr. 9, n. 2 (PL, 25, 1459); S. Thomas , In IV Sebt., d. 38, q. 1, a. 5.

(8) S. Ciprianus, De habitu virginum, 4 (PL, 4, 455); S. Clemens, De virginitate, cc. 2, 3 (FPA, 2, p. 2).

(9) Origenes, In Rom. 9, 1 (PG, 14, 1205); S. Methodius, Convivium, orat. 2 (Aretes), c. 1 (PG, 18, 505); orat. 8, (Theclae), c. 17 (PG, 18, 173); S. Clemens, De virginitate, 21 (PG, 28, 275); S. Ambrosius, De virginibus, 1, 10 (PL, 16, 216); Exhortatio virginitatis, 12, n. 80 (PL, 16, 375); S. Hieronymis, Epist. 130, 14 (PL, 22, 1118); S. Augustinus, Epist. 98, 6 (PL, 33, 362).

(10) S. Ignatius, Ad Smyrn. 13 (FPA, 1, 287); Tertullianus, De virginibus velandis, 14 (PL, 2, 957); Origenes, In num. Homilia II, 1 (PG, 12, 591); S. Cyprianus, De habitu virginum, 3 (PL, 4, 455); S. Methodius, Convivium, orat. 1 (Marcel.), c. 1 (PG, 18, 35); S. Clemens, De virginitate, 1 (FPA, 2, p. 1); Constitutiones Apostolicae, 2, c. 57 (PG, 1, 731-734); S. Gregorius Nyssenus, De vita S. Macrinae (PG, 46, 988); S. Ioannes Chrysostomus, 1 Tim. 5, 9 (PG, 51, 323).

(11) Tertullianus, De oratione, c. 22 (PL, 1, 1294); De virginibus velandis, c. 11 (PL, 2, 954); c. 13 (PL, 2, 956); c. 14 (PL, 2, 957); c. 15 (PL, 2, 959); S. Clemens Alexandrinus, Stromatum, 3, 1 (PG, 8, 1103); 25 (PG, 8, 1197); Origenes, In Levit. hom. 3, n. 4 (PG, 12, 428); In num. hom. 23, n. 3 (PG, 12, 748); In Epist. ad Rom. 9, 37 (PG, 14, 1237); S. Cyprianus, De habitu virginis, 4 (PL, 4, 455); S. Ambrosius, De institutione virg., c. 17 (PL, 16, 345); S. Nicetas, De lapsu virginis, c. 5 (PL, 16, 388); Conc. Illiberit. (a. 395), c. 13 (Mansi, 2, 8).

(12) Pontificale romanum, “De Benedictione et Consecratione virginum”; S. Ambrosius, De instit. Virg., c. 17 (PL, 16, 345); De virginibus 3, c. 1 (PL, 16, 231); S. Nicetas, De lapsu virginis, 5 (PL, 16, 387); S. Hieronymus, Epist. 130, n. 2 (PL , 22, 1108); Sacramentarium Leonianum, “30 ad virgines sacras” (PL, 55, 129).

(13) Tertullianus, De virginibus velandis, cc. 14, 15 (PL, 2, 957, 959); S. Basilius, Epist. 199, c. 18 (PG, 32, 717); Innocentius I, Epist. 2 ad S. Victricium, c. 13 (PL, 20, 478 s.); S. Gelasius I, Epist. 14, c. 20 (A. Thiel, Epist. RR. Pontificum, Brunsbergae, 1868, p. 373); Codex Theodosianus, 9, 25, 2; S. Ambrosius, De virginitate, c. 5, n. 26 (PL, 16, 286); De institut. virg., c. 17, 114 (PL, 16, 348).

(14) S. Polycarpus, Epist. 5, 3 (FPA, 1, 303); Tertullianus, De Virginibus velandis (PL, 2, 935); S. Cyprianus, De habitu virginum (PL, 4, 451 ss.); S. Methodius, Convivium, orat. 1 (Marcel.) 1 (PG, 18, 35); S. Athanasius, De virginitate, 3 ss (PG, 28, 253 ss.); S. Basilius, Epist. 173 (PG, 32, 648); Costitutiones Apostolicae, 8, c. 24 (PG, 1, 1122); S. Ambrosius, De virginibus, 2, 2 (PL, 16, 220); 3, 1-4 (PL, 16, 364); S. Augustinus, De sancta virginitate, 31 ss. (PL, 40, 412 ss.).

(15) S. Ciprianus, De habitu virginum, 22 (PL, 4, 474); S. Ambrosius, De virginibus, 1, cc, 4, 5 (PL, 16, 203-205), c. 10 (PL, 16, 215); S. Augustinus, De moribus Ecclesiae catholicae, 1, c. 31, 68, c. 33, 70 (PL, 32, 1339 ss.).

(16) S. Augustinus, Epist. 211, c. 5, 6 (PL, 33, 960), 15 (PL, 33, 964); S. Caesarius, Regula ad virgines, cc. 4, 19 (PL, 67; 1107, 1110); c. 11, 16 (PL, 67, 1109); S. Leander, Regula, 18 (PL, 72, 890); cuiusdam Patris, Regula ad virgines, c. 17 (PL, 88, 1066).

