Leonor se despe,
o guarda vigia,
caminha louca,
aguarda a lua,
moleca Leonor.
Tuesday, 31 May 2016
Monday, 30 May 2016
Saturday, 28 May 2016
Two Poems by José Thiesen (in Portuguese)
Vaga-lumes voam sobre o lago verde,
a Lua olha e sorri.
Atiro-lhe uma pedra e o lago canta.
***
Acolhe o pequenino que te procura,
dá-lhe abrigo e também o que comer,
vestir, beber. Dá-lhe do teu sangue,
gota por gota, e teu amor também.
Acolhe o pequenino que te procura,
faz-te importante e grande, mesmo, e
que tua pequenez seja conhecida.
Há uma estranha ciência e infalível
método em achar a quem dar cuidado.
Acolhe o pequenino que te procura,
pois isso há de aquecer o outono
de tua existência fria, pequena, cheia
dum impoluto inútil, e frio vazio.
a Lua olha e sorri.
Atiro-lhe uma pedra e o lago canta.
***
Acolhe o pequenino que te procura,
dá-lhe abrigo e também o que comer,
vestir, beber. Dá-lhe do teu sangue,
gota por gota, e teu amor também.
Acolhe o pequenino que te procura,
faz-te importante e grande, mesmo, e
que tua pequenez seja conhecida.
Há uma estranha ciência e infalível
método em achar a quem dar cuidado.
Acolhe o pequenino que te procura,
pois isso há de aquecer o outono
de tua existência fria, pequena, cheia
dum impoluto inútil, e frio vazio.
Friday, 27 May 2016
Prière à Saint-Michel de la Exorcisme du Pape Léon XIII (in Latin and French)
Ad S. Michaelem Archangelum precatio - Princeps gloriosissime coelestis
militiae, sancte Michael Archangele, defende nos in proelio et colluctatione,
quae nobis est adversus principes et potestates, adversus mundi rectores
tenebrarum harum, contra spiritualia nequitiae, in coelestibus. (Ephes. 6) Veni
in auxilium hominum; quos Deus creavit inexterminabiles, et ad imaginem
similitudinis suae fecit, et a tyrannide diaboli emit pretio magno. (Sap. 2-1.
Cor. 6) Proeliare hodie cum beatorum Angelorum exercitu proelia Domini, sicut
pugnasti olim contra ducem superbiae luciferum et angelos ejus apostaticos; et
non valuerunt, neque locus inventus est eorum amplius in coelo. Sed projectus
est draco ille magnus, serpens antiquus, qui vocatur diabolus et satanas, qui
seducit universum orbem ; et projectus est in terram, et angeli ejus cum illo
missi sunt. (Apoc. 12) En antiquus inimicus et homicida vehementer erectus est.
Transfiguratus in angelum lucis, cum tota malignorum spirituum caterva late
circuit et invadit terram, ut in ea deleat nomen Dei et Christi ejus, animasque
ad aeternae gloriae coronam destinatas furetur, mactet ac perdat in sempiternum
interitum. Virus nequitiae suae, tamquam flumen immundissimum, draco maleficus
transfundit in homines depravatos mente et corruptos corde: spiritum mendacii,
impietatis et blasphemiae; halitumque mortiferum luxuriae, vitiorum omnium et
iniquitatum. - Ecclesiam, Agni immaculati sponsam, vaferrimi hostes repleverunt
amaritudinibus, inebriarunt absinthio; ad omnia desiderabilia ejus impias
miserunt manus. Ubi sedes beatissimi Petri et Cathedra veritatis ad lucem
gentium constituta est, ibi thronum posuerunt abominationis impietatis suae ;
ut percusso Pastore, et gregem disperdere valeant.
Adesto itaque, Dux invictissime, populo Dei
contra irrumpentes spiritales nequitias, et fac victoriam. Te custodem et
patronum sancta veneratur Ecclesia; te gloriatur defensore adversus
terrestrium et infernorum nefarias potestates; tibi tradidit Dominus animas
redemptorum in superna felicitate locandas.
Deprecare Deum pacis, ut
conterat satanam sub pedibus nostris, ne ultra valeat captivos tenere homines,
et Ecclesiae nocere. Offer nostras preces in conspectu Altissimi, ut cito
anticipent nos misericordiae Domini, et apprehendas draconem serpentem
antiquum, qui est diabolus et satanas, ac ligatum mittas in abyssum, ut non
seducat amplius gentes. (Apec. 20.)
Hinc tuo confisi praesidio
ac tutela, sacra Sanctae Matris Ecclesiae auctoritate, ad infestationes
diabolicae fraudis repellendas in nomine Jesu Christi Dei et Domini nostri
fidentes et securi aggredimur.
V. - Ecce Crucem Domini, fugite partes adversae,
R. - Vicit leo de tribu Juda, radix
David.
V. - Fiat misericordia tua, Domine, super nos.
R. - Quemadmodum speravimus in te.
V. - Domine, exaudi orationem meam.
R. - Et clamor meus ad te veniat.
V. - Dominus vobiscum.
R. - Et cum spiritu tuo.
Oremus - Deus, et Pater Domini nostri Jesu
Christi, invocamus nomen sanctum tuum, et clementiaim tuam supplices exposcimus: ut per intercessionem immaculatae semper Virginis Dei Genitricis Mariae,
beati Michaelis Archangeli, beati Joseph ejusdem beatae Virginis Sponsi,
beatorum Apostolorum Petri et Pauli et omnium Sanctorum, adversus satanam,
omnesque alios imundos spiritus, qui ad nocendum humano generi animasque
perdendas pervagantur in mundo, nobis auxilium praestare digneris. Per
eumdem Christum Dominum nostrum.
