Tuesday, 4 July 2023

Tuesday's Serial: “Le Fantôme de l'Opéra” by Gaston Leroux (in French) - XI

XVI - «CHRISTINE! CHRISTINE!»

La première pensée de Raoul, après la disparition fantastique de Christine Daaé, avait été pour accuser Erik. Il ne doutait plus du pouvoir quasi surnaturel de l'Ange de la musique, dans ce domaine de l'Opéra, où celui-ci avait diaboliquement établi son empire.

Et Raoul s'était rué sur la scène, dans une folie de désespoir et d'amour. «Christine! Christine!» gémissait-il, éperdu, l'appelant comme elle devait l'appeler du fond de ce gouffre obscur où le monstre l'avait emportée comme une proie, toute frémissante encore de son exaltation divine, toute vêtue du blanc linceul dans lequel elle s'offrait déjà aux anges du paradis!

—«Christine! Christine!» répétait Raoul... et il lui semblait entendre les cris de la jeune fille à travers ces planches fragiles qui le séparaient d'elle! Il se penchait, il écoutait!... il errait sur le plateau comme un insensé. Ah! descendre! descendre! descendre! dans ce puits de ténèbres dont toutes les issues lui sont fermées!

Ah! cet obstacle fragile qui glisse à l'ordinaire si facilement sur lui-même pour laisser apercevoir le gouffre où tout son désir tend... ces planches que son pas fait craquer et qui sonnent sous son poids le prodigieux vide des «dessous»... ces planches sont plus qu'immobiles ce soir: elles paraissent immuables... Elles se donnent des airs solides de n'avoir jamais remué... et voilà que les escaliers qui permettent de descendre sous la scène sont interdits à tout le monde!...

«Christine! Christine!...» On le repousse en riant... On se moque de lui... On croit qu'il a la cervelle dérangée, le pauvre fiancé!...

Dans quelle course forcenée, parmi les couloirs de nuit et de mystère connus de lui seul, Erik a-t-il entraîné la pure enfant jusqu'à ce repaire affreux de la chambre Louis-Philippe, dont la porte s'ouvre sur ce lac d'Enfer?... «Christine! Christine!» Tu ne réponds pas! Es-tu seulement encore vivante, Christine! N'as-tu point exhalé ton dernier souffle dans une minute de surhumaine horreur, sous l'haleine embrasée du monstre!

D'affreuses pensées traversent comme de foudroyants éclairs le cerveau congestionné de Raoul.

Évidemment, Erik a dû surprendre leur secret, savoir qu'il était trahi par Christine! Quelle vengeance va être la sienne!

Que n'oserait l'Ange de la musique, précipité du haut de son orgueil? Christine entre les bras tout-puissants du monstre est perdue!

Et Raoul pense encore aux étoiles d'or qui sont venues la nuit dernière errer sur son balcon, que ne les a-t-il foudroyées de son arme impuissante!

Certes! il y a des yeux extraordinaires d'homme qui se dilatent dans les ténèbres et brillent comme des étoiles ou comme les yeux des chats. (Certains hommes albinos, qui paraissent avoir des yeux de lapin le jour ont des yeux de chat la nuit, chacun sait cela!)

Oui, oui, c'était bien sur Erik que Raoul avait tiré! Que ne l'avait-il tué? Le monstre s'était enfui par la gouttière comme les chats ou les forçats qui chacun sait encore cela—escaladeraient le ciel à pic, avec l'appui d'une gouttière.

Sans doute Erik méditait alors quelque entreprise décisive contre le jeune homme, mais il avait été blessé, et il s'était sauvé pour se retourner contre la pauvre Christine.

Ainsi pense cruellement le pauvre Raoul en courant à la loge de la chanteuse...

«Christine!... Christine!...» Des larmes amères brûlent les paupières du jeune homme qui aperçoit épars sur les meubles, les vêtements destinés à vêtir sa belle fiancée à l'heure de leur fuite!... Ah! que n'a-t-elle voulu partir plus tôt! Pourquoi avoir tant tardé?... Pourquoi avoir joué avec la catastrophe menaçante?... avec le cœur du monstre?... Pourquoi avoir voulu, pitié suprême! jeter en pâture dernière à cette âme de démon, ce chant céleste:...

Anges purs! Anges radieux! Portez mon âme au sein des deux!...

Raoul dont la gorge roule des sanglots, des serments et des injures, tâte de ses paumes malhabiles la grande glace qui s'est ouverte un soir devant lui pour laisser Christine descendre au ténébreux séjour. Il appuie, il presse, il tâtonne... mais la glace, il paraît, n'obéit qu'à Erik... Peut-être les gestes sont-ils inutiles avec une glace pareille?... Peut-être suffirait-il de prononcer certains mots?... Quand il était tout petit enfant on lui racontait qu'il y avait des objets qui obéissaient ainsi à la parole!

Tout à coup, Raoul se rappelle... «une grille donnant sur la rue Scribe... Un souterrain montant directement du Lac à la rue Scribe...» Oui, Christine lui a bien parlé de cela!... Et après avoir constaté, hélas! que la lourde clef n'est plus dans le coffret, il n'en court pas moins à la rue Scribe.