(17) S. Basilius, Regulae fus., n. 35, Regulae brev., 108-110 (PG, 31, 1004, 1156), Epist. 55 (PG, 32, 402); S. Ambrosius, De virginibus, 1, c. 10, n. 59 (PL, 16, 215), In Luc. 2, nn. 8, 20, 21 (PL, 15, 1635, 1640); S. Epiphanius, Adv. haereses, 3, 67 (PG, 42, 174); Exposit. fid. cath., 21 (PG, 42, 822); S. Hieronymus, Epist. 22, 17 (PL, 22, 404), 24, 3 (id. 427), 66, 13 (id. 646),

108, 19 (id. 955), 130, 19 (id. 1122); S. Augustinus, De moribus Eccl. cath., 1 c., 31, 68, c. 33, 70 (PL, 32, 1339 ss.); Aeteriae peregrinatio, 23, 2, 3 (W. Heraeus, Heidelberg, 1908, p. 27).

(18) Conc. Carth. III (a. 397), c. 33 (Mansi, 3, 885), Conc. Aurelian. V (a. 549), c. 19 (Mansi, 9, 133); Venantius Fortunatus, Vita S. Radegundis, c. 12 (PL, 88, 502); Conc. Paris. V (a. 614), c. 12-13 (Mansi, 10, 542); c. 13, C. 27, q. 1; Conc Aquisgr. (a. 789), c. 39 (Mansi, 17 bis, 227); Conc. Moguntin. (a. 888), c. 26 (Mansi, 18, 71); Conc. Lat. II (a. 1139), c. 26 (Mansi, 21, 5321, c. 25 C. 28, q. 2).

(19) Luc. 10, 24.

(20) S. Caesarius, Regula ad virgines, 1 (PL, 67, 1107), 23, 24, 25 (PL, 67, 1114); Conc. Lat. II (a. 1139),

c. 26 (Mansi, 21, 532), c. 25 C. 28, q. 2; Bonifacius VIII, De statu regularium, c. un. 3, 16 in 6; Conc. Trid. Sess. 25, “De regularibus et monialibus”, C. 5; Pius V, Circa Pastoralis, 29 maii 1566, § 1 (Gasparri, Fontes I. C., 1, n. 112); Decori, 1 Febr. 1570 (Gasparri, Fontes I. C., 1, n. 133); Benedictus XIV, Salutare, 3 ian. 1742 (Bull. Ben. XIV, 1. p. 106).

(21) C. 25, C. 28, q. 2; c. 8, De statu monachorum et canonicorum regularium, X, 3, 35; c. 2, De statu monachorum et canonicorum regularium, 3, 10 in Clem.; Conc. Trid. Sess. 25, De regularibus et monialibus; Clemens VIII, C. Religiosae Congregationes, 19 iun. 1594 (Bull. Rom., ed. Taurin, 10, 146); nullus omnino, 25 iul. 1599 (Fontes I. C., 1, n. 187); C. Cum ad regularem, 19 mart. 1603 (Fontes I. C., 1, 189); Gregorius XV, Inscrutabili, 5 febr. 1622 (Bull. Rom., ed. Taurin, 12, 690); Innocentius XI, Litt. Encycl., 9 oct. 1682 (Bizzarri, Collectanea, 2, p. 416); C. Cum ad aures (Ferraris, Biblioth., v. Eucharistia); Benedictus XIV, C. Pastoralis cura (Bull. Ben. XIV, 2, 471).

(22) Pontificale Romanum, “De benedictione et consecratione virginum”; cfr. not. 17.

(23) Math. 25, 20.

(24) Honorius IV, C. Ascendit fumus. 24 sept. 1285 (Bull. Rom., ed. Taurin., 4, p. 83); Conc. Trid. Sess. 25, “De regularibus et monialibus”, c. 1; Pius IV, Motu prop. De statu, 5 apr. 1560 (Bull. Rom., ed. Taurin., 7, 21); Pius V, C. Decori, 1 febr. 1570 (Bull. Rom., ed. Taurin., 7, 21); Pius VI, Litt. Quod aliquantulum, 1 mart. 1791), Coll. Brevium atque Instructionum SS. DD. N. Pii P. VI, 1800, p. 1, pag. 47; Conc. Vat. Schema. Constit Ecclesiae, c. 15 (Coll. Lacensis, 7, appendix, 575); Leo XIII, Litt. Testem benevolentiae, 22 ian. 1899 (Acta Leonis XIII, 19, 5); Litt. ad Archiep. Paris., 23 dec. 1900.

(25) C. 4 De religiosis dominis ut Epo. sint subiectae, 3. 36; c. un. De religiosis... 3, 11 in Clem.; c. un. De religiosis... 3, 9 in Extravag. Comm.

(26) S. C. Ep. et Reg. Bergom. 14 mart. 1841, ad 16, § 3 (Lucidi, De visitatione sacrorum liminum, II, n. 463); Gerunden. 9 maii 1860, and 2 (Bizzarri, Collectanea, 2, pag. 78, VI); Albien. 23 iun. 1860, ad 14 (Bizzarri, p. 786, X); 16 sept. 1864 (Bizzarri, p. 744 ss.); Rilievi circa gli Statuti della Congr. dei Fratelli della S. Famiglia, art. I, et 13 (Bizzarri, pp. 800, 803); Normae secundum quas S. C. Ep. et Reg. procedere solet in approbandis novis institutis votorum simplicium, 28 iun. 1901. art. 32.

(27) S. C. Ep. et Reg. decr. Ecclesia Catholica, 11 aug. 1889 (ASS., 23, 634).