R. Amen.
Prière à Saint-Michel: Très glorieux Prince de l'Armée Céleste,
Saint-Michel Archange, défendez-nous dans le combat et la lutte qui est la
nôtre contre les Principautés et les Puissances, contre les souverains de ce
monde de ténèbres, contre les esprits de malice répandus dans les airs. (Eph.
6, 10-12).
Venez en aide aux hommes, que Dieu a créés
incorruptibles, et faits à Son image et ressemblance, et rachetés à si haut
prix de la tyrannie du démon (Sg. 2, 23 - I Cor. 6, 20).
Combattez aujourd'hui, avec l'armée des Anges
bienheureux, les combats du Seigneur, comme vous avez combattu jadis contre le
chef de l'orgueil Lucifer et ses anges rebelles; et ils n'eurent pas le
dessus, et on ne trouva plus leur place dans le Ciel. Mais il fut jeté, ce
grand dragon, l'antique serpent, celui qu'on appelle diable et Satan, celui qui
égare le monde entier; et il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés
avec lui (Apoc. 12, 8-9).
Voilà que cet antique ennemi et homicide s'est
dressé avec véhémence. Déguisé en ange de lumière, avec toute la horde des
mauvais esprits, il parcourt et envahit la terre profondément, afin d'y effacer
le Nom de Dieu et de Son Christ, et de voler, tuer et perdre de la mort
éternelle les âmes destinées à la couronne de la gloire éternelle. Le poison de
sa malice, comme un fleuve répugnant, le dragon malfaisant le fait couler dans
des hommes à l'esprit dépravé et au cœur corrompu; esprit de mensonge,
d'impiété et de blasphème ; et souffle mortel de la luxure et de tous les vices
et iniquités.
L'Église, épouse de
l'Agneau Immaculé, des ennemis très rusés l'ont saturée d'amertume et abreuvée
d'absinthe; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'Elle a de plus
précieux. Là où a été établi le Siège du Bienheureux Pierre et la Chaire de la
Vérité pour la lumière des nations, là ils ont posé le trône de l'abomination
de leur impiété; de sorte qu'en frappant le Pasteur, ils puissent aussi
disperser le troupeau.
Soyez donc là, Chef
Invincible, auprès du peuple de Dieu, contre les assauts des forces
spirituelles du mal, et donnez-lui la victoire! C'est Vous que la
Sainte Église vénère comme Son Gardien et Son Patron. Vous qu'elle se fait gloire d'avoir comme
défenseur contre les puissances criminelles de la terre et de l'enfer. C'est à
vous que le Seigneur a confié les âmes rachetées pour les introduire dans la
Céleste Félicité.
Conjurez le Dieu de paix
d'écraser Satan sous nos pieds, afin qu'il ne puisse plus retenir les hommes
dans ses chaînes, et nuire à l'Église. Présentez au Très-Haut nos prières, afin
que, bien vite, nous préviennent les Miséricordes du Seigneur, et que Vous
saisissiez le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et Satan, et que
Vous le jetiez enchaîné dans l'abîme, en sorte qu'il ne puisse plus jamais
séduire les nations (Apoc. 20,3).
C'est pourquoi, comptant sur Votre main forte et
votre Protection, de par l'autorité Sacrée de notre Sainte Mère l'Église (Si
c’est un prêtre qui «opère», il ajoute: «et de notre ministère»), nous
entreprenons avec confiance et sûreté, au Nom de Jésus-Christ, notre Dieu et
Seigneur, de repousser les attaques et les ruses du démon.
V. Voici la Croix du Seigneur, fuyez, Puissances
ennemies !
R. Il a vaincu, le Lion de la Tribu de Juda,
le Rejeton de David !
V. Que Votre Miséricorde, Seigneur, s'exerce sur
nous !
R. Dans la mesure de notre espérance en Vous
!
V. Seigneur, exaucez ma prière !
R. Et que mon cri parvienne jusqu'à
Vous !
V. Le Seigneur soit avec vous !
R. Et avec votre esprit !
Prions: Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous invoquons
Votre Saint Nom, et nous lançons un appel suppliant à Votre Bonté afin que, par
l'intercession de Marie Immaculée, Mère de Dieu et toujours Vierge, de
Saint-Michel Archange, de Saint-Joseph, Époux de la même Vierge Sainte, des
Saints Apôtres Pierre et Paul et de tous les Saints, Vous daigniez nous
accorder Votre secours contre satan et tous les autres esprits impurs qui
rôdent dans le monde pour nuire au genre humain et perdre les âmes. Par le même
Christ Notre Seigneur.