Le voilà dehors, il promène ses mains tremblantes sur les pierres cyclopéennes, il cherche des issues... il rencontre des barreaux... sont-ce ceux-là?... ou ceux-là?... ou encore n'est-ce point ce soupirail?... Il plonge des regards impuissants entre les barreaux... quelle nuit profonde là-dedans!... Il écoute!... Quel silence!... Il tourne autour du monument!... Ah! voici de vastes barreaux! des grilles prodigieuses!... C'est la porte de la cour de l'administration!

... Raoul court chez la concierge: «Pardon, madame, vous ne pourriez pas m'indiquer une porte grillée, oui une porte faite de barreaux, de barreaux... de fer... qui donne sur la rue Scribe... et qui conduit au Lac! Vous savez bien, le Lac? Oui, le Lac, quoi! Le lac qui est sous la terre... sous la terre de l'Opéra.

—Monsieur, je sais bien qu'il y a un lac sous l'Opéra, mais je ne sais quelle porte y conduit... je n'y suis jamais allée!...

—Et la rue Scribe, madame? La rue Scribe? Y êtes-vous jamais allée dans la rue Scribe?

Elle rit! Elle éclate de rire! Raoul s'enfuit en mugissant, il bondit, grimpe des escaliers, en descend d'autres, traverse toute l'administration, se retrouve dans la lumière du «plateau».

Il s'arrête, son cœur bat à se rompre dans sa poitrine haletante: si on avait retrouvé Christine Daaé? Voici un groupe: il interroge:

—Pardon, messieurs, vous n'avez pas vu Christine Daaé?

Et l'on rit.

À la même minute, le plateau gronde d'une rumeur nouvelle, et, dans une foule d'habits noirs qui l'entourent de force mouvements de bras explicatifs, apparaît un homme qui, lui, semble fort calme et montre une mine aimable toute rose et toute joufflue, encadrée de cheveux frisés, éclairée par deux yeux bleus d'une sérénité merveilleuse. L'administrateur Mercier désigne le nouvel arrivant au vicomte de Chagny en lui disant:

—Voici l'homme, monsieur, à qui il faudra désormais poser votre question. Je vous présente monsieur le commissaire de police Mifroid.

—Ah! monsieur le vicomte de Chagny! Enchanté de vous voir, monsieur, fait le commissaire. Si vous voulez prendre la peine de me suivre... Et maintenant où sont les directeurs?... où sont les directeurs?...

Comme l'administrateur se tait, le secrétaire Rémy prend sur lui d'apprendre à M. le commissaire que MM. les directeurs sont enfermés dans leur bureau et qu'ils ne connaissent encore rien de l'événement.

—Est-il possible!... Allons à leur bureau!

Et M. Mifroid, suivi d'un cortège toujours grossissant, se dirige vers l'administration. Mercier profite de la cohue pour glisser une clef dans la main de Gabriel:

—Tout cela tourne mal, lui murmure-t-il... Va donc donner de l'air à la mère Giry...

Et Gabriel s'éloigne.

Bientôt on est arrivé devant la porte directoriale. C'est en vain que Mercier fait entendre ses objurgations, la porte ne s'ouvre pas.

—Ouvrez au nom de la loi! commande la voix claire et un peu inquiète de M. Mifroid.

Enfin la porte s'ouvre. On se précipite dans les bureaux, sur les pas du commissaire.

Raoul est le dernier à entrer. Comme il se dispose à suivre le groupe dans l'appartement, une main se pose sur son épaule et il entend ces mots prononcés à son oreille:

—Les secrets d'Erik ne regardent personne!

Il se retourne en étouffant un cri. La main qui s'était posée sur son épaule est maintenant sur les lèvres d'un personnage au teint d'ébène, aux yeux de jade et coiffé d'un bonnet d'astrakan... Le Persan!

L'inconnu prolonge le geste, qui recommande la discrétion, et dans le moment que le vicomte, stupéfait, va lui demander la raison de sa mystérieuse intervention, il salue et disparaît.

 

 

XVII - RÉVÉLATIONS ÉTONNANTES DE Mme GIRY, RELATIVES À SES RELATIONS PERSONNELLES AVEC LE FANTÔME DE L'OPÉRA

Avant de suivre M. le commissaire de police Mifroid chez MM. les directeurs, le lecteur me permettra de l'entretenir de certains événements extraordinaires qui venaient de se dérouler dans ce bureau où le secrétaire Rémy et l'administrateur Mercier avaient en vain tenté de pénétrer, et où MM. Richard et Moncharmin s'étaient si hermétiquement enfermés dans un dessein que le lecteur ignore encore, mais qu'il est de mon devoir historique,—je veux dire de mon devoir d'historien,—de ne point lui celer plus longtemps.

J'ai eu l'occasion de dire combien l'humeur de MM. les Directeurs s'était désagréablement modifiée depuis quelque temps, et j'ai fait entendre que cette transformation n'avait pas dû avoir pour unique cause la chute du lustre dans les conditions que l'on sait.

Apprenons donc au lecteur,—malgré tout le désir qu'auraient MM. les directeurs qu'un tel événement restât à jamais caché—que le Fantôme était arrivé à toucher tranquillement ses premiers vingt mille francs. Ah! il y avait eu des pleurs et des grincements de dents! La chose cependant, s'était faite le plus simplement du monde:

Un matin MM. les directeurs avaient trouvé une enveloppe toute préparée sur leur bureau. Cette enveloppe portait comme suscription: À Monsieur F. de l'O. (personnelle) et était accompagnée d'un petit mot de F. de l'O. lui-même: «Le moment d'exécuter les clauses du cahier des charges est venu: vous glisserez vingt billets de mille francs dans cette enveloppe que vous cachèterez de votre propre cachet et vous la remettrez à Mme Giry qui fera le nécessaire.»

