Thursday, 27 November 2025

Thursday's Serial: “Journal Spirituel” by Sœur Marie de Saint-Pierre (in French) - IV.

 

5

LE NOVICIAT – MANIFESTATIONS DIVINES

« Bientôt le Dieu de miséricorde se fit entendre à mon âme pour me dire à quel dessein il m’avait appelée, dessein bien capable de me donner une haute idée de la sublime vocation que je me proposais d’embrasser. Jusqu’alors le but de toutes les communications dont Notre-Seigneur me favorisait, était la sanctification de mon âme; je travaillais uniquement pour moi, étant chargée seulement du soin de ma perfection. Mais en m’appelant au Carmel, tout dévoué à la gloire de Dieu, aux besoins de l’Église, au bien des âmes, le Seigneur voulut m’enseigner ce dévouement, cet esprit de sacrifice, ce zèle pour le salut du prochain, vertus sublimes et désintéressées que je ne connaissais pas encore. — Voici ce qui me fut communiqué à ce sujet. J’ai toujours gardé ce premier appel comme le fondement et la base de la Réparation: car Notre-Seigneur, pour me parler ouvertement de cette œuvre, attendit, pour ainsi dire, que mes supérieurs m’eussent permis de faire à Dieu l’abandon parfait qu’il me demanda en cette communication. Elle m’est restée gravée dans l’âme; mais comme je n’en ai point gardé de mémoire écrit, je ne pourrai dire les choses qu’à peu près.

 

DEMANDE D’ACTE D’ABANDON

Un jour, après que j’eus reçu la sainte Communion, Notre-Seigneur daigna se manifester à mon âme. Il était accompagné d’un ange. Il me fit voir la multitude d’âmes qui tombaient en enfer; puis il me témoigna le désir que je m’offrisse tout entière à son bon plaisir, que je lui abandonnasse aussi tout ce que je pourrais acquérir de mérites dans ma nouvelle carrière, et cela pour l’accomplissement de ses desseins. Il m’assura qu’il aurait soin de mon intérêt, me ferait part de ses propres mérites et serait lui-même le directeur de mon âme. L’ange m’engageait à consentir à une proposition si magnifique, et il semblait envier mon bonheur, parce que, n’ayant point de corps, il ne pouvait comme moi souffrir et mériter. Cet esprit céleste me dit que, si j’adhérais à la demande du Sauveur, les anges entoureraient mon lit de mort et me défendraient contre les pièges du démon. J’avais grande envie de faire ce sacrifice de moi-même; mais soit d’après l’avis que m’en donna ce divin Maître, soit par la crainte de m’écarter de l’obéissance, je ne fis pas cet acte tout de suite, pensant qu’il me fallait auparavant la permission de notre Révérende Mère. J’écrivis donc cette communication, et je la lui remis comme j’avais coutume de faire dans le monde à l’égard de mon confesseur. Notre bonne Mère, qui ne savait pas encore de quelle manière Notre-Seigneur me conduisait, n’ajouta pas grande foi à ce que lui disait sa petite postulante, et, dans sa sagesse, elle me dit :

— Mon enfant, l’acte d’abandon que vous me demandez de faire n’est point un acte ordinaire; c’est pourquoi, n’ayant encore aucun droit sur vous, je ne veux pas vous le conseiller, à plus forte raison vous le permettre.

Comme j’avais une très haute estime de obéissance, je me soumis avec respect au sentiment de notre prudente Mère: ce qui ne m’empêcha pas d’avoir le cœur navré. Je retourné à Notre-Seigneur, et lui dis :

— Vous voyez bien, mon bon Sauveur, que c’est l’obéissance qui m’empêche de faire ce que vous me demandez; mais vous voyez le fond de mon cœur, et vous savez que je vous donne tout ce que je puis vous donner.

Notre-Seigneur, pour le moment, se contenta de ma bonne volonté; néanmoins il m’inspira plusieurs fois, dans la suite, de réitérer cette demande à mes supérieurs; ce fut seulement lorsque je l’eus obtenue qu’il me communiqua pleinement l’œuvre de la Réparation. Notre sage Mère, voyant que sa fille recevait ainsi des faveurs peu ordinaires, voulut s’assurer sans doute de l’esprit qui me conduisait et me défendit de m’arrêter à ces opérations surnaturelles. Alors je n’entendis plus guère ces paroles intérieures, et Notre-Seigneur se soumit en quelque sorte avec moi à la sainte obéissance. » [1]

 

APPLIQUÉE À L’ENFANCE DE JÉSUS

« Comme je naissais à la religion du Carmel, dont je n’étais alors qu’un petit enfant, Notre-Seigneur m’appliqua d’une manière toute spéciale à sa sainte enfance, et il me faisait connaître ce qu’il voulait que je fisse pour l’honorer en cet état. Ainsi il me fut tracé dans l’esprit, pour tous les jours du mois, un exercice que je pratiquai avec une grande consolation, et, je crois, avec grand profit pour mon âme. Je me regardais comme la petite servante de la sainte Famille, et m’offrais à elle en cette qualité; et je désirais avec ardeur porter ses livrées en prenant la saint habit du Carmel. Je priai notre Révérende Mère de vouloir bien m’accorder cette faveur malgré mon indignité. Elle me fut accordée le 21 mai 1840, dans ce mois béni, consacré à celle de qui je tenais la grâce d’une si belle vocation. Je me consacré tout entière à la sainte Famille, en ce jour de joie et de bénédiction. Voici la consécration que j’écrivis, et que je mis sur mon cœur pendant la cérémonie :

O Jésus, Marie et Joseph, très sainte et illustre Famille, veuillez aujourd’hui, malgré mon indignité, me recevoir pour votre servante ; c’est là le grand désir de mon cœur ; daignez exauce ma prière. Je suis bien résolue de vous être fidèle, et si je ne puis encore m’engager à votre service par les trois vœux de la religion, du moins recevez mon désir, et faites-moi la grâce de l’accomplir aussi parfaitement que si je les avait faits. O très saint Enfant-Jésus, accordez-moi d’être aussi soumise à l’Esprit-Saint et à mes supérieurs, que vous l’étiez à la très sainte Vierge et à saint Joseph. Et vous, ô Marie conçue sans péché, si pure aux yeux de Dieu, obtenez-moi la grâce de ne jamais rien faire qui puisse ternir l’éclat de cette belle vertu de pureté. O bienheureux patriarche saint Joseph, qui avez pratiqué la sainte pauvreté dans un degré si éminent de perfection et que vous êtes sacrifié pour le saint Enfant-Jésus et pour la divine Marie, sa Mère, faites, par votre puissant crédit auprès de Dieu, qu’à votre exemple j’aime et je pratique la sainte pauvreté jusqu’au dernier soupir de ma vie, et que je me fasse un devoir et un doux plaisir de me sacrifier pour mes sœurs. Enfin, ô sainte Famille, faites que je puisse avec vérité me glorifier d’être votre très humble servante. Daignez me recevoir en ce beau jour et me donner une preuve que vous agréez mes services en m’accordant la grâce de m’acquitter dignement de l’office divin, que je le récite avec attention, respect, amour, ferveur et dévotion: faites que je sois aussi éveillée à Matines que si j’étais dans le ciel, éblouie de la beauté de Dieu et des splendeurs de sa gloire ! Amen.

