La
Vérité elle-même, qui ne peut ni tromper ni se tromper, a dit clairement
lorsqu'elle destinait les prédicateurs de la foi au ministère de la parole: “Allez
enseigner toutes les nations”. Elle a dit toutes, sans exception,
puisque tous les hommes sont capables de recevoir l'enseignement de la foi. Ce
que voyant, le jaloux adversaire du genre humain, toujours hostile aux œuvres
humaines afin de les détruire, a découvert une nouvelle manière d'empêcher que
la parole de Dieu soit annoncée, pour leur salut, aux nations. Il a poussé certains de ses suppôts, avides de
satisfaire leur cupidité, à déclarer publiquement que les habitants des Indes
occidentales et méridionales, et d'autres peuples encore qui sont parvenus à
notre connaissance ces temps-ci, devaient être utilisés pour notre service,
comme des bêtes brutes, sous prétexte qu'ils ne connaissent pas la foi
catholique. Ils les réduisent en esclavage en leur imposant des corvées telles
qu'ils oseraient à peine en infliger à leurs propres animaux domestiques.
Or Nous, qui, malgré notre indignité, tenons la place
du Seigneur sur terre, et qui désirons, de toutes nos forces, amener à Son
bercail les brebis de Son troupeau qui nous sont confiées et qui sont encore
hors de Son bercail, considérant que ces Indiens, en tant que véritables êtres
humains, ne sont pas seulement aptes à la foi chrétienne, mais encore, d'après
ce que Nous avons appris, accourent avec hâte vers cette foi, et désirant leur
apporter tous les secours nécessaires, Nous décidons et déclarons, par les
présentes lettres, en vertu de Notre Autorité apostolique, que lesdits Indiens
et tous les autres peuples qui parviendraient dans l'avenir à la connaissance
des chrétiens, même s'ils vivent hors de la foi ou sont originaires d'autres contrées,
peuvent librement et licitement user, posséder et jouir de la liberté et de la
propriété de leurs biens, et ne doivent pas être réduits en esclavage. Toute
mesure prise en contradiction avec ces principes est abrogée et invalidée.
De plus, Nous déclarons et décidons que les
Indiens et les autres peuples qui viendraient à être découverts dans le monde
doivent être invités à ladite foi du Christ par la prédication de la parole de
Dieu et par l'exemple d'une vie vertueuse. Toutes choses passées ou futures
contraires à ces dispositions sont à considérer comme nulles et non avenues.
Donné à
Rome, le 2 juin de l'année 1537, troisième de Notre Pontificat.
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