MM. les Directeurs ne se le firent pas dire deux fois; sans perdre de temps à se demander encore comment ces missions diaboliques pouvaient parvenir dans un cabinet qu'ils prenaient grand soin de fermer à clef, ils trouvaient l'occasion bonne de mettre la main sur le mystérieux maître-chanteur. Et après avoir tout raconté sous le sceau du plus grand secret à Gabriel et à Mercier ils mirent les vingt mille francs dans l'enveloppe et confièrent celle-ci sans demander d'explications à Mme Giry, réintégrée dans ses fonctions. L'ouvreuse ne marqua aucun étonnement. Je n'ai point besoin de dire si elle fut surveillée! Du reste, elle se rendit immédiatement dans la loge du fantôme et déposa la précieuse enveloppe sur la tablette de l'appuie-main. Les deux directeurs, ainsi que Gabriel et Mercier étaient cachés de telle sorte que cette enveloppe ne fût point par eux perdue de vue une seconde pendant tout le cours de la représentation et même après, car, comme l'enveloppe n'avait pas bougé, ceux qui la surveillaient ne bougèrent pas davantage et le théâtre se vida et Mme Giry s'en alla cependant que MM. les Directeurs, Gabriel et Mercier étaient toujours là. Enfin ils se lassèrent et l'on ouvrit l'enveloppe après avoir constaté que les cachets n'en avaient point été rompus.

À première vue, Richard et Moncharmin jugèrent que les billets étaient toujours là, mais à la seconde vue ils s'aperçurent que ce n'étaient plus les mêmes. Les vingt vrais billets étaient partis et avaient été remplacés par vingt billets de la «Sainte Farce»! Ce fut de la rage et puis aussi de l'effroi!

—C'est plus fort que chez Robert Houdin! s'écria Gabriel.

—Oui, répliqua Richard, et ça coûte plus cher!

Moncharmin voulait qu'on courût chercher le commissaire; Richard s'y opposa. Il avait sans doute son plan, il dit: «Ne soyons pas ridicules! tout Paris rirait. F. de l'O. a gagné la première manche, nous remporterons la seconde.» Il pensait évidemment à la mensualité suivante.

Tout de même ils avaient été si parfaitement joués, qu'ils ne purent, pendant les semaines qui suivirent, surmonter un certain accablement. Et c'était, ma foi, bien compréhensible. Si le commissaire ne fut point appelé dès lors, c'est qu'il ne faut pas oublier que MM. les directeurs gardaient tout au fond d'eux-mêmes, la pensée qu'une aussi bizarre aventure pouvait n'être qu'une haïssable plaisanterie montée, sans doute, par leurs prédécesseurs et dont il convenait de ne rien divulguer avant d'en connaître «le fin mot». Cette pensée, d'autre part, se troublait par instants chez Moncharmin d'un soupçon qui lui venait relativement à Richard lui-même, lequel avait quelquefois des imaginations burlesques. Et c'est ainsi que, prêts à toutes les éventualités, ils attendirent les événements en surveillant et en faisant surveiller la mère Giry à laquelle Richard voulut qu'on ne parlât de rien. «Si elle est complice, disait-il, il y a beau temps que les billets sont loin. Mais, pour moi, ce n'est qu'une imbécile!»

—Il y a beaucoup d'imbéciles dans cette affaire! avait répliqué Moncharmin songeur.

—Est-ce qu'on pouvait se douter?... gémit Richard mais n'aie pas peur... la prochaine fois toutes mes précautions seront prises...

Et c'est ainsi que la prochaine fois était arrivée... cela tombait le jour même qui devait voir la disparition de Christine Daaé.

Le matin, une missive du Fantôme qui leur rappelait l'échéance, «Faites comme la dernière fois, enseignait aimablement F. de l'O. Ça s'est très bien passé. Remettez l'enveloppe, dans laquelle vous aurez glissé les vingt mille francs, à cette excellente Mme Giry.»

Et la' note était accompagnée de l'enveloppe coutumière. Il n'y avait plus qu'à la remplir.

Cette opération devait être accomplie le soir même, une demi-heure avant le spectacle. C'est donc une demi-heure environ avant que le rideau se lève sur cette trop fameuse représentation de Faust que nous pénétrons dans l'antre directorial.

Richard montre l'enveloppe à Moncharmin, puis il compte devant lui les vingt mille francs et les glisse dans l'enveloppe, mais sans fermer celle-ci.

—Et maintenant, dit-il, appelle-moi la mère Giry.

On alla chercher la vieille. Elle entra en faisant une belle révérence. La dame avait toujours sa robe de taffetas noir dont la teinte tournait à la rouille et au lilas, et son chapeau aux plumes couleur de suie. Elle semblait de belle humeur. Elle dit tout de suite:

—Bonsoir, messieurs! C'est sans doute encore pour l'enveloppe?

—Oui, madame Giry, dit Richard avec une grande amabilité... C'est pour l'enveloppe... Et pour autre chose aussi.

—À votre service, monsieur le directeur: À votre service!... Et quelle est cette autre chose, je vous prie?