 

DOMESTIQUE DE LA SAINTE FAMILLE

Depuis cette consécration, je me regardai comme la petite domestique de la sainte Famille, et dans tout ce que je faisais j’avais l’intention de la servir à Nazareth. Mais j’avais encore une ambition: c’était d’être le petit âne du saint Enfant-Jésus. Si le Roi-Prophète a pu se regarder devant Dieu comme une bête de charge, je pouvais, à bien plus juste titre, me qualifier de ce nom. En pensant que le Fils de Dieu s’était fait si pauvre pour notre amour, qu’il avait été obligé, quand il voulut faire son entrée triomphante à Jérusalem, d’envoyer ses disciples emprunter une si humble monture, et dire de sa part que le Maître en avait besoin: “Ah! disais-je, mon Sauveur, maintenant que vous êtes au ciel, je veux que vous ayez sur la terre un âne qui soit à votre service et tout à vous, et que vous conduisiez dans les routes qui vous feront plaisir; recevez-moi à ce titre”. Autant que je me rappelle, j’avais grande envie de savoir si Notre-Seigneur agréait mon offrande, et je crois que je fis des prières à la sainte Famille dans cette intention. Ensuite je procédai à mon élection en cette sorte. Nos Révérendes Mères, à cette époque, faisaient leur retraite, et pendant ce temps les postulantes et les novices prenaient leur récréation au noviciat. Un soir que nous étions toutes réunies devant le tableau de la sainte Famille à l’heure de la récréation, je proposai à mes compagnes de faire une bergerie à cette sainte Famille, de manière à ce que nous lui soyons consacrées selon le titre qui nous serait échu au sort: la proposition fut acceptée unanimement. On décida que l’une serait l’âne du saint Enfant-Jésus, l’autre le bœuf, une autre la mule. Les conventions faites, on tira au sort, et, à ma grande satisfaction, je fus choisie par la Providence pour être l’âne de l’Enfant-Jésus. Alors je m’informai du naturel des ânes, afin de pouvoir éviter leurs défauts. Une postulante, qui dans le monde en avait un, me fournit à ce sujet toute l’instruction nécessaire. On ne pouvait pas se donner une distraction plus gaie et plus innocente. On fit des billets d’élection; le mien était conçu en ces termes :

L’âne du saint enfant est entêté, paresseux; il n’aime qu’à marcher dans les petits sentiers; mais il a résolu de se corriger, et son office sera de réchauffer l’Enfant-Jésus, de le porter dans ses voyages, en un mot, de rendre à la sainte Famille tous les services qu’il pourra.

J’étais enchantée de mon nouveau titre, mais je pensai qu’il fallait encore quelque chose pour assurer mon élection; c’était l’approbation de notre Révérende Mère, que je priai en grâce de vouloir bien signer mon billet; car je disais :

— Notre Mère représente Notre-Seigneur; si je peux obtenir sa signature, c’est comme certain qu’il me reçoit à ce titre.

Nous donnâmes à notre bonne et Révérende Mère une amusante récréation avec nos billets; elle ne se souciait guère, disait-elle, d’y mettre sa signature ; à la fin, elle se fit enfant avec ses enfants, pratiquant ce que dit saint Paul, de « se faire tout à tous pour les gagner tous », et nous obtînmes les initiales de son nom. J’avais une intention sérieuse dans cette offrande de moi-même à l’Enfant-Jésus: je pensais que ce serait comme un petit contrat, par lequel je pourrais répondre à l’appel que Notre-Seigneur m’avait fait, quelques jours après mon entrée en religion, de me donner toute à lui avec mes petits mérites, pour l’accomplissement de ses desseins, car je me sentais toujours pressée de lui faire cet abandon. La permission seule me manquait. Voyant que notre Révérende Mère avait signé mon billet, j’espérait pouvoir enfin faire mon petit sacrifice au saint Enfant. Cependant, pour en être plus sûre, j’en parlai à notre bonne Mère et lui demandai si elle voulait donner tout à fait son âne au saint Enfant-Jésus, afin qu’il en fit ce qu’il voudrait. Elle me répondit :

— Non : dites-lui que je le lui prête seulement, mais que je ne le lui donne pas encore tout à fait.

Je devais essuyer bien d’autres refus: un parfait abandon à Notre-Seigneur pour l’accomplissement de ses desseins pouvait avoir des conséquences que mon ignorance dans les voies de Dieu m’empêchait de pénétrer. Notre sage et prudente Mère voulait auparavant rendre ce pauvre et misérable instrument plus souple et plus maniable, en le soumettant à l’exercice de l’obéissance et du renoncement à sa propre volonté. Je me présentai donc à Notre-Seigneur, par les mains de Marie et de Joseph, comme un âne prêté. Je crois que ce petit acte de simplicité fut agréable à ce divin enfant, car il commença à prendre sur moi une nouvelle puissance et à me diriger dans ses voies; c’était l’accomplissement d’une promesse qu’il m’avait faite lors de mon entrée au Carmel. Je regardais mon âme comme la pauvre étable de Béthléem, et, considérant le saint Enfant-Jésus dans mon cœur, je l’adorais un union avec la sainte Vierge et saint Joseph, et m’offrais à lui pour être sa petite domestique. Ainsi j’étais son âne dans l’oraison, en m’efforçant de le réchauffer par mon amour, et sa petite domestique dans l’action, en faisant pour la sainte Famille le travail qu’on m’imposait et m’imaginant être dans la maison de Nazareth. L’Enfant-Jésus me donna l’inspiration de l’honorer tous les jours du mois, par un exercice qui me fut tracé dans l’esprit. » [2]

 

DIABLERIES DE… SATAN

« Mais Satan qui est orgueilleux, était jaloux de me voir ainsi tout occupée à honorer les humiliations du Verbe incarné. Un jour, j’avais fait une action qui sans doute lui avait très fort déplu; il essaya de s’en venger sur moi. Le soir, étant couchée, je commençais à m’endormir, lorsque je sens tout d’un coup sur ma tête une grosse bête qui semblait vouloir m’étouffer: tout de suite j’eus un sentiment intérieur que c’était le démon; je sentais ses griffes s’enfoncer dans ma tête. Aussitôt, de toute ma force, j’appelai la sainte Vierge à mon secours; au nom sacré de Marie, il prit la fuite. Alors je fis une prière d’action de grâces, et, autant que je me rappelle, je me mis à chanter ces adorables paroles si terribles à l’enfer: Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis !... C’était pourtant l’heure du grand silence, mais j’étais toute hors de moi; quoique je ne visse point le démon des yeux du corps, néanmoins, par le sentiments que j’éprouvais dans l’âme, je compris bien que ce n’était point là un songe ordinaire. Satan voulait sans doute étouffer l’âne de l’Enfant-Jésus, mais la sainte Vierge vint à son secours. » [3]

 

[1] Document A - page 44. Vie manuscrite, page 49.

[2] Document A - page 46.

[3] Document A - page 52.