R. Amen.
R. Amen.
Thursday, 26 May 2016
"Belote et Laidronette" by Jeanne Marie Leprince de Beaumont (in French)
Il y avait une fois un seigneur qui avait deux
filles jumelles, à qui l’on avait donné deux noms qui leur convenaient
parfaitement. L’aînée, qui était très belle, fut nommée Belote, et la
seconde, qui était fort laide, fut nommée Laidronette. On leur donna des
maîtres, et jusqu’à l’âge de douze ans, elles s’appliquèrent à leurs exercices;
mais alors leur mère fit une sottise, car sans penser qu’il leur restait encore
bien des choses à apprendre, elle les mena avec elle dans les assemblées. Comme ces deux filles aimaient à se
divertir, elles furent bien contentes de voir le monde, et elles n’étaient plus
occupées que de cela, même pendant le temps de leurs leçons; en sorte que leurs
maîtres commencèrent à les ennuyer. Elles trouvèrent mille prétextes pour ne
plus apprendre; tantôt il fallait célébrer le jour de leur naissance une autre
fois elles étaient priées à un bal, à une assemblée, et il fallait passer le
jour à se coiffer; en sorte qu’on écrivait souvent des cartes aux maîtres, pour
les prier de ne point venir. D’un autre côté les maîtres, qui voyaient que les
deux petites filles ne s’appliquaient plus, ne se souciaient pas beaucoup de
leur donner des leçons; car dans ce pays, les maîtres ne donnaient pas leçon
seulement pour gagner de l’argent, mais pour avoir le plaisir de voir avancer
leurs écolières. Ils n’y allaient donc guère souvent, et les jeunes
filles en étaient bien aises. Elles vécurent ainsi jusqu’à quinze ans, et à cet
âge, Belote était devenue si belle, qu’elle faisait l’admiration de tous ceux
qui la voyaient. Quand la mère menait ses filles en compagnie, tous les
cavaliers faisaient la cour à Belote; l’un louait sa bouche, l’autre ses yeux,
sa main, sa taille; et pendant qu’on lui donnait toutes ces louanges, on ne
pensait seulement pas que sa sœur fût au monde. Laidronette mourait de dépit
d’être laide, et bientôt elle prit un grand dégoût pour le monde et les
compagnies, où tous les honneurs et les préférences étaient pour sa sœur. Elle
commença donc à souhaiter de ne plus sortir: et un jour qu’elles étaient priées
à une assemblée, qui devait finir par un bal, elle dit à sa mère, qu’elle avait
mal à la tête, et qu’elle souhaitait de rester à la maison. Elle s’y ennuya
d’abord à mourir, et pour passer le temps, elle fut à la bibliothèque de sa
mère, pour chercher un roman, et fut bien fâchée de ce que sa sœur en avait
emporté la clef. Son père aussi avait une bibliothèque, mais c’étaient des
livres sérieux, et elle les haïssait beaucoup. Elle fut pourtant forcée d’en
prendre un: c’était un recueil de lettres, et en ouvrant le livre, elle trouva
celle que je vais vous rapporter :
Vous
me demandez, d’où vient que la plus grande partie des belles personnes sont
extrêmement sottes et stupides? Je crois pouvoir vous en dire la raison. Ce
n’est pas qu’elles aient moins d’esprit que les autres, en venant au monde;
mais c’est qu’elles négligent de le cultiver. Toutes les femmes ont de la
vanité; elles veulent plaire. Une laide connaît qu’elle ne peut être aimée à
cause de son visage; cela lui donne la pensée de se distinguer par son esprit.
Elle étudie donc beaucoup, et elle parvient à devenir aimable, malgré la
nature. La belle, au contraire, n’a qu’à se montrer pour plaire, sa vanité est
satisfaite: comme elle ne réfléchit jamais, elle ne pense pas que sa beauté n’aura
qu’un temps; d’ailleurs elle est si occupée de sa parure, du soin de courir les
assemblées pour se montrer, pour recevoir des louanges, qu’elle n’aurait pas le
temps de cultiver son esprit, quand même elle en connaîtrait la nécessité. Elle
devient donc une sotte tout occupée de puérilités, de chiffons, de spectacles;
cela dure jusqu’à trente ans, quarante ans au plus, pourvu que la petite
vérole, ou quelque autre maladie, ne viennent pas déranger sa beauté plus tôt.
Mais quand on n’est plus jeune, on ne peut plus rien apprendre: ainsi, cette
belle fille, qui ne l’est plus, reste une sotte pour toute sa vie, quoique la
nature lui ait donné autant d’esprit qu’à une autre; au lieu que la laide, qui
est devenue fort aimable, se moque des maladies et de la vieillesse, qui ne
peuvent rien lui ôter…
Laidronette,
après avoir lu cette lettre qui semblait avoir été écrite pour elle, résolut de
profiter des vérités qu’elle lui avait découvertes. Elle redemande ses maîtres,
s’applique à la lecture, fait de bonnes réflexions sur ce qu’elle lit, et en
peu de temps, devient une fille de mérite. Quand elle était obligée de suivre
sa mère dans les compagnies, elle se mettait toujours à côté des personnes en
qui elle remarquait de l’esprit, et de la raison, elle leur faisait des
questions, et retenait toutes les bonnes choses qu’elle leur entendait dire;
elle prit même l’habitude de les écrire, pour s’en mieux souvenir, et à
dix-sept ans, elle parlait et écrivait si bien, que toutes les personnes de
mérite se faisaient un plaisir de la connaître, et d’entretenir un commerce de
lettres avec elle. Les deux sœurs se marièrent le même jour. Belote épousa un
jeune prince qui était charmant, et qui n’avait que vingt-deux ans. Laidronette épousa le ministre de ce
