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Saturday, 17 December 2016

Pope’s Address to the New Recruits of the Swiss Guard, and Their Families by Pope Francis I (translated into English)

Lord Commander,

Reverend Chaplain,

Dear Guards,

Dear Relatives and Friends of the Papal Swiss Guards

On the day after your celebration, I am happy to meet with you and to celebrate with you, also to express my appreciation and my gratitude for your service, your availability and your fidelity to the Holy See. A particular greeting goes to the recruits and to their relatives, as well as to the representatives of the Swiss Authorities present here. It is good to see young men, like you, who dedicate some years of their life to the Church, specifically to the Successor of Peter: it is a unique occasion to grow in the faith, to experience the universality of the Church, and to have an experience of fraternity.
            To grow in the faith. You are called to live your work as a mission that the Lord Himself entrusts to you; to receive the time you spend here at Rome, in the heart of Christianity, as an opportunity to deepen your friendship with Jesus and to walk towards the aim of every true Christian life: holiness. Therefore, I invite you to nourish your spirit with prayer and listening of the Word of God; to participate with devotion in Holy Mass and to cultivate a filial devotion to the Virgin Mary, and thus fulfil your special mission, working every day  “acritier et fideliter,” with courage and with fidelity.
            To experience the universality of the Church. The Tombs of the Apostles and the See of the Bishop of Rome are the crossroads of pilgrims that come from all over the world. Thus you have the possibility to touch with the hand the maternity of the Church, which gathers in herself, in her unity, the diversity of so many peoples. You can encounter persons of different languages, traditions and cultures, but who regard themselves brothers because they share in common faith in Jesus Christ. It will do you good to discover their Christian testimony and to offer them, in turn, a serene and joyous evangelical witness.
            To have an experience of fraternity. This is also important: to be attentive to one another, to support one another in your daily work and to be enriched mutually, remembering always that “it is more blessed to give than to receive” (Acts 20:35). Know how to appreciate community life, the sharing of happy and of more difficult moments, paying attention to those among you who are in difficulty and sometimes are in need of a smile and of a gesture of encouragement and friendship. By assuming this attitude, you will also be favored in addressing with diligence and perseverance the small and big tasks of your daily service, witnessing kindness and a spirit of hospitality, altruism and humanity to all.
            Dear Guards, I hope that you will live your days intensely, firm in the faith and generous in charity to the persons you meet. May our Mother Mary help you, whom we honor in a special way in the month of May, to experience increasingly every day that profound communion with God, which for us believers begins on earth and will be full in Heaven. In fact, we are called, as Saint Paul reminds us, to be “fellow citizens with the saints and members of the household of God” (Ephesians 2:19). I entrust you, your families, your friends and all those who have come to Rome, on the occasion of the oath taking, to the intercession of Our Lady, of your Patrons, Saint Martin and Saint Sebastian. I ask you, please, to pray for me, and I impart to you my heartfelt Apostolic Blessing.

Thursday, 15 September 2016

Catéchèse a Propos de la Famille (11): " Les Trois Expressions" par Pape François I (translated into French)



Place Saint-Pierre, Mercredi 13 mai 2015

Chers frères et sœurs, bonjour!