—D'abord, madame Giry, j'aurais une petite question à vous poser.

—Faites, monsieur le directeur, Mame Giry est là pour vous répondre.

—Vous êtes toujours bien avec le fantôme?

—On ne peut mieux, monsieur le directeur, on ne peut mieux.

—Ah! vous nous en voyez enchantés... Dites donc, madame Giry, prononça Richard en prenant le ton d'une importante confidence... Entre nous, on peut bien vous le dire... Vous n'êtes pas une bête.

—Mais, monsieur le directeur!... s'exclama l'ouvreuse, en arrêtant le balancement aimable des deux plumes noires de son chapeau couleur de suie, je vous prie de croire que ça n'a jamais fait de doute pour personne!

—Nous sommes d'accord et nous allons nous entendre. L'histoire du fantôme est une bonne blague, n'est-ce pas?... Eh bien! toujours entre nous... elle a assez duré.

Mme Giry regarda les directeurs comme s'ils lui avaient parlé chinois. Elle s'approcha du bureau de Richard et fit, assez inquiète:

—Qu'est-ce que vous voulez dire?... Je ne vous comprends pas!

—Ah! vous nous comprenez très bien. En tout cas, il faut nous comprendre... Et, d'abord, vous allez nous dire comment il s'appelle.

—Qui donc?

—Celui dont vous êtes la complice, Mame Giry!

—Je suis la complice du fantôme? Moi?... La complice de quoi?

—Vous faites tout ce qu'il veut.

—Oh!... il n'est pas bien encombrant, vous savez.

—Et il vous donne toujours des pourboires!

—Je ne me plains pas!

—Combien vous donne-t-il pour lui porter cette enveloppe?

—Dix francs.

—Mazette! Ce n'est pas cher?

—Pourquoi donc?

—Je vous dirai cela tout à l'heure, Mame Giry. En ce moment, nous voudrions savoir pour quelle raison... extraordinaire... vous vous êtes donnée corps et âme à ce fantôme-là plutôt qu'à un autre... Ça n'est pas pour cent sous ou dix francs qu'on peut avoir l'amitié et le dévouement de Mame Giry.

—Ça, c'est vrai!... Et ma foi, cette raison-là je peux vous la dire, monsieur le directeur! Certainement il n'y a pas de déshonneur à ça!... au contraire.

—Nous n'en doutons pas, Mame Giry!

—Eh bien, voilà... le fantôme n'aime pas que je raconte ses histoires.

—Ah! ah! ricana Richard!

—Mais, celle-là, elle ne regarde que moi!... reprit la vieille... donc, c'était dans la loge n°5... un soir, j'y trouve une lettre pour moi... une espèce de note écrite à l'encre rouge... C'te note-là, monsieur le directeur, j'aurais pas besoin de vous la lire... je la sais par cœur... et je ne l'oublierai jamais... même si je vivais cent ans!...

Et Mme Giry, toute droite, récite la lettre avec une éloquence touchante:

«Madame.—1825, Mlle Ménétrier, coryphée, est devenue marquise de Cussy.—1832, Mlle Marie Taglioni, danseuse, est faite comtesse Gilbert des Voisins.—1846, la Sota, danseuse, épouse un frère du roi d'Espagne.—1847, Lola Montés, danseuse-, épouse morganatiquement le roi Louis de Bavière et est créée comtesse de Landsfeld.—1848, Mlle Maria, danseuse, devient baronne d'Hermeville.—1870, Thérèse Hessler, danseuse, épouse Don Fernando, frère du roi de Portugal...»

Richard et Moncharmin écoutent la vieille, qui, au fur et à mesure qu'elle avance dans la curieuse énumération de ces glorieuses hyménées, s'anime, se redresse, prend de l'audace, et finalement, inspirée comme une sybille sur son trépied, lance d'une voix éclatante d'orgueil la dernière phrase de la lettre prophétique:

—1885. Meg Giry, impératrice!

Épuisée par cet effort suprême, l'ouvreuse retombe sur sa chaise en disant: «Messieurs, ceci était signé: «Le Fantôme de l'Opéra!» J'avais déjà entendu parler du fantôme, mais je n'y croyais qu'à moitié. Du jour où il m'a annoncé que ma petite Meg, la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles, serait impératrice, j'y ai cru tout à fait.»

En vérité, en vérité, il n'était point besoin de considérer longuement la physionomie exaltée de mam' Giry pour comprendre ce qu'on avait pu obtenir de cette belle intelligence avec ces deux mots: «Fantôme et impératrice.»

Mais qui donc tenait les ficelles de cet extravagant mannequin?... Qui?

—Vous ne l'avez jamais vu, il vous parle, et vous croyez tout ce qu'il vous dit? demanda Moncharmin.

—Oui; d'abord, c'est à lui que je dois que ma petite Meg est passée coryphée. J'avais dit au fantôme: Pour qu'elle soit impératrice en 1885, vous n'avez pas de temps à perdre, il faut qu'elle soit coryphée tout de suite. Il m'a répondu: C'est entendu. Et il n'a eu qu'un mot à dire à M. Poligny, c'était fait...

—Vous voyez bien que M. Poligny l'a vu!

—Pas plus que moi, mais il l'a entendu! Le fantôme lui a dit un mot à l'oreille, vous savez bien! le soir ou il est sorti si pâle de la loge n°5.