(28) Leo XIII, C. Conditae a Christo, 8 dec. 1900 (Acta Leonis XIII, 22, pp. 317-327); Normae secundum quas S. C. Ep. et Reg. procedere solet in approbandis novis institutis votorum simplicium, 28 iun. 1901.

(29) Paulus V, C. Inter universas, 13 iun. 1612 (Règle et Constitutions de l'Union Romaine de l'Ordre de Sainte Ursule, 1936, p. 231-239); C. Debitum Pastoralis, 24 mart. 1614 (1. c. p. 240-246); Salvatoris et Domini, 3 oct. 1616 (l. c., p. 246-250); Urbanus VII, Alias felicis, 6 nov. 1626 (l. c., p. 273); Paulus V, Sacri Apostolatus, 23 apr. 1618 (Oeuvres de Saint-François de Sales, 1912, 18, p. 423); Paulus V, Salvatoris et Domini, 7 apr. 1607 (Instituto de la Compania de Nuestra Senora, t. I, Constituciones Pontificas y Reglas aprobadas, Manresa, 1899, p. 7-14); Innocentius X, Exponi nobis, 28 sept 1645 (Bull. Rom., Ed. Taurin. 15, p. 403); Benedictus XIV, In supremo, 26 sept. 1741 (Règle de Saint Augustin et Constitutions pour les Religieuses de la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur d'Angers, 1836, p. 39-41).

(30) Formulae S. C. de Religiosis, n. 91.

(31) Pius VII, Breve ad ep. Tornac. 24 iun. 1810 (Bizzarri, Collectanea 2, p. 738); Sacra Poenit., 22 ian. 1881 (Bizzarri, l, c., p. 445); S. C. De Relig., 22

maii 1919 (AAS, 11, 1919, p. 240); S. C. De Relig., 23 jun. 1923 (AAS., 15, 1923, p. 357); S. C. de Relig., 6 febr. 1924 (AAS., 16, 1924, p. 96-101).

(32) Hugo de Folieto, De claustro animae (PL, 176, 1017)

(33) Innocentius IV, ad Moniales S. Dominici de Im., 11 maii 1252 (Bull. Ord. Praed. I, 1, p. 206).

(34) AAS., 39, 1947; pp. 454-455.

(35) Gen. 2, 15; 3, 19; Iob. 5, 7; Thes. 3, 10.

(36) Gen. 3, 19.

(37) AAS., 1. c., p. 453.

(38) Matth. 13, 15; Marc. 6, 3.

(39) Eph. 4, 28.

(40) Ioan. 4, 16; Col. 3, 16; S. Thomas 2, 2, q. 184, a. 1.

(41) Pius X, Epist. ad Praepositum Gen. et universum Ordinem Fratrum Carmelitarum Excalceatorum, tertio pleno saeculo ab honoribus caelitum S. Theresiae tributis, (AAS., 15, 1914, p. 139, 142); Pius XI, Const. Apost. Umbratilem (AAS., 16, 1924, p. 385-386-389); Pius XII, Litt. Enc. Mystici Corporis (AAS., 35, 1943, p. 241, 245).

(42) Off. S. Theresiae Virg., die 15 Oct.

(43) Tim. 4, 3.

(44) 2 Tim. 4, 8.

(45) Col. 1, 24.

Friday 18 June 2021

Friday's Sung Word: "Este Meio Não Serve" by Noel Rosa and Donga (in Portuguese)

É feio! É feio!
Menina de família
Andar metida em certo meio
(É muito feio!)

As sobrinhas do almirante
Já saíram do Sion
Vão tomar vinho chianti
Lá pras bandas do Leblon

Os filhinhos da Candinha
Que andam sempre de má-fé
Fazem queixa à mãe da Zinha
E ela diz: "Sei lá se é..."

Quando a menina travessa
Dá palpites numa roda
Papai tem dor de cabeça
Mas mamãe não se incomoda.

 

 You can listen "Este Meio Não Serve" sung by  Mário Reis here.

Thursday 17 June 2021

Thursday's Serial: "The Pentamerone, or the Story of Stories, Fun For The Little Ones” by Giambattista Basile. (tanslated into English by John Edward Taylor) - IV

 SECOND DAY

 

The Dawn had gone forth to grease the wheels of the Sun's chariot, and, with the fatigue of stirring the fat into the wheelbox with a stick, had grown as red as a rosy apple, when Taddeo, after stretching his limbs, called the Slave; and dressing themselves in a few seconds, they went down into the garden, where they found the ten women already arrived. Then, after gathering for each of them some fresh figs, which with their beggar's jacket, gallows heads and ladies' tear-drops,[1] made every one's mouth water, they began a thousand sports to cheat the time until the banquet was ready; among which they did not omit either 'Anca Nicola,' or 'Hopscotch,' or 'Look-ye, wife,' or 'Hide and seek,' or 'Comrade I'm wounded,' or 'Proclamation and command,' or 'Welcome, master,' or 'Rentinola my Rentinola,' or 'Close the cask,' or 'Jump a yard,' or 'Stone in the bosom,' or 'Sca-fish,' or 'Angel,' or 'Anola tranola,' or 'King Macebearer,' or 'Blind cat,'[2] or 'The lamp to the lamp,' or 'Draw my curtain,' or 'Long-beam,' or 'Hen and chickens,' or 'The old man is not come,' or 'Leap-frog,' or 'Ride a cheriy-stone,' or 'Mannikin leap!' or 'The Robbers,' or 'Come hither, come hither,' or 'Who has the needle and thread?' or 'Bird, bird, an iron handle,' or 'Wine or vinegar,' or Open, open the door for poor Gosshawk!'[3]

But the time being at length come for the feast, they all seated themselves at table; and when they had eaten their fill, the Prince bade Zeza bear herself like a brave woman and begin her story; whereupon Zeza, who had her head so full of stories that they overflowed from her lips, calling them over one by one, selected as the best that which I will now tell you.