 

 

6

LA PROFESSION

« Mais à la fin, cédant à mes pressantes sollicitations, malgré mon peu de vertu et de capacité, elle se décida à s’occuper de ma réception. On me dit qu’avant d’être reçue il fallait me présenter trois fois au chapitre. Alors j’eus l’inspiration de pratiquer un petit exercice de piété, chaque fois que je m’y présentais, afin d’obtenir plus sûrement l’objet de mes désirs: le divin Enfant-Jésus pour mon céleste Époux. Je m’adressait donc aux trois personnes qui avaient des droits sur lui: au Père éternel, à la sainte Vierge et à saint Joseph. Ainsi je fis mes demandes avec grande dévotion et j’obtins ce que j’avais si vivement désiré. Malgré mon indignité, la communauté eut la charité de me recevoir à la profession. Je célébré mes noces spirituelles avec Jésus. Celui qui, dans le monde, avait dirigé ma vocation [1] vint prêcher à la cérémonie. Il prit pour texte de son sermon ces paroles de la sainte Vierge en son cantique : Beatam me dicent omnes generationes : « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse » ; et, me montrant la beauté de l’état que j’embrassais, il me répétait toujours « vous êtes bienheureuse ». Il avait raison, je voyais ma vocation assurée et mes désirs accomplis: j’étais au comble du bonheur ! » [2]

O mon Dieu, daignez agréer le sacrifice que je vous offre en union avec Jésus mon Sauveur, immolé pour le salut du monde. Je vous fais par lui et avec lui l’entier abandon de moi-même, le sacrifice de ma vie; je remets mon âme entre vos mains pleines de miséricorde. Et à vous, ô Jésus, mon cher Époux, je m’offre tout entière sur l’autel de votre divin Cœur, par les mains de Marie et de saint Joseph; c’est par eux que j’y dépose mes vœux, afin qu’ils en soient les garants et les gardiens. Veuillez donc, ô Famille chérie de mon coeur, accepter l’entière donation et consécration que je fais de moi-même à votre service ; je m’offre toute à vous en ce jour, par les mains de notre sainte mère Thérèse et de notre père saint Jean de la Croix, pour l’accomplissement de vos desseins dans les âmes. Regardez-moi comme une propriété qui vous appartient ; chargez-vous, s’il vous plaît, de mes saints vœux; accomplissez-les en moi par votre toute-puissante protection. O Jésus, mon adorable Époux, je suis si pauvre, si misérable, si inconstante dans le bien ! Permettez-moi d’emprunter les sentiments et l’amour de votre sainte Mère et de son auguste Époux. Oui, c’est par la voix et le coeur de Marie et de Joseph que je fais ma profession et promets pauvreté, chasteté et obéissance à Dieu, Notre-Seigneur, et à la bienheureuse Vierge Marie, sous la conduite de nos supérieurs légitimes, selon la règle primitive de l’ordre du Mont-Carmel de la réforme de sainte Thérèse, qui est sans mitigation, et ce jusqu’à la mort. O divin Enfant, j’unis mon sacrifice à celui que vous fîtes à votre Père lors de votre présentation au temple : vous vous êtes sacrifié pour me racheter de mes péchés, aujourd’hui je me sacrifie pour vous racheter des mains des pécheurs. O Marie, ma tendre Mère, et vous, mon bon père saint Joseph, qui avez présenté au grand prêtre deux petites colombes pour racheter l’Enfant-Jésus, veuillez offrir au Père éternel mon corps et mon âme pour racheter de divin Enfant des mains des pécheurs et cicatriser ses plaies. Veuillez aussi le prier d’imprimer en moi les traits de sa ressemblance, ou plutôt que ce ne soit plus moi qui vive, mais que ce soit Jésus qui renaisse et vive en moi !

O Jésus, Marie et Joseph, vous savez avec quelle ardeur et quelle joie je serais allée m’offrir à votre service, si j’avais eu le bonheur de vivre au temps où vous habitiez sur la terre. C’est avec les mêmes sentiments d’amour pour vous que je veux servir cette sainte communauté, comme si je vous voyais habiter la maison: je veux vous rapporter tout ce que je ferai; tout en moi vous appartiendra. Regardez-moi désormais comme votre petite servante; disposez de moi selon votre bon plaisir.

Ainsi soit-il.

 

Soeur Marie de Saint-Pierre de la Sainte-Famille,

Carmélite indigne. »

Le 8 juin 1841.

 

« M’étant ainsi donnée tout entière à Jésus pour être sa petite domestique, il m’inspira bientôt de garder ses troupeaux sur les terres de sa divine enfance, et me traça le plan d’un petit exercice en l’honneur de ses douze mystères et ses douze années que je nommai les douze tribus d’Israël.

 

EN VOICI UN EXTRAIT :

En l’honneur de la première année, je lui offrais, par les mains de la sainte Vierge et de saint Joseph, notre Saint-Père le Pape et toute la milice sacerdotale, sous la protection de saint Pierre et de saint Paul.

Pour la deuxième année, c’étaient les âmes religieuses, sous la protection de saint Jean et des saints Apôtres ;

Pour la troisième, les rois, sous la protection du saint roi David et des mages ;

Pour la quatrième, les malheureux francs-maçons, sous la protection des saints martyrs ;

Pour la cinquième, les comédiens, sous la protection de saint Jean-Baptiste ;

Pour la sixième, les nations infidèles, sous la protection des neuf chœurs des Anges ;

Pour la septième, les hérétiques et les schismatiques, sous la protection des patriarches ;

Pour la huitième, les Juifs, sous la protection de sainte Anne et de saint Joachim ;

Pour la neuvième, les incrédules, sous la protection des saints prophètes ;

Pour la dixième année, les pécheurs endurcis, sous la protection des saints confesseurs ;

Pour la onzième, les âmes tièdes, sous la protection des saintes femmes ;

Enfin, pour la douzième, les âmes justes, sous la protection de notre sainte mère Thérèse et de toutes les saintes vierges”.

 

Cet adorable Sauveur prit bientôt, malgré mon indignité, une si grande puissance sur mon âme, que je pouvais bien dire qu’il en était devenu le directeur et le maître. »

 

LA VIE AU QUOTIDIEN

« A huit heures du soir, je m’offre à la très sainte Vierge et à saint Joseph comme leur petite domestique pour les servir et garder leurs troupeaux sur les terres de l’Enfant-Jésus, qui sont ses mystères et ses plaies sacrées, et j’adore le mystère de l’Incarnation jusqu’à neuf heures.

A neuf heures sonnent les Matines; alors je célèbre la naissance du saint Enfant-Jésus; je m’unis aux anges, aux pasteurs et aux mages qui l’ont adoré dans la crèche.

Au premier nocturne, j’adore sa naissance éternelle dans le sein de son Père et sa vie divine; au second nocturne, j’adore sa naissance dans l’étable et sa vie mortelle; au troisième nocturne, j’adore sa naissance sacramentelle dans l’Eucharistie et sa naissance spirituelle en nos cœurs.

A chacun des neuf psaumes, je m’unis aux neuf chœurs des anges.

Au Te Deum, j’adore l’Enfant-Jésus se manifestant au peuple juif en la personne des bergers.

Pendant les psaumes des Laudes, j’adore le saint Enfant circoncis et nommé Jésus; ensuite je l’adore avec les rois mages comme étant Dieu, roi et homme.