prince: c’était un homme de quarante-cinq ans. Il avait reconnu l’esprit de
cette fille, et il l’estimait beaucoup; car le visage de celle qu’il prenait
pour sa femme, n’était pas propre à lui inspirer de l’amour, il avoua à
Laidronette qu’il n’avait que de l’amitié pour elle: c’était justement ce
qu’elle demandait, et elle n’était point jalouse de sa sœur qui épousait un
prince, qui était si fort amoureux d’elle, qu’il ne pouvait la quitter une
minute, et qu’il rêvait d’elle toute la nuit. Belote fut fort heureuse pendant
trois mois; mais au bout de ce temps, son mari, qui l’avait vue tout à son
aise, commença à s’accoutumer à sa beauté, et à penser qu’il ne fallait pas
renoncer à tout pour sa femme. Il fut à la chasse, et fit d’autres parties de
plaisir dont elle n’était pas, ce qui parut fort extraordinaire à Belote; car
elle s’était persuadée que son mari l’aimerait toujours de la même force: et
elle se crut la plus malheureuse personne du monde, quand elle vit que son
amour diminuait. Elle lui en fit des plaintes; il se fâcha; ils se
raccommodèrent: mais comme ces plaintes recommençaient tous les jours, le
prince se fatigua de l’entendre. D’ailleurs Belote ayant eu un fils, elle
devint maigre, et sa beauté diminua considérablement; en sorte qu’à la fin, son
mari, qui n’aimait en elle que cette beauté, ne l’aima plus du tout. Le
chagrin qu’elle en conçut acheva de gâter son visage; et comme elle ne savait
rien, sa conversation était fort ennuyeuse. Les jeunes gens s’ennuyaient avec
elle, parce qu’elle était triste; les personnes plus âgées, et qui avaient du
bon sens, s’ennuyaient aussi avec elle, parce qu’elle était sotte: en sorte
qu’elle restait seule presque toute la journée. Ce qui augmentait son
désespoir, c’est que sa sœur Laidronette était la plus heureuse personne du
monde. Son mari la consultait sur les affaires, il lui confiait tout ce qu’il
pensait, il se conduisait par ses conseils, et disait partout que sa femme
était le meilleur ami qu’il eût au monde. Le prince même, qui était un homme
d’esprit, se plaisait dans la conversation de sa belle-sœur, et disait qu’il
n’y avait pas moyen de rester une demi-heure sans bâiller avec Belote, parce
qu’elle ne savait parler que de coiffures, et d’ajustements, en quoi il ne
connaissait rien. Son dégoût pour sa femme devint tel, qu’il l’envoya à la campagne,
où elle eut le temps de s’ennuyer tout à son aise, et où elle serait morte de
chagrin, si sa sœur Laidronette n’avait pas eu la charité de l’aller voir le
plus souvent qu’elle pouvait. Un jour qu’elle tâchait de la consoler, Belote
lui dit:
«Mais ma sœur, d’où vient donc la
différence qu’il y a entre vous et moi? Je ne puis pas m’empêcher de voir que
vous avez beaucoup d’esprit, et que je ne suis qu’une sotte; cependant quand
nous étions jeunes, on disait que j’en avais pour le moins autant que vous.»
Laidronette alors
raconta son aventure à sa sœur, et lui dit:
«Vous
êtes fort fâchée contre votre mari, parce qu’il vous a envoyée à la campagne et
cependant cette chose, que vous regardez comme le plus grand malheur de votre
vie, peut faire votre bonheur, si vous le voulez. Vous n’avez pas encore
dix-neuf ans, ce serait trop tard pour vous appliquer, si vous étiez dans la
dissipation de la ville; mais la solitude, dans laquelle vous vivez, vous
laisse tout le temps nécessaire pour cultiver votre esprit. Vous n’en manquez pas, ma chère sœur ; mais il
faut l’orner par la lecture, et les réflexions.»
Belote trouva d’abord
beaucoup de difficultés à suivre les conseils de sa sœur, par l’habitude
qu’elle avait contractée de perdre son temps en niaiseries; mais à force de se
gêner, elle y réussit, et fit des progrès surprenants dans toutes les sciences,
à mesure qu’elle devenait aussi raisonnable: et comme la philosophie la
consolait de ses malheurs, elle reprit son embonpoint, et devint plus belle qu’elle
n’avait jamais été; mais elle ne s’en souciait pas du tout, et ne daignait même
pas se regarder dans le miroir. Cependant, son mari avait pris un si
grand dégoût pour elle, qu’il fit casser son mariage. Ce dernier malheur pensa
l’accabler, car elle aimait tendrement son mari; mais sa sœur Laidronette vint
à bout de la consoler.
«Ne vous affligez pas, lui disait-elle, je
sais le moyen de vous rendre votre mari; suivez seulement mes conseils, et ne
vous embarrassez de rien.»
Comme le prince avait eu
un fils de Belote, qui devait être son héritier, il ne se pressa point de
prendre une autre femme, et ne pensa qu’à se bien divertir. Il goûtait
extrêmement la conversation de Laidronette, et lui disait quelquefois, qu’il ne
se remarierait jamais, à moins qu’il ne trouvât une femme qui eût autant
d’esprit qu’elle.
«Mais, si elle était aussi
laide que moi, lui répondit-elle, en riant.
— En vérité, madame, lui
dit le prince, cela ne m’arrêterait pas un moment: on s’accoutume à un laid
visage, le vôtre ne me paraît plus choquant, par l’habitude que j’ai de vous
voir; quand vous parlez, il ne s’en faut de rien que je ne vous trouve jolie;
et puis, à vous dire la vérité, Belote m’a dégoûté des belles, toutes les fois
que j’en rencontre une, stupide, je n’ose lui parler, dans la crainte qu’elle
ne me réponde une sottise.»