            La catéchèse d’aujourd’hui est comme la porte d’entrée d’une série de réflexions sur la vie de la famille, sa vie réelle, avec ses temps et ses événements. Sur cette porte d’entrée, trois mots sont écrits, que j’ai déjà utilisés plusieurs fois sur la Place. Et ces mots sont: «S’il te plaît», «merci», «pardon». En effet, ces mots ouvrent la voie pour bien vivre en famille, pour vivre en paix. Ce sont des mots simples, mais pas si simples à mettre en pratique! Ils contiennent une grande force: la force de protéger la maison, également à travers mille difficultés et épreuves; en revanche leur absence, peu à peu, ouvre des failles qui peuvent aller jusqu’à son effondrement.
            Nous les considérons normalement comme les mots de la «bonne éducation». En effet, une personne bien élevée demande la permission, dit merci ou s’excuse si elle s’est trompée. La bonne éducation est effectivement très importante. Un grand évêque, saint François de Sales, avait l’habitude de dire que «la bonne éducation est déjà la moitié de la sainteté». Mais attention, dans l’histoire nous avons aussi connu un formalisme des bonnes manières qui peut devenir un masque qui cache la sécheresse de l’âme et le manque d’intérêt pour l’autre. On a l’habitude dire: «Derrière tant de bonnes manières se cachent de mauvaises habitudes». Même la religion n’est pas à l’abri de ce risque, qui fait glisser l’observance formelle dans la mondanité spirituelle. Le diable qui tente Jésus fait preuve de bonnes manières — c’est vraiment un seigneur, un chevalier — et il cite les Saintes Ecritures, il semble un théologien. Son style apparaît correct, mais son intention est de faire dévier de la vérité de l’amour de Dieu. Nous, en revanche, nous entendons la bonne éducation dans ses termes authentiques, où le style des bonnes relations est solidement enraciné dans l’amour du bien et dans le respect de l’autre. La famille vit de cette finesse de l’amour.
            Voyons donc: le premier mot est s’il te plaît. Quand nous nous préoccupons de demander avec gentillesse également ce que nous pensons pouvoir prétendre, nous établissons une véritable base pour l’esprit de la coexistence conjugale et familiale. Entrer dans la vie de l’autre, même quand il fait partie de notre vie, demande la délicatesse d’une attitude qui n’est pas envahissante, qui renouvelle la confiance et le respect. L’intimité, en somme, n’autorise pas à tout considérer comme acquis. Et l’amour, plus il est intime et profond, exige encore davantage le respect de la liberté et la capacité d’attendre que l’autre ouvre la porte de son cœur. A ce propos, rappelons la parole de Jésus dans le livre de l’Apocalypse: «Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi» (3, 20). Le Seigneur aussi demande la permission d’entrer! Ne l’oublions pas. Avant de faire quelque chose en famille: «S’il te plaît, est-ce que je peux le faire?». «Est-ce que cela te plaît si je fais ainsi?». Ce langage vraiment poli mais plein d’amour. Et cela fait beaucoup de bien aux familles.