 

1.       Depicting a ripe fig, with a cracked skin, a bent stalk, and drops of juice upon it.

2.       Blindman's Buff'?

3.       i.e. 'Frog in the middle'?—The Neapolitan names for these games, and remarks on them, I shall probably give in the Notes to this volume.

 

 

PETROSINELLA.[1]

So great is my desire to keep the Princess amused, that the whole of the past night, when all were sound asleep and nobody stirred hand or foot, I have done nothing but turn over the old papers of my brain, and ransack all the closets of my memory, choosing from among the stories which that good soul Mistress Chiarella Usciolo, my uncle's grandmother (whom Heaven take to glory!) used to tell, such as seemed most fitting to relate to you; and unless I have put on my spectacles upside down, I fancy they will give you pleasure; or, should they not serve, as armed squadrons, to drive away tedium from your mind, they will at least be as trumpets to incite my companions here to go forth to the field, with greater power than my poor strength possesses, to supply by the abundance of their wit the deficiencies of my discourse.

There was once upon a time a woman named Pascadozzia, who was in the family way; and as she was standing one day at a window, which looked into the garden of an ogress, she saw a beautiful bed of parsley, for which she took such a longing that she was on the point of fainting away; and being unable to resist her desire, she watched until the ogress went out, and then plucked a handful of it. But when the ogress came home, and was going to cook her pottage, she found that some one had been at the parsley, and said, "Ill luck to me but I'll catch this long-fingered rogue,[2] and make him repent it, and teach him to his cost that every one should eat off his own platter, and not meddle with other folks' cups."

The poor woman went again and again down into the garden, until one morning the ogress met her, and in a furious rage exclaimed, "Have I caught you at last, you thief, you rogue! prithee do you pay the rent of the garden, that you come in this impudent way and steal my plants? by my faith, but I'll make you do penance without sending you to Rome!"

Poor Pascadozzia, in a terrible fright, began to make excuses, saying that neither from gluttony nor the craving of hunger had she been tempted by the devil to commit this fault, but from her being pregnant, and the fear she had lest the child should be born with a crop of parsley on its face; and she added that the ogress ought rather to thank her, for not having given her sore eyes.[3]

"Words are but wind," answered the ogress; "I am not to be caught with such prattle; you have closed the balance-sheet of life, unless you promise to give me the child you bring forth, girl or boy, whichever it may be."

Poor Pascadozzia, in order to escape the peril in which she found herself, swore with one hand upon another[4] to keep the promise: so the ogress let her go free. But when her time was come, Pascadozzia gave birth to a little girl, so beautiful that she was a joy to look upon, who, from having a fine sprig of parsley on her bosom, was named Petrosinella. And the little girl grew from day to day, until when she was seven years old her mother sent her to school; and every time she went along the street and met the ogress, the old woman said to her, "Tell your mother to remember her promise." And she went on repeating this message so often, that the poor mother, having no longer patience to listen to the music, said one day to Petrosinella, "If you meet the old woman as usual, and she reminds you of the hateful promise, answer her, "Take it!"

When Petrosinella, who dreamt of no ill, met the ogress again, and heard her repeat the same words, she answered innocently as her mother had told her; whereupon the ogress, seizing her by her hair, carried her off to a wood, which the horses of the Sun never entered, not having paid the toll to the pastures of those Shades. Then she put the poor girl into a tower, which she caused to arise by her art, and which had neither gate nor ladder, but only a little window, through which she ascended and descended by means of Petrosinella's hair, which was very long, as the sailor is used to run up and down the mast of a ship.

Now it happened one day, when the ogress had left the tower, that Petrosinella put her head out of the little window, and let loose her tresses in the sun; and the son of a prince passing by saw those two golden banners, which invited all souls to enlist under the standard of Love; and beholding with amazement in the midst of those gleaming waves a siren's face, that enchanted all hearts, he fell desperately in love with such wonderful beauty; and sending her a memorial of sighs, she decreed to receive him into favour. Matters went on so well with the prince, that there was soon a nodding of heads and a kissing of hands, a winking of eyes and bowing, thanks and offerings, hopes and promises, soft words and compliments. And when this had continued for several days, Petrosinella and the prince became so intimate that they made an appointment to meet, and agreed that it should be at night, when the Moon plays at hide-and-seek[5] with the Stars; and that Petrosinella should give the ogress some poppy-juice, and draw up the prince with her tresses. So when the appointed hour came, the prince went to the tower, where Petrosinella, letting fall her hair at a given signal, he seized it with both his hands, and cried, "Draw up!" And when he was drawn up, he crept through the little window into the chamber.

The next morning, before the Sun taught his steeds to leap through the hoop of the Zodiac, the prince descended by the same golden ladder, to go his way home. And having repeated these visits many times, a gossip of the ogress, who was for ever prying into things that did not concern her, and poking her nose into every corner, got to find out the secret, and told the ogress to be upon the look-out, for that Petrosinella made love with a certain youth, and she suspected that matters would go further; adding, that she saw what was going on, and feared they would be off and away before May.[6] The ogress thanked her gossip for the information, and said she would take good care to stop up the road; and as to Petrosinella, it was moreover impossible for her to escape, as she had laid a spell upon her, so that, unless she had in her hand the three gallnuts which were in a rafter in the kitchen, it would be labour lost to attempt to get away.