Moncharmin pousse un soupir.

—Quelle histoire! gémit-il.

—Ah! répond mame Giry, j'ai toujours cru qu'il y avait des secrets entre le Fantôme et M. Poligny. Tout ce que le Fantôme demandait à M. Poligny, M. Poligny l'accordait... M. Poligny n'avait rien à refuser au Fantôme.

—Tu entends, Richard, Poligny n'avait rien à refuser au Fantôme.

—Oui, oui, j'entends bien! déclara Richard. M. Poligny est un ami du Fantôme! et, comme Mme Giry est une amie de M. Poligny, nous y voilà bien, ajouta-t-il sur un ton fort rude. Mais M. Poligny ne me préoccupe pas, moi... La seule personne dont le sort m'intéresse vraiment, je ne le dissimule point, c'est Mme Giry!... Madame Giry, vous savez ce qu'il y a dans cette enveloppe?

—Mon Dieu, non! fit-elle.

—Eh bien! regardez!

Mme Giry glisse dans l'enveloppe un regard troublé, mais qui retrouve aussitôt son éclat.

—Des billets de mille francs! s'écrie-t-elle!

—Oui, Mme Giry!... oui, des billets de mille!... Et vous le saviez bien!

—Moi, monsieur le directeur... Moi! je vous jure...

—Ne jurez pas, madame Giry!... Et maintenant, je vais vous dire cette autre chose pour laquelle je vous ai fait venir... Madame Giry, je vais vous faire arrêter.

Les deux plumes noires du chapeau couleur de suie, qui affectaient à l'ordinaire la forme de deux points d'interrogation, se muèrent aussitôt en point d'exclamation; quant au chapeau lui-même, il oscilla, menaçant sur son chignon en tempête. La surprise, l'indignation, la protestation et l'effroi se traduisirent encore chez la mère de la petite Meg par une sorte de pirouette extravagante «jeté glissade» de la vertu offensée qui l'apporta d'un bond jusque sous le nez de M. le directeur, lequel ne put se retenir de reculer son fauteuil.

—Me faire arrêter!

La bouche qui disait cela sembla devoir cracher à la figure de M. Richard les trois dents dont elle disposait encore.

M. Richard fut héroïque. Il ne recula plus. Son index menaçant désignait déjà aux magistrats absents l'ouvreuse de la loge n°5.

—Je vais vous faire arrêter, madame Giry, comme une voleuse!

—Répète!

Et Mme Giry gifla à tour de bras M. le directeur Richard avant que M. le directeur Moncharmin n'eût eu le temps de s'interposer. Riposte vengeresse! Ce ne fut point la main desséchée de la colérique vieille qui vint s'abattre sur la joue directoriale, mais l'enveloppe elle-même, cause de tout le scandale, l'enveloppe magique qui s'entr'ouvrit du coup pour laisser échapper les billets qui s'envolèrent dans un tournoiement fantastique de papillons géants.

Les deux directeurs poussèrent un cri, et une même pensée les jeta tous les deux à genoux, ramassant fébrilement et compulsant en hâte les précieuses paperasses.

—Ils sont toujours vrais? Moncharmin.

—Ils sont toujours vrais? Richard.

—Ils sont toujours vrais!!!

Au-dessus d'eux, les trois dents de Mme Giry se heurtent dans une mêlée retentissante, pleine de hideuses interjections. Mais on ne perçoit tout à fait bien que ce «leit motiv»:

—Moi, une voleuse!... Une voleuse, moi?

Elle étouffe.

Elle s'écrie:

—J'en suis ravagée!

Et, tout à coup, elle rebondit sous le nez de Richard.

—En tout cas, glapit-elle, vous, monsieur Richard, vous devez le savoir mieux que moi où sont passés les vingt mille francs!

—Moi? interroge Richard stupéfait. Et comment le saurais-je?

Aussitôt, Moncharmin, sévère et inquiet, veut que la bonne femme s'explique.

—Que signifie ceci? interroge-t-il. Et pourquoi, madame Giry, prétendez-vous que M. Richard doit savoir mieux que vous où sont passés les vingt mille francs?

Quant à Richard, qui se sent rougir sous le regard de Moncharmin, il a pris la main de mame Giry et la lui secoue avec violence. Sa voix imite le tonnerre. Elle gronde, elle roule... elle foudroie...

—Pourquoi saurais-je mieux que vous où sont passés les vingt mille francs? Pourquoi?

—Parce qu'ils sont passés dans votre poche!... souffle la vieille en le regardant maintenant comme si elle apercevait le diable.

C'est au tour de M. Richard d'être foudroyé, d'abord par cette réplique inattendue, ensuite par le regard de plus en plus soupçonneux de Moncharmin. Du coup, il perd sa force dont il aurait besoin dans ce moment difficile pour repousser une aussi méprisable accusation.

Ainsi les plus innocents, surpris dans la paix de leur cœur apparaissent-ils tout à coup, à cause que le coup qui les frappe les fait pâlir, ou rougir, ou chanceler, ou se redresser, ou s'abîmer, ou protester, ou ne rien dire quand il faudrait parler, ou parler quand il ne faudrait rien dire, ou rester secs alors qu'il faudrait s'éponger, ou suer alors qu'il faudrait rester secs, apparaissent-ils tout à coup, dis-je, coupables.

