Thursday, 17 September 2015

Sonnet XXVIII by William Shakespeare (in English)



How can I then return in happy plight,
That am debarred the benefit of rest?
When day's oppression is not eas'd by night,
But day by night and night by day oppressed,
And each, though enemies to either's reign,
Do in consent shake hands to torture me,
The one by toil, the other to complain
How far I toil, still farther off from thee.
I tell the day, to please him thou art bright,
And dost him grace when clouds do blot the heaven:
So flatter I the swart-complexion'd night,
When sparkling stars twire not thou gild'st the even.
   But day doth daily draw my sorrows longer,
   And night doth nightly make grief's length seem stronger.

Wednesday, 16 September 2015

“Canção do Boêmio” by Castro Alves (in Portuguese)



(Recitativo da "meia hora de cinismo")
Comédia de costumes acadêmicos
 Música de Emílio do Lago

Que noite fria! Na deserta rua
Tremem de medo os lampiões sombrios.
Densa garoa faz fumar a lua,
Ladram de tédio vinte cães vadios.

Nini formosa! por que assim fugiste?
Embalde o tempo à tua espera conto.
Não vês, não vês?... Meu coração é triste
Como um calouro quando leva ponto.

A passos largos eu percorro a sala
Fumo um cigarro, que filei na escola...
Tudo no quarto de Nini me fala
Embalde fumo... tudo aqui me amola.

Diz-me o relógio cinicando a um canto
"onde está ela que não veio ainda?"
Diz-me a poltrona "por que tardas tanto?
Quero aquecer-te, rapariga linda."

Em vão a luz da crepitante vela
De Hugo clareia uma canção ardente;
Tens um idílio — em tua fronte bela...
Um ditirambo — no teu seio quente ...

Pego o compêndio... inspiração sublime
P'ra adormecer... inquietações tamanhas...
Violei à noite o domicílio, ó crime!
Onde dormia uma nação... de aranhas...

Morrer de frio quando o peito é brasa...
Quando a paixão no coração se aninha!?...
Vós todos, todos, que dormis em casa,
Dizei se há dor, que se compare à minha!...

Nini! o horror deste sofrer pungente
Só teu sorriso neste mundo acalma...
Vem aquecer-me em teu olhar ardente...
Nini! tu és o cache-nez dest'alma.

Deus do Boêmio!... São da mesma raça
As andorinhas e o meu anjo louro...
Fogem de mim se a primavera passa
Se já nos campos não há flores de ouro ...

E tu fugiste, pressentindo o inverno.
Mensal inverno do viver boêmio...
Sem te lembrar que por um riso terno
Mesmo eu tomara a primavera a prêmio...

No entanto ainda do Xerez fogoso
Duas garrafas guardo ali... Que minas!
Além de um lado o violão saudoso
Guarda no seio inspirações divinas ...

Se tu viesses... de meus lábios tristes
Rompera o canto... Que esperança inglória...
Ela esqueceu o que jurar lhe vistes
Ó Paulicéia, Ó Ponte-grande, ó Glória!...

—————

Batem!... que vejo! Ei-la afinal comigo...
Foram-se as trevas... fabricou-se a luz...
Nini! pequei... dá-me exemplar castigo!
Sejam teus braços... do martírio a cruz!...

Tuesday, 15 September 2015

Untitled Poem by José Thiesen (in Portuguese)

Hei de viver para ver tu'alegria; e
viver para viver minh'alegria
de viver para ver tu'alegria
de viveres tua paz.

Saturday, 12 September 2015

"Le Barbe Bleu" by Charles Perrault (in French)

     Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderie, et des carrosses tout dorés; mais par malheur cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuit devant lui. Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui laissa le choix de celle qu'elle voudrait lui donner. Elles n'en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l'une à l'autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore, c'est qu'il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu'on ne savait pas ce que ces femmes étaient devenues. Barbe Bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.
    Au bout d'un mois Barbe Bleue dit à sa femme qu'il était obligé de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence; qu'il la priait de se bien divertir pendant son absence, qu'elle fit venir ses bonnes amies, qu'elle les menât à la campagne si elle voulait, que partout elle fit bonne chère :
    -"Voilà, lui dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles, voilà celles de la vaisselle d'or et d'argent qui ne sert pas tous les jours, voilà celles de mes coffres-forts, où est mon or et mon argent, celles des coffrets où sont mes pierreries, et voilà le passe-partout de tous les appartements. Pour cette petite clef-ci, c'est la clef du cabinet au bout de la grande galerie de l'appartement bas : ouvrez tout, allez partout, mais pour ce petit cabinet, je vous défends d'y entrer, et je vous le défends de telle sorte, que s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère."
    Elle promit d'observer exactement tout ce qui lui venait d'être ordonné ; et lui, après l'avoir embrassée, il monte dans son carrosse, et part pour son voyage. Les voisines et les bonnes amies n'attendirent pas qu'on les envoyât chercher pour aller chez la jeune mariée, tant elles avaient d'impatience de voir toutes les richesses de sa maison, n'ayant osé y venir pendant que le mari y était, à cause de sa barbe bleue qui leur faisait peur. Les voilà aussitôt à parcourir les chambres, les cabinets, les garde-robes, toutes plus belles et plus riches les unes que les autres. Elles montèrent ensuite aux garde-meubles, où elles ne pouvaient assez admirer le nombre et la beauté des tapisseries, des lits, des sofas, des cabinets, des guéridons, des tables et des miroirs, où l'on se voyait depuis les pieds jusqu'à la tête, et dont les bordures, les unes de glace, les autres d'argent et de vermeil doré, étaient les plus belles et les plus magnifiques qu'on eût jamais vues. Elles ne cessaient d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie, qui cependant ne se divertissait point à voir toutes ces richesses, à cause de l'impatience qu'elle avait d'aller ouvrir le cabinet de l'appartement bas. Elle fut si pressée de sa curiosité, que sans considérer qu'il était malhonnête de quitter sa compagnie, elle y descendit par un petit escalier dérobé, et avec tant de précipitation, qu'elle pensa se rompre le cou deux ou trois fois. Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s'y arrêta quelque temps, songeant à la défense que son mari lui avait faite, et considérant qu'il pourrait lui arriver malheur d'avoir été désobéissante; mais la tentation était si forte qu'elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet. D'abord elle ne vit rien, parce que les fenêtres étaient fermées ; après quelques moments elle commença à voir que le plancher était tout couvert de sang caillé, et que dans ce sang gisaient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (c'était toutes les femmes que Barbe Bleue avait épousées et qu'il avait égorgées l'une après l'autre) . Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet qu'elle venait de retirer de la serrure lui tomba de la main. Après avoir un peu repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta à sa chambre pour se remettre un peu, mais elle n'en pouvait venir à bout, tant elle était émue. Ayant remarqué que la clef du cabinet était tachée de sang, elle l'essuya deux ou trois fois, mais le sang ne s'en allait point ; elle eut beau la laver, et même la frotter avec du sablon et avec du grès, il y demeura toujours du sang, car la clef était magique, et il n'y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait : quand on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre.
    Barbe Bleue revint de son voyage dès le soir même, et dit qu'il avait reçu des lettres en chemin, qui lui avaient appris que l'affaire pour laquelle il était parti venait d'être terminée à son avantage. Sa femme fit tout ce qu'elle put pour lui témoigner qu'elle était ravie de son prompt retour. Le lendemain il lui redemanda les clefs, et elle les lui donna. Mais d'une main si tremblante, qu'il devina sans peine tout ce qui s'était passé.
    -"D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est point avec les autres ?"
    -" Sans doute" , dit-elle, " que je l'ai laissée là-haut sur ma table."
    -" Ne manquez pas" , dit la Barbe bleue, " de me la donner tantôt." Après l'avoir retardé le plus possible, il fallut apporter la clef. Barbe Bleue, l'ayant examinée, dit à sa femme :
    -"Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ?"
    -" Je n'en sais rien" , répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort.
    -" Vous n'en savez rien" , reprit Barbe Bleue, " je le sais bien, moi" ; vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Hé bien, Madame, vous y entrerez, et irez prendre votre place auprès des dames que vous y avez vues."
    Elle se jeta aux pieds de son mari, en pleurant et en lui demandant pardon, avec toutes les marques d'un vrai repentir de n'avoir pas été obéissante. Elle aurait attendri un rocher, belle et affligée comme elle était ; mais Barbe Bleue avait le coeur plus dur qu'un rocher :
    -"Il faut mourir, Madame, lui dit-il, et tout à l'heure."
    -" Puisqu'il faut mourir, répondit-elle, en le regardant, les yeux baignés de larmes, donnez-moi un peu de temps pour prier Dieu." -" Je vous donne un quart d'heure" , reprit Barbe Bleue, " mais pas un moment de plus."
    Lorsqu'elle fut seule, elle appela sa soeur, et lui dit :
    -"Ma soeur Anne (car elle s'appelait ainsi) , monte, je te prie, sur le haut de la tour, pour voir si mes frères ne viennent point ; ils m'ont promis qu'ils viendraient me voir aujourd'hui, et si tu les vois, fais-leur signe de se hâter."
    La soeur Anne monta sur le haut de la tour, et la pauvre affligée lui criait de temps en temps :
    -"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"
    Et la soeur Anne lui répondait :
    -"Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie."
    Cependant Barbe Bleue, tenant un grand couteau à la main, criait de toute sa force à sa femme :
    -"Descends vite, ou je monterai là-haut."
    -" Encore un moment s'il vous plaît", lui répondait sa femme et aussitôt elle criait tout bas :
    -"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"
    Et la soeur Anne répondait :
    -"Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie."
    -"Descends donc vite, criait la Barbe bleue, ou je monterai là-haut."
    -" Je m'en vais", répondait sa femme, et puis elle criait :
    -"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?"
    -" Je vois" , répondit la soeur Anne, " une grosse poussière qui vient de ce côté-ci."
    -" Sont-ce mes frères ?"
    -" Hélas ! non, ma soeur, c'est un troupeau de moutons."
    -" Ne veux-tu pas descendre ?" criait la Barbe bleue.
    -" Encore un moment", répondait sa femme; et puis elle riait :
    -"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
    -" Je vois" , répondit-elle, " deux cavaliers qui viennent de ce côté-ci, mais ils sont bien loin encore. Dieu soit loué" , s'écria-t-elle un moment après, " ce sont mes frères ; je leur fais signe tant que je puis de se hâter."
    Barbe Bleue se mit à crier si fort que toute la maison en trembla. La pauvre femme descendit, et alla se jeter à ses pieds toute éplorée et toute échevelée.
    -"Cela ne sert de rien" , dit Barbe Bleue, " il faut mourir."
    Puis la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre levant le couteau en l'air, il allait lui trancher la tête. La pauvre femme se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux mourants, le pria de lui donner un petit moment pour se recueillir.
    -"Non, non" , dit-il, " recommande-toi bien à Dieu"; et levant son bras...
     A ce moment on heurta si fort à la porte, que Barbe Bleue s'arrêta tout court : on ouvrit, et aussitôt on vit entrer deux cavaliers qui, mettant l'épée à la main, coururent droit à Barbe Bleue. Il reconnut que c'était les frères de sa femme, l'un dragon et l'autre mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt pour se sauver ; mais les deux frères le poursuivirent de si près, qu'ils l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron : ils lui passèrent leur épée au travers du corps, et le laissèrent mort. La pauvre femme était presque aussi morte que son mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser ses frères. Il se trouva que Barbe Bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses biens. Elle en employa une partie à marier sa soeur Anne avec un jeune gentilhomme, dont elle était aimée depuis longtemps ; une autre partie à acheter des charges de capitaine à ses deux frères; et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec Barbe bleue.