            Le deuxième mot est merci. Parfois on arrive à penser que nous sommes devenus une civilisation des mauvaises manières et des mauvais mots, comme si cela était un signe d’émancipation. Nous l’entendons parfois dire même publiquement. La gentillesse et la capacité de remercier sont vues comme un signe de faiblesse, parfois elles suscitent même la méfiance. On doit s’opposer à cette tendance au sein même de la famille. Nous devons devenir plus intransigeants sur l’éducation à la gratitude, à la reconnaissance: la dignité de la personne et la justice sociale passent toutes les deux par là. Si la vie de famille néglige ce style, la vie sociale le perdra aussi. Ensuite, pour le croyant la gratitude est au cœur même de la foi: un chrétien qui ne sait pas remercier est quelqu’un qui a oublié la langue de Dieu. Cela est laid! Rappelons-nous de la question de Jésus, quand il guérit dix lépreux et que seul l’un d’eux revint le remercier (cf. Lc 17, 18). Une fois j’ai entendu une personne âgée, très sage, très bonne, simple, mais avec cette sagesse de la piété, de la vie, qui disait: «La gratitude est une plante qui ne grandit que dans la terre des âmes nobles». Cette noblesse d’âme, cette grâce de Dieu dans l’âme nous pousse à dire merci à la gratitude. C’est la fleur d’une âme noble. C’est là une belle chose.
            Le troisième mot est pardon. Un mot difficile, certes, mais pourtant si nécessaire. Lorsqu’il manque, les petites fissures s’élargissent — même sans le vouloir — jusqu’à devenir des douves profondes. Ce n’est pas pour rien si dans la prière enseignée par Jésus, le «Notre Père», qui résume toutes les questions essentielles de notre vie, nous trouvons cette expression: «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés» (Mt 6, 12). Reconnaître que l’on a eu un manquement, et être désireux de restituer ce qui a été retiré — le respect, la sincérité, l’amour — rend digne de pardon. Et ainsi se referme l’infection. Si nous ne sommes pas capables de présenter nos excuses, cela signifie que nous ne sommes pas non plus capables de pardonner. Dans une maison où l’on ne demande pas pardon, l’air commence à manquer, les eaux deviennent stagnantes. De nombreuses blessures des sentiments, de nombreux déchirements dans les familles commencent avec la perte de ce mot précieux: «pardonne-moi». Dans la vie conjugale, on se dispute si souvent... «les assiettes volent» aussi, mais je vous donne un conseil: ne finissez jamais la journée sans avoir fait la paix. Ecoutez bien: vous vous êtes disputés, mari et femme? Enfants avec les parents? Vous avez eu une grosse dispute? Ce n’est pas bien, mais là n’est pas le problème. Le problème est que ce sentiment soit encore présent le jour d’après. C’est pour cela que si vous vous êtes disputés, ne finissez jamais la journée sans faire la paix en famille. Et comment dois-je faire la paix? Me mettre à genoux? Non! Seulement un petit geste, une petite chose et l’harmonie familiale revient. Une caresse suffit, sans les mots. Mais ne jamais finir la journée sans faire la paix. Vous avez compris cela? Ce n’est pas facile mais on doit le faire. Et avec cela, la vie sera plus belle.
            Ces trois mots-clés de la famille sont des mots simples, et sans doute nous font-ils tout d’abord sourire. Mais quand nous les oublions, il n’y a plus de quoi rire, n’est-ce pas? Sans doute notre éducation les néglige-t-elle trop. Que le Seigneur nous aide à les remettre au bon endroit, dans notre cœur, dans notre maison, et également dans notre cohabitation civile. Ce sont les mots pour entrer réellement dans l’amour de la famille.
            Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, venus de France et d’autres pays. Je salue particulièrement les membres de l’Entraide missionnaire internationale. Chers amis, j’encourage vivement votre service des Congrégations et des Diocèses pour faciliter l’accès de leurs membres aux soins de santé et favoriser ainsi leur dévouement à la mission. Je demande au Seigneur de faire grandir chez tous le souci de l’annonce de la joie de l’Évangile. Que Dieu vous bénisse !