Moncharmin a arrêté l'élan vengeur avec lequel Richard qui était innocent allait se précipiter sur Mme Giry et il s'empresse, encourageant, d'interroger celle-ci... avec douceur.

—Comment avez-vous pu soupçonner mon collaborateur Richard de mettre vingt mille francs dans sa poche?

—Je n'ai jamais dit cela! déclare mame Giry, attendu que c'était moi-même en personne, qui mettais les vingt mille francs dans la poche de M. Richard.

Et elle ajouta à mi-voix:

—Tant pis! Ça y est!... Que le Fantôme me pardonne!

Et comme Richard se reprend à hurler, Moncharmin avec autorité lui ordonne de se taire:

—Pardon! Pardon! Pardon! Laisse cette femme s'expliquer! Laisse-moi l'interroger.

Et il ajoute:

—Il est vraiment étrange que tu le prennes sur un ton pareil!... Nous touchons au moment où tout ce mystère va s'éclaircir! Tu es furieux! Tu as tort... Moi, je m'amuse beaucoup.

Mame Giry, martyre, relève sa tête où rayonne la foi en sa propre innocence.

—Vous me dites qu'il y avait vingt mille francs dans l'enveloppe que je mettais dans la poche de M. Richard, mais, moi je le répète, je n'en savais rien... Ni M. Richard non plus, du reste!

—Ah! ah! fit Richard, en affectant tout à coup un air de bravoure qui déplut à Moncharmin. Je n'en savais rien non plus! Vous mettiez vingt mille francs dans ma poche et je n'en savais rien! J'en suis fort aise, madame Giry.

—Oui, acquiesça la terrible dame... c'est vrai!... Nous n'en savions rien ni l'un ni l'autre!... Mais vous, vous avez bien dû finir par vous en apercevoir.

Richard dévorerait certainement Mme Giry si Moncharmin n'était pas là! Mais Moncharmin la protège. Il précipite l'interrogatoire.

—Quelle sorte d'enveloppe mettiez-vous donc dans la poche de M. Richard? Ce n'était point celle que nous vous donnions, celle que vous portiez, devant nous, dans la loge n°5, et cependant, celle-là seule, contenait les vingt mille francs.

—Pardon! C'était bien celle que me donnait M. le directeur que je glissais dans la poche de monsieur le directeur, explique la mère Giry. Quant à celle que je déposais dans la loge du fantôme, c'était une autre enveloppe exactement pareille, et que j'avais, toute préparée, dans ma manche, et qui m'était donnée par le fantôme!

Ce disant, mame Giry sort de sa manche une enveloppe toute préparée et identique avec sa suscription à celle qui contient les vingt mille francs. MM. les directeurs s'en emparent. Ils l'examinent, ils constatent que des cachets cachetés de leur propre cachet directorial, la ferment. Ils l'ouvrent... Elle contient vingt billets de la Sainte Farce, comme ceux qui les ont tant stupéfiés un mois auparavant.

—Comme c'est simple! fait Richard.

—Comme c'est simple! répète plus solennel que jamais Moncharmin.

—Les tours les plus illustres, répond Richard, ont toujours été les plus simples. Il suffit d'un compère...

—Ou d'une commère! ajoute de sa voix blanche, Moncharmin.

Et il continue, les yeux fixés sur Mme Giry, comme s'il voulait l'hypnotiser:

—C'était bien le fantôme qui vous faisait parvenir cette enveloppe, et c'était bien lui qui vous disait de la substituer à celle que nous vous remettions? C'était bien lui qui vous disait de mettre cette dernière dans la poche de M. Richard?

—Oh! c'était bien lui!

—Alors, pourriez-vous nous montrer, madame, un échantillon de vos petits talents?... Voici l'enveloppe. Faites comme si nous ne savions rien.

—À votre service, messieurs!

La mère Giry a repris l'enveloppe chargée de ses vingt billets et se dirige vers la porte. Elle s'apprête à sortir.

Les deux directeurs sont déjà sur elle.

—Ah! non! Ah! non! On ne nous «la fait plus»! Nous en avons assez! Nous n'allons pas recommencer!

—Pardon, messieurs, s'excuse la vieille, pardon... Vous me dites de faire comme si vous ne saviez rien!... Eh bien, si vous ne saviez rien, je m'en irais avec vôtre enveloppe!

—Et alors, comment la glisseriez-vous dans ma poche? argumente Richard que Moncharmin ne quitte pas de l'œil gauche, cependant que son œil droit est fort occupé par Mme Giry,—position difficile pour le regard; mais Moncharmin est décidé à tout pour découvrir la vérité.

—Je dois la glisser dans votre poche au moment où vous vous y attendez le moins, monsieur le directeur. Vous savez que je viens toujours, dans le courant de la soirée, faire un petit tour dans les coulisses, et souvent j'accompagne, comme c'est mon droit de mère, ma fille au foyer de la danse; je lui porte ses chaussons, au moment du divertissement, et même son petit arrosoir... Bref, je vais et je viens à mon aise... Messieurs les abonnés s'en viennent aussi... Vous aussi, monsieur le directeur... Il y a du monde... Je passe derrière vous, et, je glisse l'enveloppe dans la poche de derrière de votre habit... Ça n'est pas sorcier!