Friday, 11 September 2015

Letter of St Francis of Assisi to to All the Custodes (translated into English)



            To all the custodes of the Brothers Minor to whom this letter shall come, Brother Francis, your servant and little one in the Lord God, sends greeting with new signs of heaven and earth  which on the part of the Lord are great and most excellent and which are accounted least of all by many religious and by other men.
            I entreat you more than if it were a question of myself that, when it is becoming and it may seem to be expedient, you humbly beseech the clerics to venerate above all the most holy Body and Blood of our Lord Jesus Christ and His Holy Name and written words which sanctify the body.  They ought to hold as precious the chalices, corporals, ornaments of the altar, and all that pertain to the Sacrifice. And if the most holy Body of the Lord be lodged very poorly in any place, let It according to the command of the Church be placed by them and left in a precious place, and let It be carried with great veneration and administered to others with discretion. The Names also and written words of the Lord, wheresoever they may be found in unclean places, let them be collected, and they ought to be put in a proper place.
            And in all the preaching you do, admonish the people concerning penance and that no one can be saved except he that receives the most sacred Body and Blood of the Lord. And while It is being sacrificed by the priest on the altar and It is being carried to any place, let all the people on bended knees render praise, honor, and glory to the Lord God Living and True.
            And you shall so announce and preach His praise to all peoples that at every hour and when the bells are rung praise and thanks shall always be given to the Almighty God by all the people through the whole earth.
And to whomsoever of my brothers, custodes, this writing shall come, let them copy it and keep it with them and cause it to be copied for the brothers who have the office of preaching and the care of brothers, and let them unto the end preach all those things that are contained in this writing: let them know they have the blessing of the Lord God and mine. And let these be for them through true and holy obedience.