Thursday, 4 August 2016

Catéchèse a Propos de la Famille (10.2): "Le Mariage" par Pape François I (translated into French)



Place Saint-Pierre, Mercredi 6 mai 2015

Chers frères et sœurs, bonjour !
            Sur notre chemin de catéchèse sur la famille, nous abordons aujourd’hui directement la beauté du mariage chrétien. Celui-ci n’est pas simplement une cérémonie qui a lieu à l’église, avec des fleurs, des vêtements de cérémonie, des photographies... Les mariage chrétien est un sacrement qui a lieu dans l’Église, et qui fait aussi l’Église, marquant le début d’une nouvelle communauté familiale.
            C’est cela que l’apôtre Paul résume dans sa célèbre expression : « Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église » (Ep 5, 32). Inspiré par l’Esprit Saint, Paul affirme que l’amour entre les conjoints est l’image de l’amour entre le Christ et l’Église. Une dignité impensable ! Mais en réalité, elle est inscrite dans le dessein créateur de Dieu, et avec la grâce du Christ d’innombrables couples chrétiens, malgré leurs limites, leurs péchés, l’ont réalisée !
            Saint Paul, en parlant de la nouvelle vie en Christ, dit que les chrétiens — tous — sont appelés à s’aimer comme le Christ les a aimés, c’est-à-dire « soumis les uns aux autres » (Ep 5, 21), ce qui signifie au service les uns des autres. Et il introduit ici l’analogie entre le couple mari-femme et celui Christ-Église. Il est clair qu’il s’agit d’une analogie imparfaite, mais nous devons en saisir le sens spirituel qui est très élevé et révolutionnaire, et dans le même temps simple, à la portée de chaque homme et femme qui se confient à la grâce de Dieu.
            Le mari — dit Paul — doit aimer sa femme « comme son propre corps » (Ep 5, 28) ; l’aimer comme le Christ « a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (v. 25). Mais vous les maris qui êtes ici présents, comprenez-vous cela ? Aimer votre femme comme le Christ aime l’Église ? Il ne s’agit pas de plaisanteries, mais de choses sérieuses ! L’effet de ce radicalisme du dévouement demandé à l’homme, pour l’amour et la dignité de la femme, à l’exemple du Christ, doit avoir été immense, dans la communauté chrétienne elle-même.
            Cette semence de la nouveauté évangélique, qui rétablit la réciprocité originelle du dévouement et du respect, a mûri lentement au cours de l’histoire, mais à la fin a prévalu.
            Le sacrement du mariage est un grand acte de foi et d’amour : il témoigne du courage de croire en la beauté de l’acte créateur de Dieu et de vivre cet amour qui le pousse à aller toujours au-delà, au-delà de soi-même et aussi au-delà de sa propre famille. La vocation chrétienne à aimer sans réserve et sans mesure est ce qui, avec la grâce du Christ, se trouve également à la base du libre consentement qui constitue le mariage.
            L’Église elle-même participe pleinement à l’histoire de chaque mariage chrétien: elle s’édifie par ses réussites et souffre de ses échecs. Mais nous devons nous interroger avec sérieux: acceptons-nous jusqu’au bout, nous-mêmes, en tant que croyants et que pasteurs également ce lien indissoluble de l’histoire du Christ et de l’Église avec l’histoire du mariage et de la famille humaine ? Sommes-nous disposés à prendre sérieusement cette responsabilité, c’est-à-dire que chaque mariage prend la route de l’amour que le Christ a pour l’Église ? Cela est grand !
            Dans cette profondeur du mystère propre à la créature, reconnu et rétabli dans sa pureté, s’ouvre un deuxième grand horizon qui caractérise le sacrement du mariage. La décision de « se marier dans le Seigneur » contient aussi une dimension missionnaire, qui signifie avoir dans son cœur la disponibilité à devenir l’intermédiaire de la bénédiction de Dieu et de la grâce du Seigneur pour tous. En effet, les époux chrétiens participent en tant qu’époux à la mission de l’Église. Il faut du courage pour cela ! C’est pourquoi quand je salue les nouveaux époux, je dis : « Voilà les courageux », car il faut du courage pour s’aimer ainsi comme le Christ aime l’Église.
            La célébration du sacrement ne peut faire abstraction de cette coresponsabilité de la vie familiale à l’égard de la grande mission d’amour de l’Église. Et ainsi, la vie de l’Église s’enrichit chaque fois de la beauté de cette alliance sponsale, de même qu’elle s’appauvrit chaque fois qu’elle est défigurée. L’Église, pour offrir à tous les dons de la foi, de l’amour et de l’espérance, a également besoin de la fidélité courageuse des époux à la grâce de leur sacrement! Le peuple de Dieu a besoin de leur chemin de foi quotidien, dans l’amour et dans l’espérance, avec toutes les joies et les difficultés que ce chemin comporte dans un mariage et dans une famille.
            La route est ainsi tracée pour toujours, c’est la route de l’amour. Le Christ ne cesse de prendre soin de l’Église : il l’aime toujours, il la protège toujours, comme lui-même. Le Christ ne cesse d’ôter de son visage humain les taches et les rides de toutes sortes. Ce rayonnement de la force et de la tendresse de Dieu qui se transmet d’un couple à un autre, d’une famille à une autre, est émouvant est très beau. Saint Paul a raison : c’est vraiment un « grand mystère » ! Des hommes et des femmes, assez courageux pour porter ce trésor dans les « vases d’argile » de notre humanité, sont — ces hommes et ces femmes si courageux — une ressource universelle pour l’Église, également pour le monde entier ! Que Dieu les bénisse mille fois pour cela !

APPEL
            Dans les prochains jours sera commémoré dans certaines capitales le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième guerre mondiale en Europe. A cette occasion, je confie au Seigneur, par l’intercession de Marie Reine de la Paix, le souhait que la société humaine apprenne des erreurs du passé et qu’également face aux conflits actuels, qui déchirent certaines régions du monde, tous les responsables civils s’engagent dans la recherche du bien commun et dans la promotion de la culture de la paix.