—Ça n'est pas sorcier, gronde Richard en roulant des yeux de Jupiter tonnant, ça n'est pas sorcier! Mais je vous prends en flagrant délit de mensonge, vieille sorcière!

L'insulte frappe moins l'honorable dame que le coup que l'on veut porter à sa bonne foi. Elle se redresse, hirsute, les trois dents dehors.

—À cause?

—À cause que ce soir-là je l'ai passé dans la salle à surveiller la loge n° 5 et la fausse enveloppe que vous y aviez déposée. Je ne suis pas descendu au foyer de la danse une seconde...

—Aussi, monsieur le directeur, ce n'est point ce soir-là que je vous ai remis l'enveloppe!... Mais à la représentation suivante... Tenez, c'était le soir où M. le sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts...

À ces mots, M. Richard arrête brusquement Mme Giry...

—Eh! c'est vrai, dit-il, songeur, je me rappelle... je me rappelle maintenant! M. le sous-secrétaire d'État est venu dans les coulisses. Il m'a fait demander. Je suis descendu un instant au foyer de la danse. J'étais sur les marches du foyer... M. le sous-secrétaire d'État et son chef de cabinet étaient dans le foyer même... Tout à coup je me suis retourné... C'était vous qui passiez derrière moi... madame Giry... Il me semblait que vous m'aviez frôlé... Il n'y avait que vous derrière moi... Oh! je vous vois encore... je vous vois encore!

—Eh bien, oui, c'est ça, monsieur le directeur! c'est bien ça! Je venais de terminer ma petite affaire dans votre poche! Cette poche-là, monsieur le directeur est bien commode!

Et Mme Giry joint une fois de plus le geste à la parole. Elle passe derrière M. Richard et si prestement, que Moncharmin lui-même, qui regarde de ses deux yeux, cette fois, en reste impressionné, elle dépose l'enveloppe dans la poche de l'une des basques de l'habit de M. le directeur.

—Évidemment! s'exclame Richard, un peu pâle... C'est très fort de la part de F. de l'O. Le problème, pour lui, se posait ainsi: supprimer tout intermédiaire dangereux entre celui qui donne les vingt mille francs et celui qui les prend! Il ne pouvait mieux trouver que de venir me les prendre dans ma poche sans que je m'en aperçoive, puisque je ne savais même pas qu'ils s'y trouvaient... C'est admirable?

—Oh! admirable! sans doute, surenchérit Moncharmin... seulement, tu oublies, Richard, que j'ai donné dix mille francs sur ces vingt mille et qu'on n'a rien mis dans ma poche, à moi!

Saturday, 1 July 2023

Sermon on the Conversion of St. Paul by St. Vincent Ferrer (translated into English)

 

Acts 9 (Douay transl.): 3 And as he went on his journey, it came to pass that he drew nigh to Damascus; and suddenly a light from heaven shined round about him. 4 And falling on the ground, he heard a voice saying to him: Saul, Saul, why persecutest thou me? 5 Who said: Who art thou, Lord? And he: I am Jesus whom thou persecutest. It is hard for thee to kick against the goad. 6 And he trembling and astonished, said: Lord, what wilt thou have me to do? 7 And the Lord said to him: Arise, and go into the city, and there it shall be told thee what thou must do. Now the men who went in company with him, stood amazed, hearing indeed a voice, but seeing no man. 8 And Saul arose from the ground; and when his eyes were opened, he saw nothing. But they leading him by the hands, brought him to Damascus. 9 And he was there three days, without sight, and he did neither eat nor drink… 15 And the Lord said to him: Go thy way; for this man is to me a vessel of election, to carry my name before the Gentiles, and kings, and the children of Israel.

“This man is to me a vessel of election,” (Acts 9:15). These words are found in the Acts of the Apostles, chapter 9. Today, in church, is the feast of the Conversion of St. Paul. No saint other than St. Paul the Apostle has a feast of their conversion, not just for its own sake, because it was miraculous, but also for our sake, because he was a profitable [proficuosa] sinner, for in his conversion is shown how a sinner ought to be converted to Christ. But first we “Hail” the Virgin Mary.

By way of a short introduction to the material it must be known that the principal foundation and principle of the salvation of a man is the eternal election of God. Before God created the heavens and earth, or anything, already in the secret consistory of the Trinity the choice of those to be saved had been made, in such a way: There are so many lords, emperors, kings, dukes, and counts, etc. in the world. From these, the Father says, and the Son and the Holy Spirit, so many will be saved out of the love of justice, because they succeeded in the correction of their subjects. Also there were so many prelates, popes, cardinals, patriarchs, archbishops and bishops, etc. in the world. From these so many shall be saved by virtue of their charity and diligence toward their flocks. Also there are so many religious, from which so many shall be saved by virtue of obedience, serving their order. Also so many clergy, by virtue of their devotion. Also so many rich people, by virtue of their mercy. So many poor people, by virtue of their patience. Also so many women, by virtue of their integrity and continence. This election is the first and fundamental principle of the salvation of men and women. Authority: “He chose us in him before the foundation of the world, that we should be holy and unspotted in his sight in charity. Who has predestinated us unto the adoption of children through Jesus Christ,” our Lord (Eph. 1:4-5). And this choice is called predestination. And because St. Paul was chosen by God from all eternity, that he would be one of the greater saints in paradise, about him Christ spoke in the theme text, “Vessel of election;” he, Paul, is chosen – passively – for me.