Cependant, le temps du
carnaval arriva, et le prince crut qu’il se divertirait beaucoup, s’il pouvait
courir le bal sans être connu de personne. Il ne se confia qu’à Laidronette, et
la pria de se masquer avec lui; car, comme elle était sa belle-sœur, personne
ne pouvait y trouver à redire, et quand on l’aurait su, cela n’aurait pu nuire
à sa réputation; cependant, Laidronette en demanda la permission à son mari,
qui y consentit, d’autant plus volontiers qu’il avait lui-même mis cette
fantaisie en tête du prince, pour faire réussir le dessein qu’il avait, de le
réconcilier avec Belote. Il écrivit à cette princesse abandonnée de concert
avec son épouse, qui marqua en même temps à sa sœur, comment le prince devait
être habillé. Dans le milieu du bal, Belote vint s’asseoir entre son mari et sa
sœur, et commença une conversation extrêmement agréable avec eux : d’abord, le
prince crut reconnaître la voix de sa femme; mais elle n’eut pas parlé un
demi-quart d’heure, qu’il perdit le soupçon qu’il avait eu au commencement. Le
reste de la nuit passa si vite, à ce qu’il lui sembla, qu’il se frotta les yeux
quand le jour parut, croyant rêver, et demeura charmé de l’esprit de
l’inconnue, qu’il ne put jamais engager à se démasquer: tout ce qu’il en put
obtenir, c’est qu’elle reviendrait au premier bal avec le même habit. Le prince
s’y trouva des premiers; et quoique l’inconnue y arrivât un quart d’heure après
lui, il l’accusa de paresse, et lui jura qu’il s’était beaucoup impatienté. Il
fut encore plus charmé de l’inconnue cette seconde fois que la première, et
avoua à Laidronette qu’il était amoureux comme un fou de cette personne.
«J’avoue qu’elle a
beaucoup d’esprit, lui répondit sa confidente; mais si vous voulez que je vous
dise mon sentiment, je soupçonne qu’elle est encore plus laide que moi: elle
connaît que vous l’aimez, et craint de perdre votre cœur, quand vous verrez son
visage.
— Ah ! madame, dit le
prince, que ne peut-elle lire dans mon âme! L’amour qu’elle m’a inspiré, est
indépendant de ses traits: j’admire ses lumières, l’étendue de ses
connaissances, la supériorité de son esprit, et la bonté de son cœur.
— Comment pouvez-vous
juger de la bonté de son cœur? lui dit Laidronette.
— Je vais vous le dire,
reprit le prince, quand je lui ai fait remarquer de belles femmes, elle les a
louées de bonne fois et elle m’a même fait remarquer avec adresse des beautés
qu’elles avaient, et qui échappaient à ma vue. Quand j’ai voulu, pour l’éprouver,
lui conter les mauvaises histoires qu’on mettait sur le compte de ces femmes,
elle a détourné adroitement le discours, ou bien elle m’a interrompu, pour me
raconter quelque belle action de ces personnes; et enfin, quand j’ai voulu
continuer, elle m’a fermé la bouche, en me disant qu’elle ne pouvait souffrir
la médisance. Vous voyez bien, madame, qu’une femme qui n’est point jalouse de
celles qui sont belles, une femme qui prend plaisir à dire du bien du prochain,
une femme qui ne peut souffrir la médisance, doit être d’un excellent
caractère, et ne peut manquer d’avoir un bon cœur. Que me manquera-t-il pour
être heureux avec une telle femme, quand même elle serait aussi laide que vous
le pensez? Je suis donc résolu à lui déclarer mon nom, et à lui offrir de
partager ma puissance.»
Effectivement, dans le
premier bal, le prince apprit sa qualité à l’inconnue, et lui dit qu’il n’y
avait point de bonheur à espérer pour lui, s’il n’obtenait pas sa main; mais,
malgré ces offres, Belote s’obstina à demeurer masquée, ainsi qu’elle en était
convenue avec sa sœur. Voilà le pauvre prince dans une inquiétude épouvantable.
il pensait comme Laidronette, que cette personne si spirituelle devait être un
monstre, puisqu’elle avait tant de répugnance à se laisser voir; mais quoiqu’il
se la peignît de la manière du monde la plus désagréable, cela ne diminuait
point l’attachement, l’estime, et le respect, qu’il avait conçus pour son
esprit et pour sa vertu. Il était tout prêt à tomber malade de chagrin, lorsque
l’inconnue lui dit:
«Je vous aime, mon
prince, et je ne chercherai point à vous le cacher; mais plus mon amour est
grand, plus je crains de vous perdre, quand vous me connaîtrez. Vous vous
figurez, peut-être, que j’ai de grands yeux, une petite bouche, de belles
dents, un teint de lis et de roses; et si par aventure j’allais me trouver des
yeux louches, une grande bouche, un nez camard, des dents gâtées, vous me
prieriez bien vite, de remettre mon masque. D’ailleurs, quand je ne serais pas si horrible, je sais que vous êtes
inconstant: vous avez aimé Belote à la folie, et cependant vous vous en êtes
dégoûté.
— Ah ! madame, dit le
prince, soyez mon juge; j’étais jeune, quand j’épousai Belote, et je vous avoue
que je ne m’était jamais occupé qu’à la regarder, et point à l’écouter; mais
lorsque je fus son mari, et que l’habitude de la voir eut dissipé mon illusion,
imaginez-vous si ma situation dut être bien agréable? Quand je me trouvais seul
avec mon épouse, elle me parlait d’une robe nouvelle qu’elle devait mettre le
lendemain, des souliers de celle-ci, des diamants de celle-là. S’il se trouvait
à ma table une personne d’esprit, et que l’on voulût parler de quelque chose de
raisonnable, Belote commençait par bâiller, et finissait par s’endormir. Je
voulus essayer de l’engager à s’instruire, cela l’impatienta; elle était si
ignorante, qu’elle me faisait trembler et rougir toutes les fois qu’elle
ouvrait la bouche. D’ailleurs, elle avait tous les défauts des sottes:
quand elle s’était fourré une chose dans la tête, il n’était pas possible de
l’en faire revenir, en lui donnant de bonnes raisons car elle ne pouvait les
comprendre. Encore, s’il m’avait été permis de me désennuyer d’un autre côté,
j’aurais eu patience, mais ce n’était pas là son compte: elle eût voulu que le
sot amour, qu’elle m’avait inspiré, eût duré toute ma vie, et m’eût rendu son
esclave. Vous voyez bien qu’elle m’a
mise dans la nécessité de faire casser mon mariage.