Voilà mon occupation intérieure pendant les matines. »

« Étant rentrée dans ma cellule, je m’occupe jusqu’à onze heures des troupeaux de la bergerie du saint Enfant-Jésus, priant cet aimable Sauveur de combler de bénédictions ses brebis en leur appliquant ses mérites. Ensuite je me couche, prenant mon repos en union avec le saint Enfant couché dans la crèche. Le matin, aussitôt que j’entends le réveil, je me lève, et adorant le Père éternel, je lui dis avec l’Enfant-Jésus : “Me voici, mon Père, je viens pour faire votre volonté”. Puis je me rends au chœur pour l’oraison, en union avec la sainte Vierge et saint Joseph portant l’Enfant-Jésus au temple. Pendant mon oraison, je m’offre avec lui au Père céleste; je renouvelle les saints vœux de ma profession, et me donne à ce divin Sauveur; ensuite je l’offre à son Père pour le salut de ses brebis. L’oraison finie, nous allons avec la sainte Famille à Nazareth ; bientôt la cloche sonne pour les petites heures, et nous partons pour l’Égypte. Pendant les douze psaumes des heures, j’adore les douze années du saint Enfant et j’honore sa demeure en Égypte, son retour à Nazareth, et enfin son séjour dans le temple de Jérusalem au milieu des docteurs. Après le saint sacrifice de la messe, l’heure du travail arrive; alors je m’occupe de la vie cachée et laborieuse de Notre-Seigneur. A onze heures, j’adore Jésus baptisé par saint Jean. Depuis midi jusqu’à une heure, je m’occupe de lui au désert; d’une heure à deux, de sa vie évangélique. A deux heures sonnent les vêpres: alors j’adore son entrée triomphante dans la ville de Jérusalem et j’entre au chœur en union avec notre divin Sauveur; durant l’office, je me tiens en esprit à ses pieds, honorant les sentiments de son Cœur adorable pendant la dernière semaine qu’il passa avec ses disciples, et l’excès de son amour qui le porta à instituer le sacrement de l’Eucharistie.

Ensuite nous arrivons au jardin des Olives, et, le reste de l’après-midi, je suis Notre-Seigneur dans les stations de sa Passion en union avec la sainte Vierge. A cinq heures sonne l’oraison.

A ce moment, j’adore Jésus crucifié, et je me tiens au pied de la Croix ou dans son Cœur. Je commence par faire mon examen de conscience, et, après m’être humiliée de mes fautes, je me donne toute à Notre-Seigneur, renouvelant mes saints vœux en union à son sacrifice. Après que je me suis ainsi donnée à lui, il me semble qu’il se donne réciproquement à moi avec tous ses mérites; il unit mon âme à la sienne, et me fait entrer dans ses désirs et dans les honneurs qu’il rend à son Père par son état de victime. Alors je me perds de vue pour m’occuper, avec mon céleste Époux, de la gloire de Dieu et du salut des âmes. Je trouve dans le Cœur de Notre-Seigneur tous les mystères de sa très sainte vie, ses mérites et toutes ses brebis. J’offre chaque mystère au Père éternel pour telle ou telle portion de la bergerie de l’Enfant-Jésus; ensuite je présente à ce divin Père les quatre parties du monde, que j’ai placées dans les quatre plaies des pieds et des mains de mon Sauveur; les douze troupeaux de la sainte Famille occupent la bergerie du Sacré-Cœur. J’y joins aussi les âmes du purgatoire, les ayant mises dans les autres plaies de ce corps adorable. Puis j’offre cette auguste victime au Père éternel par les mains de la sainte Vierge, en sacrifice d’holocauste, d’action de grâces, d’expiation, d’impétration, et en sacrifice de complaisance et de bienveillance pour toutes les perfections de la très Sainte-Trinité. J’adore enfin le dernier soupir de Jésus sur la Croix.

Telle est l’application que Notre-Seigneur me donne pendant mes oraisons du soir. »

« Le reste de la journée, je m’occupe jusqu’à Complies de Jésus dans le sépulcre. Enfin je l’adore sortant du tombeau par sa glorieuse résurrection, et je le contemple en son ascension.

Voilà à peu près quel est mon exercice de chaque jour. Mais pour laisser le divin Maître me conduire ainsi, il faut que je meure à tout ce qui peut flatter mes sens; point de retour sur moi-même, se ce n’est pour m’humilier. Dieu seul, sa volonté et sa gloire: voilà ma devise et ma pratique. Ces paroles : Et il leur était soumis, et ces autres: Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir, me sont toujours présentes. Notre-Seigneur me fait vivement sentir mon incapacité pour tout bien et ma profonde misère. L’Enfant-Jésus conduit son âne par la bride de sa sainte grâce; je n’ai qu’à obéir et à me renoncer. »

« Je faisais ce que je pouvais pour lui obéir [3], mais je me retrouvais bientôt dans la même route. Alors elle me permit de parler à un bon Père très versé dans la vie intérieure — il était religieux —, et elle me dit :

— Mon enfant, vous allez bien lui dire comment vous faites votre oraison et de quelle manière le bon Dieu vous conduit.

Je me rendis à cette charitable invitation avec reconnaissance, et j’ouvris mon âme à ce bon Père. Après avoir tout examiné, il me dit :

— Ma fille, continuez sans crainte; laissez Notre-Seigneur vous conduire, parce que vous avez établi le fondement sur l’esprit de mortification; dites à votre Révérende Mère que je suis content; je lui parlerai.

En effet, notre prudente Mère me permit de m’abandonner à l’esprit de Dieu; mais elle me donna le sage conseil d’être bien fidèle à la grâce, et de ne point rester dans l’inaction quand l’opération divine serait passée. Comme je n’avais alors aucun emploi qui pût me distraire de la présence de Dieu, mes journées tout entières ne faisaient qu’une pièce d’oraison, si je peux m’exprimer ainsi. Le travail ne troublait en rien mon entretien avec Notre-Seigneur. N’ayant point d’occasion de pratiquer le vertu, je n’avais pas grand mérite; mais bientôt notre Révérende Mère, qui veillait toujours sur mon âme pour son avancement spirituel, me donna un office très fécond sous ce rapport, l’office de portière.

Cet emploi distrayant ne sympathisait guère avec mon attrait pour le silence et l’oraison, mais je regardai le commandement de notre Mère comme un ordre du Ciel, et je m’y soumis avec joie dans la pensée que ce jour, qui était justement la fête de l’Incarnation, l’Enfant-Jésus me donnait un signe certain qu’il m’avait élue pour être sa petite domestique, et qu’il m’occuperait dans ce nouvel emploi à faire toutes les commissions de la maison; je fis au divin Enfant une nouvelle consécration à son service. »

 

LA STATUE DE L’ENFANT-JÉSUS

« Je désirais beaucoup avoir une petite statue de l’Enfant-Jésus, afin de pouvoir lui rendre mes hommages dans la journée; je n’osais pas m’adresser pour cela à notre Révérende Mère ; mais, un jour, il me sembla que ce divin Enfant m’excitait à faire ma demande. J’obéis à son inspiration, et cette faveur me fut accordée. Alors j’eus le saint Enfant-Jésus dans notre porterie, et je fus au comble de mes vœux; je lui offrais tous mes petits travaux, et, pour prix de mes commissions, je lui demandais des âmes. Ce divin Enfant me donna, malgré mon indignité, les grâces dont j’avais besoin pour mon emploi, de sorte qu’il ne nuisit point à l’esprit intérieur, et ne m’empêchait point d’être unie à Dieu comme auparavant durant l’oraison ; je travaillais pendant la journée pour le salut des brebis du saint Enfant-Jésus, et, à l’oraison, il me payait au centuple. Quelquefois aussi, pendant la journée, il venait visiter mon âme par une grâce puissante; je laissais alors un peu mon ouvrage quand je sentais son approche, afin de l’écouter plus à mon aise; mais pensant qu’il me fallait pour cela une permission, je la demandai à notre Révérende Mère. Comme sa charité pour mon âme la portait à ne rien négliger de ce qui pouvait m’exercer dans la vertu, elle me défendit de m’arrêter à ces opérations intérieures et ajouta :

— Je vous permets seulement, quand vous aurez l’esprit bien distrait, de vous recueillir un peu.