Whilst they were talking thus together, Petrosinella, who stood with her ears wide open, and had some suspicion of the gossip, overheard all that passed. And when Night had spread out her black garments to keep them from the moth, and the prince had come as usual, she made him climb on to the rafters and find the gallnuts, knowing well what effect they would have, as she had been enchanted by the ogress. Then, having made a rope-ladder, they both descended to the ground, took to their heels, and scampered off towards the city. But the gossip happening to see them come out, set up a loud halloo, and began to shout and make such a noise that the ogress awoke; and seeing that Petrosinella had fled, she descended by the same ladder, which was fastened to the window, and set off running after the lovers, who, when they saw her coming at their heels faster than a horse let loose, gave themselves up for lost. But Petrosinella, recollecting the gallnuts, quickly threw one on the ground, and lo! instantly a Corsican bulldog started up,—O mother, such a terrible beast!—which with open jaws and barking loud flew at the ogress as if to swallow her at a mouthful. But the old woman, who was more cunning and spiteful than the devil, put her hand into her pocket, and pulling out a piece of bread, gave it to the dog, which made him hang his tail and allay his fury. Then she turned to run after the fugitives again; but Petrosinella, seeing her approach, threw the second gallnut on the ground, and lo! a fierce lion arose, who, lashing the earth with his tail, and shaking his mane, and opening wide his jaws a yard apart, was just preparing to make a slaughter of the ogress; when, turning quickly back, she stripped the skin off an ass that was grazing in the middle of a meadow, and ran at the lion, who, fancying it a real jackass, was so frightened that he bounded away as fast as he could.

The ogress, having leaped over this second ditch, turned again to pursue the poor lovers, who, hearing the clatter of her heels and seeing the cloud of dust that rose up to the sky, conjectured that she was coming again. But the old woman, who was every moment in dread lest the lion should pursue her, had not taken off the ass's skin; and when Petrosinella now threw down the third gallnut, there sprang up a wolf, who, without giving the ogress time to play any new trick, gobbled her up just as she was, in the shape of a jackass. So the lovers, being now freed from danger, went their way leisurely and quietly to the kingdom of the prince, where, with his father's free consent, he took Petrosinella to wife; and thus, after all these storms of fate, they experienced the truth, that

 

"One hour in port, the sailor freed from fears

Forgets the tempests of a hundred years."

 

Zeza's story was listened to with such delight to the end, that, had it even continued for an hour longer, the time would have appeared only a moment. But it now being Cecca's turn, she began as follow.

 

1.       Parsley.

2.       Literally—'the handle of this hook.'

3.       It is the common belief in Naples, that if a person leaves any wish which a pregnant woman expresses ungratified, this disease of the eyes (agliarulo) is the punishment.

4.       Making the sign of the cross. The Irish cross their fingers in the same way.

5.       Passara muta—a Neapolitan game, in which the children follow one another slowly in a line.

6.       In Naples removals invariably take place in May.

 

 

THE THREE SISTERS.[1]

It is a great truth, if we make the saying good, that from the same wood are formed the statues of idols and the rafters of the gallows, kings' thrones and cobblers’ stalls; and another strange thing is, that from the same rags is made the paper on which the wisdom of sages is recorded, and the crown which is placed on the head of a fool,—a thing that would puzzle the cleverest astrologer in the world. The same too may be said of a mother, who brings forth one good daughter and another bad, one an idle hussy, another a good housewife; one fair, another ugly; one spiteful, another kind; one unfortunate, another born to good luck,—who, all being of one family, ought to be of one nature. But leaving this subject to those who know more about it, I will merely give you an example of what I have said, in the story of three daughters of one and the same mother, wherein you will see the difference of manners, which brought the wicked daughters into a ditch, and the good daughter to the top of the wheel of fortune.

There was one time a woman who had three daughters, two of whom were so unlucky that nothing ever succeeded with them; all their projects went wrong, all their hopes were turned to chaff. But the youngest, who was named Nella, was born to good luck, and I verily believe that at her birth all things conspired to bestow on her the best and choicest gifts in their power: the Sky gave her the perfection of its light, Venus a matchless beauty of form, Love the first dart of his power, Nature the flower of manners. She never set about any work, that it did not go off to a nicety; she never took anything in hand, that it did not succeed to a hair; she never stood up to dance, that she did not sit down with applause. On which account she was envied by her jealous sisters, and yet not so much as she was loved and wished well to by all others; and greatly as her sisters desired to put her underground, still much more did other folks carry her on the palms of their hands.

Now there was in that country an enchanted prince, who sailed along the sea of her beauty, and flung out the hook of amorous servitude to this beautiful goldfish, until at length he caught her by the gills of affection and made her his own. And in order that they might enjoy one another's company without exciting the suspicion of the mother, who was a wicked woman, the prince made a crystal passage, which led from the royal palace directly into Nella's apartment, although it was eight miles distant; and giving her a certain powder, he said, "Every time you wish to feed me, like a sparrow, with a sight of your charming beauty, throw a little of this powder into the fire, and instantly I will come through the passage as quick as a bird, running along a crystal road to gaze upon this face of silver."