— J’avoue que vous étiez à
plaindre, lui répondit l’inconnue; mais tout ce que vous dites, ne me rassure
point. Vous dites que vous m’aimez, voyez si vous serez assez hardi pour
m’épouser aux yeux de tous vos sujets, sans m’avoir vue.
— Je suis le plus heureux
de tous les hommes, puisque vous ne demandez que cela, répondit le prince;
venez dans mon palais avec Laidronette, et demain, dès le matin, je ferai
assembler mon conseil, pour vous épouser à ses yeux.»
Le reste de la nuit parut
bien long au prince, et avant de quitter le bal, s’étant démasqué, il ordonna à
tous les seigneurs de la cour, de se rendre dans son palais, et fit avertir
tous les ministres. Ce fut en leur présence qu’il raconta ce qui lui était
arrivé avec l’inconnue; et après avoir fini son discours, il jura de n’avoir
jamais d’autre épouse qu’elle, telle que pût être sa figure. Il n’y eut personne
qui ne crût, comme le prince, que celle qu’il épousait ainsi ne fût horrible à
voir: quelle fut la surprise de tous les assistants, lorsque Belote s’étant
démasquée, leur fit voir la plus belle personne qu’on pût imaginer? Ce
qu’il y eut de plus singulier, c’est que le prince, ni les autres, ne la
reconnurent pas d’abord, tant le repos et la solitude l’avaient embellie ; on
se disait seulement tout bas, que l’autre princesse lui ressemblait en laid. Le prince extasié, d’être trompé si
agréablement, ne pouvait parler; mais Laidronette rompit le silence, pour
féliciter sa sœur du retour de la tendresse de son époux.
«Quoi! s’écria le roi,
cette charmante et spirituelle personne est Belote? Par quel enchantement
a-t-elle joint aux charmes de la figure, ceux de l’esprit et du caractère qui
lui manquaient absolument? Quelque fée favorable a-t-elle fait ce
miracle en sa faveur?
— Il n’y a point de miracle, reprit
Belote, j’avais négligé de cultiver les dons de la nature; mes malheurs, la
solitude et les conseils de ma sœur, m’ont ouvert les yeux, et m’ont engagée à
acquérir des grâces à l’épreuve du temps et des maladies.
— Et ces grâces m’ont
inspiré un attachement à l’épreuve de l’inconstance», lui dit le prince en
l’embrassant.
Effectivement, il
l’aima toute sa vie avec une fidélité, qui lui fit oublier ses malheurs passés.
Wednesday, 25 May 2016
Two Untitled Trovas by Almerinda Liporage (in Portuguese)
Em meu rosto deslizando
vem tua boca em anseios,
no teu beijo terminando
o mais doce dos passeios.
***
Quebraste a nossa harmonia
e escravizado ao teu jeito,
meu coração, hoje em dia,
é um corpo estranho em meu peito.
vem tua boca em anseios,
no teu beijo terminando
o mais doce dos passeios.
***
Quebraste a nossa harmonia
e escravizado ao teu jeito,
meu coração, hoje em dia,
é um corpo estranho em meu peito.
Tuesday, 24 May 2016
“Skull-Face” chapters 3 and 4 by Robert E. Howard (in English)
Chapter 3. The Master of Doom
"And He that toss'd you down into the
Field,
He knows about it all - He knows! He
knows!"
Omar Khayyam
A hand shook me roughly as I emerged languidly from my latest debauch.
"The Master wishes you! Up,
swine!"
Hassim it was who shook me and who
spoke.
"To Hell with the Master!"
I answered, for I hated Hassim - and feared him.
"Up with you or you get no more
hashish," was the brutal response, and I rose in trembling haste.
I followed the huge black man and he
led the way to the rear of the building, stepping in and out among the wretched
dreamers on the floor.
"Muster all hands on
deck!" droned a sailor in a bunk. "All hands!"
Hassim flung open the door at the
rear and motioned me to enter. I had never before passed through that door and
had supposed it led into Yun Shatu's private quarters. But it was furnished
only with a cot, a bronze idol of some sort before which incense burned, and a
heavy table.
Hassim gave me a sinister glance and
seized the table as if to spin it about. It turned as if it stood on a
revolving platform and a section of the floor turned with it, revealing a
hidden doorway in the floor. Steps led downward in the darkness.
Hassim lighted a candle and with a
brusque gesture invited me to descend. I did so, with the sluggish obedience of
the dope addict, and he followed, closing the door above us by means of an iron
lever fastened to the underside of the floor. In the semi-darkness we went down
the rickety steps, some nine or ten I should say, and then came upon a narrow
corridor.
Here Hassim again took the lead,
holding the candle high in front of him. I could scarcely see the sides of this
cave-like passageway but knew that it was not wide. The flickering light showed
it to be bare of any sort of furnishings save for a number of strange-looking chests
which lined the walls - receptacles containing opium and other dope, I thought.
A continuous scurrying and the
occasional glint of small red eyes haunted the shadows, betraying the presence
of vast numbers of the great rats which infest the Thames waterfront of that
section.
Then more steps loomed out of the
dark in front of us as the corridor came to an abrupt end. Hassim led the way
up and at the top knocked four times against what seemed the underside of a
floor. A hidden door opened and a flood of soft, illusive light streamed through.