Et, grâce à Dieu, je suivais en tout ses sages conseils. »

« Je n’ai jamais senti mon âme aussi unie à Notre-Seigneur que pendant cet espace de temps [4]. Ce divin Maître opérait en moi quelque chose que je ne peux ni expliquer ni comprendre. Il me semblait l’entendre demander grâce à son Père pour ce royaume, et d’une manière si pressante, que j’en étais étonnée. Il me faisait parler en son nom, mais je comprends qu’en voulant expliquer ce mystère d’amour je ne réussis qu’à le dénaturer, je l’abandonne à Dieu. » [5]

 

DÉMÉNAGEMENT

UNE PAGE DES ANNALES :

« Depuis longtemps notre habitation mettait obstacle aux projets d’embellissement de la ville ; de plus, nos voisins avaient fait de nouvelles constructions qui dominaient entièrement notre maison et notre jardin; il en résultait de graves inconvénients pour la régularité, sans parler de l’insalubrité du lieu. Nous n’aurions pas néanmoins osé nous déterminer à un pareil changement; car nous ne pouvions supporter l’idée de quitter cet antique berceau de notre fondation, témoin des vertus de nos premières Mères, terre des saints que nous venions de recouvrer après tant de peines et de travaux. Mais, lorsqu’on s’y attendait le moins, des circonstances imprévues vinrent hâter le moment d’un sacrifice si redouté. Plusieurs personnes firent, pour acheter la maison, des propositions avantageuses ; les désagréments que nous éprouvions s’aggravaient chaque jour; les projets de la ville touchaient à leur exécution ; il fallait décidément prendre un parti. Avant de rien conclure, on du penser d’abord à se procurer un autre emplacement. Après beaucoup de recherches, Dieu dirigea les vues de nos supérieurs sur celui que nous réservait sa providence ; il était situé dans un quartier tranquille et solitaire, près de l’archevêché. Il n’y avait là aucune construction gênante, l’air y était pur; en un mot, il semblait choisi tout exprès pour notre genre de vie. On en fit aussitôt l’acquisition, comptant sur les trésors de notre Père céleste; car nous n’avions pas la moindre partie de ce qu’il fallait pour les frais d’une telle entreprise.

La première aumône reçue dans ce but mérite d’être citée. Elle vint d’un pauvre et vertueux vieillard; touché de nos malheurs, il nous donna la seule pièce qui lui restait, comme on l’a su depuis. Son offrande ressemblait à celle de la veuve de l’Évangile ; elle fut de même agréable à Dieu, car elle devint pour nous une source de bénédictions. Mais Notre-Seigneur, afin de tenir nos âmes dans un parfait abandon, permit que ces secours ne vinssent qu’à mesure qu’ils étaient nécessaires, à des heures où tout espoir semblait perdu, et presque toujours par des voies imprévues. Dans un moment de détresse, nous nous adressâmes à saint Yves, avocat des pauvres, et nous en reçûmes une assistance vraiment extraordinaire. Il inspira à une dame de haute naissance, dont la modestie nous oblige à cacher le nom, de nous donner des marques d’une bienveillance toute particulière, bien qu’elle connût à peine notre communauté. Elle s’acquit, avec le titre et les privilèges de bienfaitrice, les plus justes droits à notre reconnaissance.» [6]

 

SŒUR SAINT-PIERRE CHARGÉE DE PRIER POUR L’OBTENTION DES FONDS

« J’ai prié ce divin Enfant à cette intention, et lui ai demandé un terrain; mais j’ai cru entendre qu’il me répondais au fond de mon cœur: “Donnez-moi le terrain de votre âme”. J’ai compris parfaitement ce qu’il voulait me dire; il avait, lui aussi, une bâtisse à élever à la gloire de son Père, et il avait depuis longtemps choisi le méchant terrain de mon âme pour l’accomplissement de ses desseins, et, malgré mon indignité, il le voulait, afin qu’un si misérable instrument fit davantage éclater sa gloire. »

 

SŒUR SAINT-PIERRE S’EXPLIQUE

« Cette bonne Mère avait besoin d’un peu de récréation; je lui en ai donné une qui la fit beaucoup rire :

— Ma bonne Mère, lui dis-je, quand on n’a point d’argent et qu’on en a besoin, on vend son âne ; si vous coulez me vendre à l’Enfant-Jésus, il vous donnera de l’argent pour bâtir sa maison.

Notre Révérende Mère sourit à ma singulière proposition; mais j’insistai, et je lui dis :

— Ma Mère, je ne vaux pas grand-chose; mais puisque le saint Enfant me veut et qu’il me demande, il m’achètera”. Enchantée de pouvoir me vendre pour Notre-Seigneur, lui qui s’était laissé vendre par Judas pour mon amour, je dis alors: “Ma Mère, combien voulez-vous me vendre ?

Notre Révérende Mère vit sans doute par l’air d’assurance et le grand désir que je lui manifestais en lui adressant une si singulière demande, que Notre-Seigneur avait peut-être quelques desseins; elle parut y condescendre et me répondit :

— Eh bien, ma fille, vous direz à l’Enfant-Jésus que, si j’étais riche, je vous donnerais à lui; mais comme je suis pauvre et que j’ai besoin d’argent pour bâtir sa sainte maison, je me trouve obligée de vous vendre ; demandez-lui donc qu’il vous achète.

Cette réponse me causa un grand plaisir; je m’adressai au saint Enfant-Jésus, et le lui ai fait la commission de notre Révérende Mère: je l’ai conjuré en grâce de vouloir bien m’acheter, afin que je sois toute à lui selon sa volonté.

Une nuit que je priais avec ferveur, lui offrant l’amour des pasteurs, des rois mages et des autres saints qui l’avaient vu et adoré, je lui ai tressé ainsi une petite couronne en l’honneur des douze années de sa très sainte Enfance. Je pense que ce petit hommage lui fut fort agréable, car alors j’ai cru le voir dans l’intérieur de mon âme, et il me fit entendre ces paroles :

— Dites à votre mère prieure qu’elle écrive à telle personne, et elle lui enverra une aumône pour bâtir sa maison.

Oh ! quelle bonne nouvelle ! Voilà déjà une preuve que le saint Enfant-Jésus veut bien acheter son âne. J’allai à notre bonne Mère lui faire la commission. La personne en question demeurait à soixante lieues de Tours ; je la connaissais un peu, mais notre Révérende Mère ne la connaissais point. Cependant elle voulut s’assurer de la communication que je disais avoir eue, et elle lui écrivit sans rien dire de cette particularité. La réponse tardait à venir et je craignais un peu; mais le saint Enfant me rassura. Enfin, une lettre de cette demoiselle arrive, dans laquelle il y avait un billet de cinq cents francs. Cette aumône était une des premières que notre Mère prieure recevait; c’était comme les arrhes de tout ce que le divin Sauveur devait lui donner par la suite. Je fus comblée de joie à l’arrivée de ce billet, et je dis au saint Enfant-Jésus cinq cents Laudate en action de grâces. J’ai demandé à notre Révérende Mère si ce n’était pas là un prix plus que suffisant pour acheter un âne, et si elle consentait à me livrer au saint Enfant qui lui avait envoyé cette somme. Mais elle voulut encore éprouver ma patience, et pénétrer de plus en plus l’esprit qui me conduisait; elle m’expliqua qu’avant de me donner la permission que je demandais, elle avait besoin de bien d’autre d’argent pour construire la maison de Notre-Seigneur.» [7]

 

LA GRANDE BÂTISSE

« Notre-Seigneur me fit entendre combien c’était une chose glorieuse et méritoire de lui élever une demeure ; il me dit que notre Mère aurait bien de sollicitudes dans son entreprise, mais que je lui fournirais des pierres. Il me chargea aussi de l’avertir d ne point se tourmenter; que, si le monastère était construit selon l’esprit de sainte Thérèse, il payerait tout, et qu’on verrait arriver des aumônes de divers côtés.