Having arranged it thus, not a night passed that the prince did not go in and out, backwards and forwards, along the crystal passage; until at last the sisters, who were spying the actions of Nella, found out the secret, and laid a plan to put a stop to the sport. And in order to cut the thread at once, they went and broke the passage here and there; so that when the unhappy girl threw the powder into the fire, to give the signal to her lover, the prince, who used always to come running in furious haste, hurt himself in such a manner against the broken crystal that it was truly a pitiable sight to see. And being unable to pass further on, he turned back, all cut and slashed like a Dutchman's breeches. Then he laid himself in his bed, and sent for all the doctors in the town; but as the crystal was enchanted, the wounds were mortal, and no human remedy availed. When the king saw this, despairing of his son's condition, he sent out a proclamation, that whoever would cure the wounds of the prince,—if a woman, she should have him for her husband,—if a man, he should have half his kingdom.

Now when Nella, who was pining away for the loss of the prince, heard this, she dyed her face, and disguised herself, and unknown to her sisters she left home, to go and see him before his death. But as by this time the Sun's gilded balls, with which he plays in the fields of Heaven, were running towards the west, night overtook her in a wood, close to the house of an ogre, where, in order to get out of the way of danger, she climbed up into a tree. Meanwhile the ogre and his wife were sitting at table, with the windows open, in order to enjoy the fresh air while they ate; and as soon as they had emptied their cups, and put out the lamps, they began to chat of one thing and another; so that Nella, who was as near to them as the mouth to the nose, heard every word they spoke.

Among other things, the ogress said to her husband, "My pretty Hairy-hide, tell me, what news? what do they say abroad in the world?" And he answered, "Trust me there's not a hand's-breadth clean; everything is going topsy-turvy and awry."—"But what is it?" replied his wife.—"Why, I could tell pretty stories of all the confusion that is going on," said the ogre; "for one hears things that are enough to drive one mad, such as buffoons rewarded with gifts, rogues esteemed, cowards honoured, robbers and assassins protected, and honest men little thought of and less prized. But as these things are enough to make one burst with vexation, I will merely tell you what has befallen the king's son. He had made a crystal path, along which he used to go to visit a pretty lass; but by some means or other, I know not how, all the road has been broken; and as he was going along the passage as usual he has wounded himself in such a manner, that before he can stop the leak the whole conduit of his life will run out. The king has indeed issued a proclamation, with great promises to whoever cures his son; but it is all labour lost, and the best thing he can do is quickly to get ready mourning and prepare the funeral."

When Nella heard the cause of the prince's illness, she sobbed and wept bitterly, and said to herself, "Who is the wicked soul that has broken the passage along which my painted bird used to pass, so that the channel through which my spirits run may break?" But as the ogress now went on speaking, Nella was as silent as a mouse and listened.

"And is it possible," said the ogress, "that the world is lost to this poor prince, and that no remedy can be found for his malady? Bid physic then creep into the oven—bid the doctors put a halter round their necks—bid Galen and Mesue[2] return the money to their pupils, since they cannot find any effectual recipe to restore health to the prince."

"Hark-ye, Granny," replied the ogre, "the doctors are not called upon to find remedies that may pass the bounds of nature. This is no common cholic that an oil-bath might remove; it is not a boil to be cured with fig-poultices, nor a fever that will yield to medicine and diet; much less are these ordinary wounds which require pledgets of lint and oil of hypericon; for the charm that was on the broken glass produces the same effect as onion-juice does on the iron heads of arrows, which makes the wound incurable. There is one thing only that could save his life; but don't ask me to tell it you, for it is a thing of importance." "Do tell me, dear old Long-tusk!" cried the ogress; "tell me, if you would not see me die." "Well then," said the ogre, "I will tell you, provided you promise me not to confide it to any living soul; for it would be the ruin of our house and the destruction of our lives." "Fear nothing, my dear sweet little husband," replied the ogress; "for you shall sooner see pigs with horns, apes with tails, moles with eyes, than a single word shall pass my lips." And so saying she put one hand upon the other and swore to it. "You must know then," said the ogre, "that there is nothing under the sky nor above the ground that can save the prince from the snares of death but our fat: if his wounds are anointed with this, his soul will be arrested which is just on the point of leaving the dwelling of his body."

Nella, who overheard all that passed, gave time to Time, to let them finish their chat; and then getting down from the tree, and taking heart, she knocked at the ogre's door, crying, "Ah! my good ogrish masters, I pray you for charity, alms, some sign of compassion! have a little pity on a poor, miserable, wretched creature, who is banished by fate far from her own country and deprived of all human aid, who has been overtaken by night in this wood and is dying of cold and hunger." And crying thus, she went on knocking and knocking at the door.

Upon hearing this deafening noise, the ogress was going to throw her half a loaf and send her away; but the ogre, who was more greedy of christian flesh than the squirrel is of nuts, the bear of honey, the cat of fish, the sheep of salt, or the ass of bran, said to his wife, "Let the poor creature come in; for if she sleeps in the fields, who knows but she may be eaten up by some wolf." In short he talked and talked so much that his wife at length opened the door for Nella; whilst, with all his pretended charity, he was all the time reckoning on making four mouthfuls of her. But the glutton counts one way and the host another; for the ogre and his wife having drunk till they were fairly tipsy and lain down to sleep, Nella took a knife from a cupboard and made a hash of them in a trice; then she put all the fat into a phial, and went straight to the court, where presenting herself before the king she offered to cure the prince. At this the king was overjoyed, and led her to the chamber of his son; and no sooner had she anointed him well with the fat, than the wound closed in a moment, just as if she had thrown water on a fire, and he became as sound as a fish.