Hassim hustled me up roughly and I
stood blinking in such a setting as I had never seen in my wildest flights of
vision. I stood in a jungle of palm trees through which wriggled a million
vivid-hued dragons! Then, as my startled eyes became accustomed to the light, I
saw that I had not been suddenly transferred to some other planet, as I had at
first thought. The palm trees were there, and the dragons, but the trees were
artificial and stood in great pots and the dragons writhed across heavy
tapestries which hid the walls.
The room itself was a monstrous
affair - inhumanly large, it seemed to me. A thick smoke, yellowish and
tropical in suggestion, seemed to hang over all, veiling the ceiling and
baffling upward glances. This smoke, I saw, emanated from an altar in front of
the wall to my left. I started. Through the saffron-billowing fog two eyes,
hideously large and vivid, glittered at me. The vague outlines of some bestial
idol took indistinct shape. I flung an uneasy glance about, marking the oriental
divans and couches and the bizarre furnishings, and then my eyes halted and
rested on a lacquer screen just in front of me.
I could not pierce it and no sound
came from beyond it, yet I felt eyes searing into my consciousness through it,
eyes that burned through my very soul. A strange aura of evil flowed from that
strange screen with its weird carvings and unholy decorations.
Hassim salaamed profoundly before it
and then, without speaking, stepped back and folded his arms, statue-like.
A voice suddenly broke the heavy and
oppressive silence.
"You who are a swine, would you
like to be a man again?"
I started. The tone was inhuman,
cold - more, there was a suggestion of long disuse of the vocal organs - the
voice I had heard in my dream!
"Yes," I replied,
trance-like, "I would like to be a man again."
Silence ensued for a space; then the
voice came again with a sinister whispering undertone at the back of its sound
like bats flying through a cavern.
"I shall make you a man again
because I am a friend to all broken men. Not for a price shall I do it, nor for
gratitude. And I give you a sign to seal my promise and my vow. Thrust your
hand through the screen."
At these strange and almost
unintelligible words I stood perplexed, and then, as the unseen voice repeated
the last command, I stepped forward and thrust my hand through a slit which
opened silently in the screen. I felt my wrist seized in an iron grip and something
seven times colder than ice touched the inside of my hand. Then my wrist was
released, and drawing forth my hand I saw a strange symbol traced in blue close
to the base of my thumb - a thing like a scorpion.
The voice spoke again in a sibilant
language I did not understand, and Hassim stepped forward deferentially. He
reached about the screen and then turned to me, holding a goblet of some
amber-colored liquid which he proffered me with an ironical bow. I took it
hesitatingly.
"Drink and fear not," said
the unseen voice. "It is only an Egyptian wine with life-giving
qualities."
So I raised the goblet and emptied
it; the taste was not unpleasant, and even as I handed the beaker to Hassim
again, I seemed to feel new life and vigor whip along my jaded veins.
"Remain at Yun Shatu's
house," said the voice. "You will be given food and a bed until you
are strong enough to work for yourself. You will use no hashish nor will you
require any. Go!"
As in a daze, I followed Hassim back
through the hidden door, down the steps, along the dark corridor and up through
the other door that let us into the Temple of Dreams.
As we stepped from the rear chamber
into the main room of the dreamers, I turned to the Negro wonderingly.
"Master? Master of what? Of
Life?"
Hassim laughed, fiercely and
sardonically.
"Master of Doom!"
Chapter 4. The Spider and the Fly
"There was the Door to which I found no
Key;
There was the Veil through which I might not
see."
Omar Khayyam
I sat on Yun Shatu's cushions and pondered with a clearness of mind
new and strange to me. As for that, all my sensations were new and strange. I
felt as if I had wakened from a monstrously long sleep, and though my thoughts
were sluggish, I felt as though the cobwebs which had dogged them for so long
had been partly brushed away.
I drew my hand across my brow,
noting how it trembled. I was weak and shaky and felt the stirrings of hunger--not
for dope but for food. What had been in the draft I had quenched in the chamber
of mystery? And why had the "Master" chosen me, out of all the other
wretches of Yun Shatu's, for regeneration?
And who was this Master? Somehow the
word sounded vaguely familiar - I sought laboriously to remember. Yes - I had
heard it, lying half-waking in the bunks or on the floor - whispered sibilantly
by Yun Shatu or by Hassim or by Yussef Ali, the Moor, muttered in their low-voiced
conversations and mingled always with words I could not understand. Was not Yun
Shatu, then, master of the Temple of Dreams? I had thought and the other
addicts thought that the withered Chinaman held undisputed sway over this drab
kingdom and that Hassim and Yussef Ali were his servants. And the four China
boys who roasted opium with Yun Shatu and Yar Khan the Afghan and Santiago the
Haitian and Ganra Singh, the renegade Sikh - all in the pay of Yun Shatu, we
supposed - bound to the opium lord by bonds of gold or fear.
For Yun Shatu was a power in
London's Chinatown and I had heard that his tentacles reached across the seas
into high places of mighty and mysterious tongs. Was that Yun Shatu behind the
lacquer screen? No; I knew the Chinaman's voice and besides I had seen him
puttering about in the front of the Temple just as I went through the back
door.
Another thought came to me. Often,
lying half-torpid, in the late hours of night or in the early grayness of dawn,
I had seen men and women steal into the Temple, whose dress and bearing were
strangely out of place and incongruous. Tall, erect men, often in evening
dress, with their hats drawn low about their brows, and fine ladies, veiled, in
silks and furs. Never two of them came together, but always they came
separately and, hiding their features, hurried to the rear door, where they
entered and presently came forth again, hours later sometimes. Knowing that the
lust for dope finds resting-place in high positions sometimes, I had never
wondered overmuch, supposing that these were wealthy men and women of society
who had fallen victims to the craving, and that somewhere in the back of the
building there was a private chamber for such. Yet now I wondered - sometimes
these persons had remained only a few moments - was it always opium for which they
came, or did they, too, traverse that strange corridor and converse with the
One behind the screen?
