Le Pape Paul III, à tous les Chrétiens fidèles auxquels parviendra cet
écrit, santé dans le Christ notre Seigneur et bénédiction apostolique.
Le Dieu sublime a
tant aimé le genre humain, qu'Il créa l'homme dans une telle sagesse que non
seulement il puisse participer aux bienfaits dont jouissent les autres
créatures, mais encore qu'il soit doté de la capacité d'atteindre le Dieu
inaccessible et invisible et de le contempler face à face; et puisque l'homme,
selon le témoignage des Ecritures Sacrées, a été créé pour goûter la vie
éternelle et la joie, que nul ne peut atteindre et conserver qu'à travers la
foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ, il est nécessaire qu'il possède la nature
et les facultés qui le rendent capable de recevoir cette foi et que quiconque
est affecté de ces dons doit être capable de recevoir cette même foi.
Ainsi, il n'est pas concevable que quiconque
possède si peu d'entendement que, désirant la foi, il soit pourtant dénué de la
faculté nécessaire qui lui permette de la recevoir. D'où il vient que le
Christ, qui est la Vérité elle-même, qui n'a jamais failli et ne faillira
jamais, a dit aux prédicateurs de la foi qu'il choisit pour cet office «Allez
enseigner toutes les nations». Il a dit toutes, sans exception, car
toutes sont capables de recevoir les doctrines de la foi.
L'Ennemi du genre humain, qui s'oppose à toutes
les bonnes actions en vue de mener les hommes à leur perte, voyant et enviant
cela, inventa un moyen nouveau par lequel il pourrait entraver la prédication
de la parole de Dieu pour le salut des peuples: Il inspira ses auxiliaires qui,
pour lui plaire, n'ont pas hésité à publier à l'étranger que les Indiens de l'Occident
et du Sud, et d'autres peuples dont Nous avons eu récemment connaissance,
devraient être traités comme des bêtes de somme créées pour nous servir,
prétendant qu'ils sont incapables de recevoir la Foi Catholique.
Nous qui, bien qu'indigne de cet honneur, exerçons
sur terre le pouvoir de Notre-Seigneur et cherchons de toutes nos forces à
ramener les brebis placées au-dehors de son troupeau dans le bercail dont nous
avons la charge, considérons quoi qu'il en soit, que les Indiens sont
véritablement des hommes et qu'ils sont non seulement capables de comprendre la
Foi Catholique, mais que, selon nos informations, ils sont très désireux de la
recevoir. Souhaitant fournir à ces maux les remèdes appropriés, Nous
définissons et déclarons par cette lettre apostolique, ou par toute traduction
qui puisse en être signée par un notaire public et scellée du sceau de tout
dignitaire ecclésiastique, à laquelle le même crédit sera donné qu'à
l'original, que quoi qu'il puisse avoir été dit ou être dit de contraire, les
dits Indiens et tous les autres peuples qui peuvent être plus tard découverts
par les Chrétiens, ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la
possession de leurs biens, même s'ils demeurent en dehors de la foi de
Jésus-Christ; et qu'ils peuvent et devraient, librement et légitimement, jouir
de la liberté et de la possession de leurs biens, et qu'ils ne devraient en
aucun cas être réduits en esclavage; si cela arrivait malgré tout, cet
esclavage serait considéré nul et non avenu.
Par la vertu de notre autorité apostolique, Nous
définissons et déclarons par la présente lettre, ou par toute traduction signée
par un notaire public et scellée du sceau de la dignité ecclésiastique, qui
imposera la même obéissance que l'original, que les dits Indiens et autres
peuples soient convertis à la foi de Jésus Christ par la prédication de la
parole de Dieu et par l'exemple d'une vie bonne et sainte.
Donné
à Rome, le 29 mai de l'année 1537, la troisième de Notre Pontificat.
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