* * *

Je salue cordialement les pèlerins francophone venus de France, de Suisse et de Belgique, en particulier le pèlerinage diocésain de Cambrai avec Monseigneur François Garnier, et les familles de la Garde Suisse Pontificale.
En ce début de mois de Marie je vous invite à renouveler votre amour envers la Mère de Jésus, passant un peu plus de temps auprès d’elle. Présentez lui avec confiance toutes vos intentions.
Bon pèlerinage à Rome !

Friday, 24 June 2016

Catéchèse a Propos de la Famille (10.1): "Le Mariage" par Pape François I (translated into French)



Place Saint-Pierre, Mercredi 29 avril 2015

Chers frères et sœurs, bonjour !
         Notre réflexion sur le dessein originel de Dieu sur le couple homme-femme, après avoir considéré les deux récits du Livre de la Genèse, s’adresse à présent directement à Jésus.
           L’évangéliste Jean, au début de son Évangile, rapporte l’épisode des noces de Cana, auxquelles étaient présentes la Vierge Marie et Jésus, avec ses premiers disciples (cf. Jn 2, 1-11). Jésus non seulement participa à ce mariage, mais il « sauva la fête » avec le miracle du vin ! Il accomplit donc le premier de ses signes prodigieux, par lequel il révèle sa gloire, dans le cadre d’un mariage, et ce fut un geste de grande sympathie pour cette famille naissante, sollicité par la préoccupation maternelle de Marie. Cela nous rappelle le livre de la Genèse, lorsque Dieu finit l’œuvre de la création et fait son chef-d’œuvre ; le chef-d’œuvre est l’homme et la femme. Et ici, Jésus commence précisément ses miracles par ce chef-d’œuvre, dans un mariage, des noces : un homme et une femme. Ainsi, Jésus nous enseigne que le chef-d’œuvre de la société est la famille : l’homme et la femme qui s’aiment ! Voilà le chef-d’œuvre !
            Depuis l’époque des noces de Cana, beaucoup de choses ont changé, mais ce « signe » du Christ contient un message toujours valable.
            Aujourd’hui, il ne semble pas facile de parler du mariage comme d’une fête qui se renouvelle dans le temps, dans les diverses périodes de toute la vie des conjoints. C’est un fait, les personnes qui se marient sont toujours moins nombreuses ; cela est un fait : les jeunes ne veulent pas se marier. Dans de nombreux pays augmente en revanche le nombre des séparations, tandis que diminue le nombre des enfants. La difficulté à rester ensemble — tant comme couple, que comme famille — conduit à rompre les liens avec toujours plus de fréquence et de rapidité, et les enfants sont précisément les premiers à en subir les conséquences. Mais pensons que les premières victimes, les victimes les plus importantes, les victimes qui souffrent le plus dans une séparation sont les enfants. Si l’on fait l’expérience dès l’enfance du fait que le mariage est un lien « à durée déterminée », inconsciemment pour nous, il en sera ainsi. En effet, de nombreux jeunes sont conduits à renoncer au projet même d’un lien irrévocable et d’une famille durable. Je crois que nous devons réfléchir de façon très sérieuse sur la raison pour laquelle tant de jeunes « n’ont pas envie » de se marier. Il y a cette culture du provisoire... Tout est provisoire, il semble qu’il n’y ait rien de définitif.
            Le fait que les jeunes ne veulent pas se marier est une des préoccupations qui apparaissent aujourd’hui: pourquoi les jeunes ne se marient-ils pas ? Pourquoi préfèrent-ils souvent un concubinage, et très souvent « à responsabilité limitée ? » ; pourquoi beaucoup de personnes — également parmi les baptisés — ont-elles peu de confiance dans le mariage et dans la famille ? Il est important de chercher à comprendre, si nous voulons que les jeunes puissent trouver la voie juste à parcourir. Pourquoi n’ont-ils pas confiance dans la famille ?