— Mais, ajouta-t-il, si au contraire la maison n’est point bâtie selon cet esprit, payera qui voudra.

Je me trouvais un peu embarrassée de ma commission ; je n’osais pas trop m’en acquitter; cependant je me fis violence pour accomplir la volonté de Notre-Seigneur. Quand j’eus communiqué à notre Révérende Mère ce qu’il m’avait fait entendre, elle me dit qu’elle n’avait guère dormi la nuit précédente, par l’inquiétude de plan que son architecte lui avait proposé, et qui ne convenait pas à nos usages. Elle en dressa un autre parfaitement conforme à l’esprit de sainte Thérèse. Alors Notre-Seigneur eut lieu d’être plus content, et fut prêt à remplir sa promesse.»

— Faites lui donc une amende honorable pour réparer vos manquements, et priez-le de mettre votre âme dans l’état où elle se trouvait lorsqu’il se communiquait à elle.[8]

 

[1] L’abbé Panager, curé de Saint-Étienne de Rennes.

[2] Document A - page 53.

[3] A la Mère supérieure qui voulait la faire marcher par une voie ordinaire.

[4] Le Seigneur l’avait appliquer à prier pour l’Espagne où les religieux étaient persécutés et envoyés en exil.

[5] Document A - page 62.

[6] Chronique de la Communauté des religieuses Carmélites de Tours; Page 75.

[7] Document A; page 63.

[8] La sœur avait parlé à la Mère prieure de ses rapports privilégiés avec Jésus, avant même qu’elle ne rentre au Carmel.

Wednesday, 26 November 2025

Wednesday's Good Reading: “The Charge Of The Light Brigade” by Alfred Tennyson (in English)

 

Half a league half a league,

Half a league onward,

All in the valley of Death

Rode the six hundred:

'Forward, the Light Brigade!

Charge for the guns' he said:

Into the valley of Death

Rode the six hundred.

 

'Forward, the Light Brigade!'

Was there a man dismay'd ?

Not tho' the soldier knew

Some one had blunder'd:

Theirs not to make reply,

Theirs not to reason why,

Theirs but to do & die,

Into the valley of Death

Rode the six hundred.

 

Cannon to right of them,

Cannon to left of them,

Cannon in front of them

Volley'd & thunder'd;

Storm'd at with shot and shell,

Boldly they rode and well,

Into the jaws of Death,

Into the mouth of Hell

Rode the six hundred.

 

Flash'd all their sabres bare,

Flash'd as they turn'd in air

Sabring the gunners there,

Charging an army while

All the world wonder'd:

Plunged in the battery-smoke

Right thro' the line they broke;

Cossack & Russian

Reel'd from the sabre-stroke,

Shatter'd & sunder'd.

Then they rode back, but not

Not the six hundred.

 

Cannon to right of them,

Cannon to left of them,

Cannon behind them

Volley'd and thunder'd;

Storm'd at with shot and shell,

While horse & hero fell,

They that had fought so well

Came thro' the jaws of Death,

Back from the mouth of Hell,

All that was left of them,

Left of six hundred.

 

When can their glory fade?

O the wild charge they made!

All the world wonder'd.

Honour the charge they made!

Honour the Light Brigade,

Noble six hundred!

Tuesday, 25 November 2025

Tuesday's Serial: “Scarface” by Armitage Trail (in English) - the end.

 

CHAPTER XXV

The newspapers the following afternoon gave Tony a shock. The Police Commissioner, in a lengthy statement about Flanagan's daring assas­sination, said that he felt that younger men were necessary to cope with these modern gangsters, and announced the promotion of Lieutenant Ben Gua­rino to Captain and Chief of Detectives. The new Chief, in a statement of his own, announced it as his opinion that the affair of the night before was the work of Tony Camonte and his gang, and promised to run Tony out of town or kill him in the attempt.

Tony laughed at that; then he frowned. It wasn't a nice thought to know that your own brother had sworn publicly to hunt you to the death. God! This family mix-up in his affairs was beginning to get on his nerves. Then Tony's jaw set and his eyes flashed. If they ever met in a situation where only one could escape, Ben would be just another dick in his eyes.

Tony went down to dinner in the dining-room of his hotel that evening feeling rather well-pleased with himself. One of the waitresses came forward to serve him, her crisply-starched white uniform rustling stiffly. He gave his order without looking up. But when she served his soup, her finely mani­cured hands caught his attention. From the hands, his glance strayed to her figure, the perfection of which drew his gaze upward to the face. Then he almost jumped out of his chair. For the girl was his sister, Rosie.

"You!" he exclaimed.

"Yes," she answered breathlessly in a low tone. "I hoped you wouldn't notice. But I had to do something, now that Mike's dead, and this was all I could find."

She hurried away before he could comment or question her further. Tony dipped his spoon into the soup, then paused. That explanation of her presence here did not ring true. He knew that she did not have to work; the monthly sum he had his attorney send to his family was more than suffi­cient to take care of them all in luxury.

Then why was she here? Why, indeed, except to attempt vengeance upon him? He gazed at the soup, his black eyes glittering with suspicion. But the clear liquid told him nothing. Surreptitiously he emptied the contents of his water glass upon the floor, and poured some of the soup into the glass. Then he rose and, concealing the glass by his side, walked toward the door that led into the lobby of the small hotel.

"I've been called to the telephone," he explained with a forced smile as he passed her. "Be back in a minute."

Out in the lobby, he called one of his henchmen and handed the glass to him.

"Take that over to the drug store across the street right away and have it analyzed." he ordered. "I'll wait here till you get back."

His thoughts in a turmoil, he waited. But he was positive of the verdict even before his hench­man returned and breathlessly announced it! The soup contained enough poison to kill a mule, much less a man!

Tony walked back into the dining-room with his face an expressionless mask in which only the eyes glittered with life. The nerve of the girl, to get a job in his own hotel so that she could have the opportunity of poisoning him, of exacting the toll for Mike's death that the law had been unable to collect. God! She was his own sister, all right.

He stood beside his table and she came forward, only her flaming cheeks belying her outward cool­ ness.

"You get off at seven, don't you?" he said calmly.

"Yes. Why?"

"I have to go upstairs on business. When you get off, please bring the rest of my dinner up to my private office on the top floor of the hotel. There'll be a big tip in it," he added with an attempt at a smile, "and I want to have a little talk with you anyway."

He went up to his office, wondering if she would come of her own free will or at the behest of the gunmen he had ordered to keep a close watch upon her and bring her up in case she should try to get away without complying with his request. He hoped she would come by herself.

She did, already attired in an attractive street costume, and carrying a large tray with a number of covered dishes. She set the tray down on his desk. He looked up at her grimly.

"Are these things poisoned, too?" he asked.

She jerked so violently that she almost dropped the tray and her eyes widened in terror.

"I don't know what—" she stammered.

"There was enough poison in that soup you served me to kill a dozen men," he continued smoothly. "And they don't usually poison it in the kitchen. So you must have done it."

"Yes, I did," she snapped with sudden defiance. "I loved Mike and you murdered him. You cheated the law but I resolved that you shouldn't cheat me. And I got this job so I could get you. But you've found it out. Now, what are you going to do about it?"