When the king saw this, he said to his son, "This good woman deserves the reward promised by the proclamation, and that you should take her to wife." But the prince replied, "It is hopeless, for I have no storeroom full of hearts in my body to share among so many; my heart is already disposed of, and another woman is the mistress of it." Nella, hearing this, replied, "You should no longer think of her who has been the cause of all your misfortune."—"My misfortune has been brought on me by her sisters," answered the prince, "and they shall repent it."—"Then do you really love her?" said Nella: and the prince replied, "More than my own life." "Embrace me then," said Nella, "for I am the fire of your heart." But the prince, seeing the dark hue of her face, answered, "I should sooner take you for the coal than the fire; so keep off—don't blacken me." Whereupon Nella, perceiving that he did not know her, called for a basin of clean water and washed her face; and as soon as the cloud of soot was removed, the sun shone forth; and the prince recognizing her, pressed her to his heart like a polype, and took her for his wife. Then he had her sisters thrown into an oven, that like leeches they might discharge in the ashes their blood, that was corrupted by envy, thus proving the truth of the old saying,

 

"No evil ever went without punishment."

 

This story went to the hearts of all who heard it, and they praised the prince a thousand times for his conduct to Nella's sisters, and his taking the measure of their jacket; while they lauded to the stars the deep love of the maiden, who had with such pains cured the prince's wounds. But Taddeo, making a sign for all to be silent, now commanded Meneca to do her part, and she consequently paid the debt in the following manner.

 

1.       The title of this story is "Verde Prato,"—Green Meadow; but as this name seems to have no connection with the story, I have changed it.

2.       There were two famous physicians of this name; one physician to the Khalif Haroun al Raschid in the ninth century; the other lived at Cahira in the eleventh century.—L.

 

 

VIOLET.

Envy is a wind which blows with such violence, that it throws down the props of the reputation of good men, and levels with the ground the crops of good fortune. But very often, as a punishment from Heaven, when this envious blast seems as if it would cast a person flat on the ground, it aids him instead to attain the happiness he is expecting sooner even than he hoped; as you will hear in the story which I shall now tell you.

There was once upon a time a good kind of man named Cola Aniello, who had three daughters, Rose, Pink and Violet; the last of whom was so beautiful that her very look was a syrup of love, which relieved the hearts of beholders of all uneasiness. Ciullone, the king's son, was burning with love of her, and every time he passed by the little cottage where these three sisters sat at work, he took off his cap and said, "Good day, good day, Violet!" and she replied, "Good day, king's son! I know more than you." At these words her sisters grumbled and murmured, saying, "You are an ill-bred creature, and will make the prince in a fine rage!" But as Violet paid no heed to what they said, they made a spiteful complaint of her to their father, telling him that she was too bold and forward, and that she answered the prince without any respect, as if she were just as good as he, and that some day or other she would get into trouble, and suffer the just punishment of her offence. So Cola Aniello, who was a prudent man, in order to prevent any mischief, sent Violet to stay with an aunt named Cuccepannella, to be set to work.

Now the prince, when he passed by the house as usual, no longer seeing the object of his love, was for some days like a nightingale that does not find her young ones in the nest, and goes from leaf to leaf wailing and lamenting her loss; but he put his ear so often to the chink, that at last he discovered where Violet lived. Then he went to the aunt, and said to her, "Madam, you know who I am, and what power I have; so, between ourselves, do me a favour, and then ask me for whatever you wish." "If I can do anything to serve you," replied the old woman, "I am entirely at your command." "I ask nothing of you," said the prince, "but to let me give Violet a kiss." "If that's all," answered the old woman, "go and hide yourself in the room downstairs in the garden, and I will find some pretence or another for sending Violet to you."

As soon as the prince heard this, he stole into the room without loss of time, and the old woman, pretending that she wanted to cut a piece of cloth, said to her niece, "Violet, if you love me, go down and fetch me the yard-measure." So Violet went, as her aunt bade her; but when she came to the room, she perceived the ambush, and taking the yard-measure she slipped out of the room as nimbly as a cat, leaving the prince with his nose lengthened out of pure shame and bursting with vexation.

When the old woman saw Violet come running so fast, she suspected that the trick had not succeeded; so presently after she said to the girl, "Go downstairs, niece, and fetch me the ball of Brescian thread that is on the top shelf in the cupboard." So Violet ran, and taking the thread slipped like an eel out of the hands of the prince. But after a little while the old woman said again, "Violet, my dear, if you do not go downstairs and fetch me the scissors, I am totally undone." Then Violet went down again, but she sprang as vigorously as a dog out of the trap; and when she came upstairs, she took the scissors and cut off one of her aunt's ears, saying, "Take that, madam, as a reward for your pains—every deed deserves its meed; and if I don't cut off your nose, it is only that you may smell the bad odour of your reputation." So saying she went her way home with a hop, skip and jump, leaving her aunt eased of her car, and the prince full of Let-me-alone.

Not long afterwards the prince again passed by the house of Violet's father, and seeing her at the window where she was used to stand, he began to his old tune, "Good day, good day, Violet!" whereupon she answered as quickly as a good parish-clerk[1], "Good day, king's son! I know more than you." But Violet's sisters could no longer bear this behaviour, and they plotted together how to get rid of her. Now one of the windows looked into the garden of an ogre; so they proposed to drive the poor girl away through this; and letting fall from it a skein of thread, with which they were working a door-curtain for the queen, they cried, "Alas, alas! we are ruined and undone, and shall not be able to finish the work in time, if Violet, who is the smallest and lightest of us, does not let herself down by a cord and pick up the thread that has fallen."