My mind dallied with the idea of a
great specialist to whom came all classes of people to find surcease from the
dope habit. Yet it was strange that such a one should select a dope-joint from
which to work - strange, too, that the owner of that house should apparently look
on him with so much reverence.
I gave it up as my head began to
hurt with the unwonted effort of thinking, and shouted for food. Yussef Ali
brought it to me on a tray, with a promptness which was surprizing. More, he
salaamed as he departed, leaving me to ruminate on the strange shift of my
status in the Temple of Dreams.
I ate, wondering what the One of the
screen wanted with me. Not for an instant did I suppose that his actions had
been prompted by the reasons he pretended; the life of the underworld had
taught me that none of its denizens leaned toward philanthropy. And underworld
the chamber of mystery had been, in spite of its elaborate and bizarre nature.
And where could it be located? How far had I walked along the corridor? I
shrugged my shoulders, wondering if it were not all a hashish-induced dream;
then my eye fell upon my hand - and the scorpion traced thereon.
"Muster all hands!" droned
the sailor in the bunk. "All hands!"
To tell in detail of the next few
days would be boresome to any who have not tasted the dire slavery of dope. I
waited for the craving to strike me again--waited with sure sardonic
hopelessness. All day, all night - another day - then the miracle was forced
upon my doubting brain. Contrary to all theories and supposed facts of science
and common sense the craving had left me as suddenly and completely as a bad
dream! At first I could not credit my senses but believed myself to be still in
the grip of a dope nightmare. But it was true. From the time I quaffed the
goblet in the room of mystery, I felt not the slightest desire for the stuff
which had been life itself to me. This, I felt vaguely, was somehow unholy and
certainly opposed to all rules of nature. If the dread being behind the screen
had discovered the secret of breaking hashish's terrible power, what other
monstrous secrets had he discovered and what unthinkable dominance was his? The
suggestion of evil crawled serpent-like through my mind.
I remained at Yun Shatu's house,
lounging in a bunk or on cushions spread upon the floor, eating and drinking at
will, but now that I was becoming a normal man again, the atmosphere became
most revolting to me and the sight of the wretches writhing in their dreams
reminded me unpleasantly of what I myself had been, and it repelled, nauseated
me.
So one day, when no one was watching
me, I rose and went out on the street and walked along the waterfront. The air,
burdened though it was with smoke and foul scents, filled my lungs with strange
freshness and aroused new vigor in what had once been a powerful frame. I took
new interest in the sounds of men living and working, and the sight of a vessel
being unloaded at one of the wharfs actually thrilled me. The force of
longshoremen was short, and presently I found myself heaving and lifting and
carrying, and though the sweat coursed down my brow and my limbs trembled at
the effort, I exulted in the thought that at last I was able to labor for
myself again, no matter how low or drab the work might be.
As I returned to the door of Yun
Shatu's that evening - hideously weary but with the renewed feeling of manhood
that comes of honest toil - Hassim met me at the door.
"You been where?" he
demanded roughly.
"I've been working on the
docks," I answered shortly.
"You don't need to work on
docks," he snarled. "The Master got work for you."
He led the way, and again I
traversed the dark stairs and the corridor under the earth. This time my
faculties were alert and I decided that the passageway could not be over thirty
or forty feet in length. Again I stood before the lacquer screen and again I
heard the inhuman voice of living death.
"I can give you work,"
said the voice. "Are you willing to work for me?"
I quickly assented. After all, in
spite of the fear which the voice inspired, I was deeply indebted to the owner.
"Good. Take these."
As I started toward the screen a
sharp command halted me and Hassim stepped forward and reaching behind took
what was offered. This was a bundle of pictures and papers, apparently.
"Study these," said the
One behind the screen, "and learn all you can about the man portrayed
thereby. Yun Shatu will give you money; buy yourself such clothes as seamen
wear and take a room at the front of the Temple. At the end of two days, Hassim
will bring you to me again. Go!"
The last impression I had, as the
hidden door closed above me, was that the eyes of the idol, blinking through
the everlasting smoke, leered mockingly at me.
The front of the Temple of Dreams
consisted of rooms for rent, masking the true purpose of the building under the
guise of a waterfront boarding house. The police had made several visits to Yun
Shatu but had never got any incriminating evidence against him.
So in one of these rooms I took up
my abode and set to work studying the material given me.
The pictures were all of one man, a
large man, not unlike me in build and general facial outline, except that he
wore a heavy beard and was inclined to blondness whereas I am dark. The name,
as written on the accompanying papers, was Major Fairlan Morley, special commissioner
to Natal and the Transvaal. This office and title were new to me and I wondered
at the connection between an African commissioner and an opium house on the Thames
waterfront.
The papers consisted of extensive
data evidently copied from authentic sources and all dealing with Major Morley,
and a number of private documents considerably illuminating on the major's
private life.
An exhaustive description was given
of the man's personal appearance and habits, some of which seemed very trivial
to me. I wondered what the purpose could be, and how the One behind the screen had
come in possession of papers of such intimate nature.
I could find no clue in answer to
this question but bent all my energies to the task set out for me. I owed a
deep debt of gratitude to the unknown man who required this of me and I was
determined to repay him to the best of my ability. Nothing, at this time,
suggested a snare to me.
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