The abrupt directness of her methods, so very like his own, disconcerted him for a moment. "I haven't decided," he admitted finally. "I ought to have you taken for a ride, but I think you're too brave to be finished up by a stab in the back like that. Do you realize the danger you're in?"

"Yes. I've known all the time what a long chance I was taking. But Mike was dead; what difference did it make?"

"Mike was a hoodlum," snapped Tony harshly. "A gunman and a thug. He'd killed a lot of people and was always ready to kill more whenever I said the word and was ready to pay the price."

"I suppose you think you're better," sneered the girl.

"That's not the question. We're talking about Mike. He wasn't worthy of any girl's love. But I want you to know that I had no idea you two were married. I thought he was just going to take advantage of you, as he had so many other girls. That's why I—I bumped him off."

A tenderness had come into Tony's voice. He caught himself as he saw her staring at him, wide-eyed.

"What's the matter?" he demanded.

"N-n-nothing. For a minute, you seemed so much like—somebody I—I once knew."

Tony breathed hoarsely for an instant and turned away so that she could see only the scarred side of his face. She had almost recognized him.

"I'm sorry about Mike. But it just had to be," he said doggedly. "And you'll be a lot better off. Some day you'll thank me for what I did. So run along and forget Mike. And from now on, be care­ful of the guys you pick. You're too nice a girl to be chasing around with gunmen."

"How would you like to mind your own business?" she blazed, her eyes glistening with incipient tears.

"Fine. You might do the same. And don't try to poison any more gang leaders; some of 'em might not like it. . . . If you need any money—" "I don't," she snapped proudly. "And I won't. We have plenty."

Tony felt a thrill of satisfaction. They would never know, of course, that their prosperity was due to him. But he was glad that he had been able to make them comfortable.

"All right, then—girlie," he said slowly. "And just remember that you're the only person that ever tried to kill Tony Camonte and lived to tell about it."

Still staring at him curiously, a perplexed frown wrinkling her brows, she finally departed. Tony heaved a long sigh. Well, that was over.

Abruptly he switched his agile, daring mind back to the matter which had become an obsession with him—the wreaking of vengeance upon the officials to whom he had paid so much but who, in time of crisis, had betrayed him. And then he realized that there was something bigger to all this than venting his personal spite upon these officials who had betrayed not only him but their trust.

For the first time in his hectic life he felt the social impulse which is, at once, the cause and the result of civilization—the realization that the wel­fare of mankind was more important than his own preservation, the realization that he owed something to the world.

In the grip of new emotions, of strange ideas and convictions hitherto foreign to him, he wrote steadily for two hours. When he had finished he read through the pile of sheets with grim satisfac­tion, then folded and sealed them, together with a small black leather-covered notebook, in a large envelope, across whose face he wrote: To be delivered unopened to the "Evening American" the day after my death. Then he locked it up in his desk.

He realized, of course, the sensation that would follow its ultimate publication but he had no idea that he had just written, with amazing brevity and directness, the most significantly damning indictment of American political machines ever composed. Yet that proved to be the case.

Its publication, unknown to him, was to cause the suicide of half a dozen prominent men, the ruination of innumerable others, a complete reorganization of the government and police adminis­tration of not only that city but many others; and, by its revelation to the common voter behind the scenes of activities of so-called public servants, and their close connection with the underworld, was to prove the most powerful weapon of modern times for the restoration of decent, dependable government in the larger cities.

But he would have laughed unbelievingly had any one told him that now. And he wouldn't have been particularly interested. This social con­sciousness that had come over him for a time was too new a thing to him to be permanent. Already he was hungry again for action, for personal vengeance against those whom he felt had it coming to them. His cunning mind leaped to the problem which was, momentarily, his main purpose in life—the killing of Moran, that ratty assistant district attorney.

The telephone at his elbow jangled loudly in the complete silence of the room. He lifted the re­ceiver, growled a curt "Hello," and listened to the voice that came rapidly to him with its report. When he hung up, his eyes were sparkling.

Five minutes later, he and four of his most trusted men—that is, best paid—drove away in a high-powered sedan. To the far South Side they drove rapidly, yet at a pace not sufficiently rapid to attract attention. For they were in enemy territory there. If their presence was discovered, a dozen carloads of gansters, representing the various small and always turbulent South Side mobs—would be gunning for them.

There was danger, too, from detective bureau squad cars. With the contents of his car what it was, Tony realized that it would be impossible for him to give a satisfactory explanation of his presence in enemy territory. And if they should hap­pen to be picked up by a squad that wouldn't listen to reason, they should probably find themselves in a nasty jam.

Across the street from a saloon in a dark neigh­borhood, they stopped. The engine of their car had been cut off a block away and they had coasted up to their objective, the careful application of their well-greased brakes preventing any sound as they came to a halt. The chauffeur remained under the wheel, ready for the instant getaway that would be imperative, Tony and the other three men slipped on masks that completely concealed their faces. Then, carrying machine guns, they hurried silently across the street.

Noiselessly as ghosts they appeared in the doorway, their weapons poised ready for instant de­struction. A score of men were lined up at the bar. And at the end stood Moran, chatting chummily with four men who looked to be very improper com­panions for an assistant district attorney. In fact, two of them were prominent Irish bootleggers of the far South Side jungles, whom he had prosecuted unsuccessfully for murder not many months before.

The bartender, facing the door, was the first to see the masked intruders as they stood silently side by side with ready weapons. The way he stiffened and stared attracted the notice of the others because they began turning around to see what held his fascinated gaze.

"Hands up, everybody!" barked Tony brusquely.

"My God! It's—" cried Moran, but the rest of the sentence was drowned in the vicious stutter­ing of Tony's machine gun.

Without so much as a gasp, Moran fell forward, almost cut in two by the hurtling stream of lead. Behind his mask, Tony smiled grimly and swung the spouting black muzzle to include the two Irish bootleggers. Anybody that could stand being chummy with Moran was sure to be a rat and much better out of the way, and these two were notorious bad eggs anyway. As he watched them drop, Tony felt that he had accomplished a civic improvement. And undoubtedly he had saved the state the ex­pense of trying to hang them again at some future time.

Tony loosened the pressure of his forefinger on the machine-gun's trigger and the abrupt silence that followed the gun's death rattle was startling.

"Any o' you other guys want a dose of this?" he demanded. The men cowered back against the bar, their lifted hands trembling. "Well, don't come outside for five minutes or you'll get it."

His henchman on the left turned and walked out­side, on the lookout for danger from that direction. Tony followed, then the other two men backed out. During the hectic two minutes inside the saloon, the chauffeur had turned the car around and it stood humming angrily at the curb. They all leaped in and it roared away.

Tony was exultant. He had settled all his local scores now, except that with the D.A. himself and the contents of that envelope he had sealed not long before would take care of him—and how! But there was that New York crowd that were trying to invade his domain and who had tried to bump him off just before his trial. Tony frowned and gritted his teeth when he thought of them.

 

 

CHAPTER XXVI

Money will accomplish miracles anywhere, especially in the underworld, and within twenty minutes from the time of Rosie Guarino's depar­ture from Tony's private office, Jane Conley's hired spy had telephoned the information to her. He hadn't been able to give her full details of what had transpired but he could testify that Tony had offered this girl money—which she had refused.

Knowing Tony, Jane felt able to fill in the gaps herself. And it all left her gasping with fury. The fact that she was entirely mistaken in her conclusions made her rage none the less violent. She'd show him that he couldn't two-time her and get away with it.