Violet could not bear to see her sisters grieving thus, and instantly offered to go down; so tying a cord to her, they lowered her into the garden; but no sooner did she reach the ground, than they let go the rope. It happened that just at that time the ogre came out to take a look at his garden; and having caught cold from the dampness of the ground, he gave such a tremendous sneeze, with such a noise and explosion, that Violet screamed out with terror, "O mother, help me!" Thereupon the ogre turned round, and seeing the beautiful maiden behind him, he received her with the greatest kindness and affection; and treating her as his own daughter, he gave her in charge to three fairies, bidding them take care of her, and rear her up on cherries.

The prince, no longer seeing Violet, and hearing no news of her, good or bad, fell into such grief, that his eyes became swollen like a bladder, his face grew pale as ashes, his lips livid, and he neither ate a morsel to get flesh on his body, nor slept a wink to get any rest to his mind. But trying all possible means, and offering large rewards, he went about spying and inquiring everywhere, until at last he discovered where Violet was. Then he sent for the ogre, and told him that, finding himself ill (as he might see was the case), he begged of him permission to spend a single day and night in his garden, adding that a small chamber would suffice for him to repose in. Now, as the ogre was a subject of the prince's father, he could not refuse him this trifling pleasure; so he offered him all the rooms in his house, if one was not enough, and his very life itself. The prince thanked him, and chose a room which by good luck was near to Violet's; and as soon as Night came out to play at 'Stretch-my-curtain'[2] with the Stars, the prince, finding that Violet had left her door open, as it was summer-time and the place was safe, stole softly into the room, and taking Violet's arm he gave her two pinches. Thereupon she awoke, and exclaimed, "O father, father, what a quantity of fleas!" Then she went to another bed, and the prince did the same again, and Violet cried out in the same way; then she changed first the mattress, and afterwards the sheet, and so the sport went on the whole night long, until the Dawn, having brought news that the Sun was alive, the mourning that was hung around the sky was all removed.

As soon as it was day, the prince passing by that house, and seeing the maiden at the door, said as he was wont to do, "Good day, good day, Violet!" and when Violet replied, "Good day, king’s son! I know more than you," the prince answered, "O father, father, what a quantity of fleas!"

The instant Violet felt this shot, she guessed at once that the prince had been the cause of her annoyance in the past night; so off she ran and told it to the fairies. "If it be he," said the fairies, "we will soon give him tit for tat and as good in return; and if this dog has bitten you, we will contrive to get a hair from him: he has given you one, and we will give him back one and a half. Only get the ogre to make you a pair of slippers covered with little bells, and leave the rest to us: we will take care to pay him in good coin."

Violet, who was eager to be revenged, instantly got the ogre to make the slippers for her; and waiting until the Sky, like a Genoese woman, had wrapped the black taffety about her face, they went all four together to the house of the prince, where the fairies and Violet hid themselves in the chamber. And as soon as ever the prince had closed his eyes, the fairies made a great noise and racket, and Violet began to stamp with her feet at such a rate that, what with the clatter of her heels and the jingling of the bells, the prince awoke in great terror and cried out, "O mother, mother, help me!" And after repeating this two or three times, they slipped away home.

The next morning the prince, having taken some citron-juice and other cordials to relieve his fear, went to take a walk in the garden; for he could not live a moment without the sight of Violet, who was a pink of pinks. And seeing her standing at the door, he said, "Good day, good day, Violet!" and Violet answered, "Good day, king's son! I know more than you." Then the prince said, "O father, father, what a quantity of fleas!" but Violet replied, "O mother, mother, help me!"

When the prince heard this, he said to Violet, "You have won—you have outwitted me: I yield—you have conquered; and now that I see you really know more than I do, I will marry you without further ado." So he called the ogre, and asked her of him for his wife; but the ogre said it was not his affair, for he had learnt that very morning that Violet was the daughter of Cola Aniello. So the prince ordered her father to be called, and told him of the good fortune that was in store for his daughter; whereupon the marriage feast was celebrated with great joy, and the truth of the saying was seen, that

 

"A fair maiden soon gets married."

 

The delight is unspeakable which all felt at the good fortune which Violet had obtained by her cleverness, in spite of the malice of her sisters, who, the enemies of their own blood and kindred, played her so many tricks on purpose to make her break her neck. But it being now time for Paola to pay the debt she owed, she disbursed from her mouth the golden money of her beautiful discourse, and thus cleared her account.

 

1.       Da buono Jacono—'like a good deacon.' Occasionally (but rarely) I substitute a purely English allusion, as in this instance, where it best translates the point or meaning of the original,—departing from the letter, to retain the sense.

2.       A Neapolitan game.

Wednesday 16 June 2021

Good Reading: "The Crow and the Sheep" by Aesop (translated into Eglish)

                A troublesome Crow seated herself on the back of a Sheep. The Sheep, much against his will, carried her backward and forward for a long time, and at last said, "If you had treated a dog in this way, you would have had your deserts from his sharp teeth." To this the Crow replied, "I despise the weak and yield to the strong. I know whom I may bully and whom I must flatter; and I thus prolong my life to a good old age."