            Les difficultés ne sont pas seulement à caractère économique, bien que celles-ci soient vraiment sérieuses. Beaucoup de personnes considèrent que le changement qui a eu lieu ces dernières décennies s’est amorcé à la suite de l’émancipation de la femme. Mais même cet argument n’est pas valable, cela est faux, ce n’est pas vrai ! C’est une forme de machisme, qui veut toujours dominer la femme. Nous faisons la piètre figure qu’a faite Adam quand Dieu lui a dit : « Mais pourquoi as-tu mangé le fruit de l’arbre ?, et qu’il a répondu : « La femme me l’a donné ». Et la faute est attribuée à la femme. Pauvre femme ! Nous devons défendre les femmes ! En réalité, presque tous les hommes et les femmes voudraient une sécurité affective stable, un mariage solide et une famille heureuse. La famille est au sommet de tous les critères de satisfaction chez les jeunes ; mais, par peur de se tromper, beaucoup d’entre eux ne veulent même pas y penser ; bien qu’étant chrétiens, ils ne pensent pas au mariage sacramentel, signe unique et irremplaçable de l’alliance, qui devient témoignage de la foi. C’est peut-être précisément cette peur de l’échec qui représente le plus grand obstacle à l’accueil de la parole du Christ, qui promet sa grâce à l’union conjugale et à la famille.
            Le témoignage le plus persuasif de la bénédiction du mariage chrétien est la bonne vie des époux chrétiens et de la famille. Il n’y a pas de meilleure façon de traduire la beauté du sacrement ! Le mariage consacré par Dieu protège ce lien entre l’homme et la femme que Dieu a béni dès la création du monde ; et il est source de paix et de bien pour toute la vie conjugale et familiale. Dans les premiers temps du christianisme, par exemple, cette grande dignité du lien entre l’homme et la femme fit disparaître un abus alors considéré comme tout à fait normal, c’est-à- dire le droit des maris de répudier leurs femmes, même pour des motifs les plus fallacieux et humiliants. L’Évangile de la famille, l’Évangile qui annonce précisément ce sacrement a vaincu cette culture de la répudiation habituelle.
            La semence chrétienne de l’égalité radicale entre les conjoints doit aujourd’hui porter de nouveaux fruits. Le témoignage de la dignité sociale du mariage deviendra persuasif précisément par cette voie, la voie du témoignage qui attire, la voie de la réciprocité entre eux, de la complémentarité entre eux.
            C’est pourquoi, en tant que chrétiens, nous devons devenir plus exigeants à cet égard. Par exemple : soutenir fermement le droit à une rétribution égale pour un travail égal ; pourquoi pense-t-on qu’il est évident que les femmes doivent moins gagner que les hommes ? Non ! Elles ont les mêmes droits. L’inégalité est un pur scandale ! Dans le même temps, reconnaître comme une richesse toujours valable la maternité des femmes et la paternité des hommes, en particulier au bénéfice des enfants. De même, la vertu de l’hospitalité des familles chrétiennes revêt aujourd’hui une importance cruciale, en particulier dans les situations de pauvreté, de dégradation, de violence familiale.
            Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur d’inviter Jésus à nos noces, de l’inviter chez nous, pour qu’il soit présent avec nous et protège notre famille. Et n’ayons pas peur d’inviter également sa Mère Marie ! Les chrétiens, quand ils se marient « dans le Seigneur », sont transformés en un signe concret de l’amour de Dieu. Les chrétiens ne se marient pas seulement pour eux-mêmes : ils se marient dans le Seigneur en faveur de toute la communauté, de la société tout entière.
            Je parlerai aussi dans ma prochaine catéchèse de cette belle vocation du mariage chrétien.
            Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les prêtres du diocèse de Beauvais, avec leur Évêque Mgr Benoît-Gonnin, les jeunes de Marseille, avec l’Archevêque Mgr Pontier et les nombreux pèlerins venus de France. Je vous invite à vivre la fraternité, l’accueil et le partage, en véritables disciples du Christ. Que Dieu vous bénisse !