She was fed up with Tony, anyway. Of late, she had felt an almost irresistible longing for the reckless doings and excitement of her former activi­ties as a gun girl. But Tony wouldn't permit it. As long as she was his moll, she had to stay at home and behave herself. And home life, even in the luxurious abode he provided, had become wearisome.

She had been friendly with only one man. She had always had the retinue of admiring males that surround every beautiful woman, and she missed them now. She felt that she had become entirely submerged to Tony, just another of his many ex­pensive possessions. His supposed philandering was merely the match that set off the powder.

For more than two hours she brooded over it all, then she made up her mind. First she telephoned Captain Ben Guarino, and had a pleasant chat with him. It seemed reasonable to suppose that having the chief of detectives for a boy friend would be a valuable asset to a girl like her. And then she telephoned Tony at his office.

"I've been very busy to-night," he said de­fensively the moment he heard her voice.

"I'm sure you have," she assented, and he missed the edge in her tone.

"And say, baby, Moran had an accident."

"Really? Were you there?"

"Yeah. Just got back."

"That's splendid. Listen, Tony, I got a real piece of dope for you. That New York outfit have called a big meeting at Jake's place for midnight to-night. Those big shots from the East are figur­ing on organizing all the local guys that don't like you—it'll save them the trouble of bringing out a lot of their own muggs from New York."

"Jeez! Baby, where'd you hear that?"

"Never mind! You don't doubt it, do you? Didn't they try to bump you off—"

"Yeah, sure," asserted Tony eagerly. "And they're all goin' to be at Jake's Place to-night?"

"Yes. The New York crowd will be in dark blue Cadillacs—three or four carloads of 'em—and they'll prob'ly have the side curtains up. It's only about eleven-thirty now," she continued smoothly. "If you hurry, you might be able to meet 'em on the way out."

"Much obliged, baby. I'll sure do it."

Jane hung up slowly, a grim smile playing about her rather hard lips. If things went right, there'd be a nice story in the morning papers. If it didn't, she'd probably wake up with a lily in her hand. Well, what the hell—a girl only lived once and she might as well get all the kick she could out of life.

Tony's headquarters was humming with ac­tivity. Quickly he assembled four carloads of gunmen, gave them strict orders, then climbed in with the group in his personal sedan and the calvacade raced away.

Jake's Place was a large saloon and gambling establishment catering largely to underworld customers. It was frowsy, sordid and dangerous. Located in a remote, still undeveloped neighbor­hood almost at the city limits, it was an ideal set­ting for gangland deviltry. And it had been the scene of plenty.

Tony halted his crew a block away while he took stock of the situation. There were a number of cars parked around the large, frame building but nothing unusual. And he could see no dark blue Cadillacs, either with or without drawn side curtains. Perhaps the boys hadn't arrived yet; midnight was still ten minutes away.

Ah! There they were, a line of cars approach­ing along the other road that led from the city. In the darkness they looked black but they might be dark blue and they were Cadillacs, all right. There could be no doubt of that. On they came, close together, four of them.

Tony felt his heart leap and his grasp on the machine-gun resting in his lap tightened. This would be the biggest coup of his whole career, proving to the world at large that his domain was his, and his alone, not to be invaded by others, no matter how strong they might be in their own regions.

He snapped out orders in a low, tense tone and sent a man to relay them to the other cars. Four on each side. One each! His plan was simple and direct. His column would move forward, swing into the road beside the other, then rake the enemy with a terrific fire, annihilating them before they could recover from their surprise at the sudden attack. Each of his cars was to confine its mur­derous attention to one of the others, the one nearest.

Rapidly his column moved forward and swung into the other road. Tony lifted his machine gun and squeezed the trigger. The vicious rat-tat-tat deafened him but he could hear the same stutter­ing sound coming from his other cars. Then from the cars of the supposed enemy, clear and sharp above the firing, came the Clang! Clang! Clang! of gongs.

"Jeez!" groaned Tony. "It's cops!"

Instead of gangsters, those four cars contained squads of detectives from the bureau. What a horrible mistake! Not that he hated shooting cops, but because of the consequences that were bound to fall upon himself and his men. Unless—

Pandemonium reigned. Every one of the eight cars was flaming with gun-fire. The banging roar was terrific. Tony tried to keep his head in the bedlam. His forces were in a panic; killing officers was far different than killing enemy gansters. But there was no backing out now. It was a fight to the death.

His chauffeur, too busy to fight and mindful of his own safety as well as his employer's, tried to run for it. The big car leaped ahead, slewed around the first gang car and shot ahead. But one of the squad cars leaped after, like a spurred horse.

For more than a mile the chase lasted. The cars swayed, swerved, bounced. Spurts of fire leaped from gun muzzles in both cars. Two of Tony's men were unconscious from wounds and another, blood-covered, was raving incoherently, trying to climb out of the racing machine. Tony finally lifted a clenched fist and knocked him cold. He himself miraculously had not been hit. Nor had the chauffeur, apparently. But that squad car was hanging doggedly to their trail. Gaining a little, too.

Beside himself with fury, Tony smashed out the back window and cut loose with his machine gun, the acrid smoke filling his nose and mouth and making his eyes smart until he could hardly see. The jolting and high speed made an accurate aim impossible but he knew that some of his shots landed. And nothing happened. They must have a bullet-proof windshield. Well, their tires weren't bullet-proof. He depressed the hot, blazing muzzle of the machine-gun, aiming for the tires.

One of them blew out with a bang that sounded above the firing. The heavy car slewed around and toppled over into the ditch. Tony gave a hoarse, savage grunt of triumph. But it was short-lived. For at that moment his own car turned over. The chauffeur had misjudged a turn.

Tony was still conscious when the big car plowed to a stop, resting on its side. But there was no sound from the chauffeur. Tony vindictively hoped the fool was dead.

His head whirling, his breath coming in short, harsh gasps that did not suffice, Tony untangled himself from among the heap of dead and wounded.

Abruptly he stepped back behind the shelter of the car and rested the machine-gun muzzle on a fender. Two men had climbed out of the squad car and were walking cautiously toward him, revolvers glinting in their right hands. His teeth gritted, Tony squeezed the trigger. But nothing hap­pened; ’twas empty. He drew his automatic, so long his main bodyguard.

Taking careful aim, he fired. One of the men dropped. The other, warned by the shot, threw up his head and lifted his revolver. But Tony only stared; fascinated, while his nervous fingers refused to obey the command that his numbed mind was trying to send. For the man was his brother. Captain Ben Guarino, the new chief of detectives.

Tony saw the revolver flash, then his head snapped back from the impact of the bullet. Anyway, he had always faced it.

Two hours later, Captain Guarino sat in his office at the detective bureau receiving the admiring congratulations of his colleagues and telling them the details of the furious battle which had accom­plished the finish of the notorious Tony Camonte.

"Tony's old moll gimme the tip," he said complacently. "S'pose they'd had a fuss and she wanted to get back at him. She ain't a bad-lookin' dame, either; I met her at Tony's trial. Bet she got a wad of dough and jewelry outa him, too. Anyhow, she gimme a buzz 'bout 'leven-thirty to­-night and said Tony and his mob was goin' to pull off a big killin' out at Jake's Place at midnight. And that was my chance to get him with the goods.

"I could see that myself so I got some of the boys and went out. But you know, I can't see what made Tony and his mob start after us the minute they seen us—But God! wasn't it lucky his gun jammed? He was a dead shot, that guy; for a minute I thought sure I was goin' to wake up with a wreath on my chest. But you never can tell about an automatic."

But even an automatic can't jam when the trig­ger hasn't been pulled.

 

The end.