But although divine election has been made in eternity, it has its execution in time, I say to you the practical execution of the election of St. Paul, as is contained in today’s epistle. Luke tells the story in today’s epistle, Acts 9, how he was persecuting Christians, as a wolf hunts sheep, to the extent that many Christians fled from Jerusalem, and so he himself said, ” I shall then pursue them.” It is told how infected with rage he was going to Damascus etc. “Saul, Saul, why do you persecute me?” (Acts 9:4). Note, he does not say “Why do you persecute my servants?” because so great is the love of Christ for his servants, that their persecution is considered his. Just as the good which comes to his servants out of love of him, he receives in his own person, and also evil. And so he says in the universal judgment, “For I was hungry, and you gave me to eat,” (Mt 25:35). Then they shall say, “Lord, when did we see you hungry, and feed you; thirsty, and gave you a drink?” (v.37). To whom he will say, “Amen I say to you, as long as you did it to one of these my least brethren, you did it to me,” (v.40). Here is made clear how a man ought to be careful lest he displease the servants of God, because he [Christ] receives it in his own person, just as a king takes it personally when a knight is offended, or one of his officials. And because of this there is great fear lest an official of the king be offended. Therefore Christ says, “Saul,” for so he was called before his conversion, “Saul, why do you persecute me?” Behold, the love of Christ for us. And Paul, frightened and stunned said, “Who are you, Lord?” (Acts 9:5). Jesus replied, “I am Jesus whom you persecute. It is hard for you to kick against the goad,” (v. 5).   Note that Paul, before his conversion had four false beliefs or opinions and errors,

First, that he did not believe him to be God, but simply man.

Second, that he was not the Savior of the world, but an imposter.

Third, that he had not risen from the dead.

Fourth that he was not the judge of the good and wicked.

But Christ, in response, dispelled all these errors when he said, “I am Jesus of Nazareth,” etc., (Acts 22:8).

And first, when he said,” I am,” which is the name of the Divinity, because God has existence of himself. Our existence is given to us by God. Already it ought not to be called existence. Just as no one ought to be called rich because of monies which he received on loan. Our total existence has been loaned to us by God. Therefore, properly speaking, no one has being but God alone. Therefore we read in Exodus 3 that when God wished to send Moses to free the people of Israel from Egypt, Moses said to him, “If they should say to me: What is the name [of God]? what shall I say to them? [The LORD] said to Moses: I AM WHO AM. He said: Thus shall you say to the children of Israel: HE WHO IS, has sent me to you,” (vv. 13-14). See why he replied to Paul, “I am.” And Augustine says in his Book on Seeing God, that Christ then showed Paul the divine essence.

Against the second error he says, “Jesus,” which is the same as “Savior,” showing him clearly that no one can enter paradise, nor be saved unless believing and obeying him.

Against the third error he says, “of Nazareth,” that is, “blooming,” because his body in his glorious resurrection blossomed with four flowers: 1) invulnerability, 2) lightness, 3) subtlety, 4) clarity. That is why he said, “of Nazareth.”

Against the fourth error he said, “It is hard for you to kick against the goad,” (Acts 9:5). The goad is a harsh sentence, which he shall give as the universal judge of the good and the wicked, when he will say to the wicked, “Depart from me, you cursed, into everlasting fire,” (Mt 25:41). Then Paul, “trembling and astonished, said: Lord, what will you have me to do,” that I might be saved? (Acts 9:6). Now I see clearly my errors. “And the Lord said to him: Arise, and go into the city, and there it shall be told you what you must do… And Saul arose from the ground; and when his eyes were opened, he saw nothing,” (Acts 9:6,8). So great was the brightness which surrounded him, that he lost his sight, as if a man had looked at the sun for a long time, he would lose his sight. “But they, leading him by the hands,” men who accompanied him, who stood amazed, “brought him to Damascus. And he was there three days, without sight, and he neither ate nor drank,” (Acts 9:8-9). The scriptural doctors say that during these three days he learned and saw in the school of paradise whatever later he preached. In the mean time Christ appeared to a certain disciple of his living in Damascus, who was called Ananias, and said to him, “Ananias. And he said: Behold I am here, Lord. And the Lord said to him: Arise, and go into the street that is called Strait, and seek in the house of Judas, one named Saul of Tarsus,” (Acts 9:10-11). And Ananias was afraid saying, “Lord, I have heard from many,” (v. 13) of this man, how he persecuted your name, etc. And so Lord do not send me to that wolf,” etc. Then “the Lord said to him: Go thy way; for this man is to me a vessel of election, to carry my name before the Gentiles, and kings, and the children of Israel,” (v. 15). Because just as fruit is presented to lords in a gold or silver bowl, so this man shall bear my name, etc. The story of the epistle is completed by the concluding theme, “This man is to me a vessel of election.” Behold, the eternal election.

As for the second I say that in the conversion of St. Paul is shown the manner of the conversion of a sinner to God. And so the Church makes a feast only of this conversion of Paul. And there are seven ways by which a sinner is converted to God, like Paul, which are as follows:

 

    Divine illumination

    Personal humiliation

    Fraternal correction

    Judicial exposure

    Doctrinal instruction

    Example of virtue

    Penitential affliction.

 

DIVINE ILLUMINATION - The first mode is divine illumination, when the sinner is converted to God, like Paul, he is subtly enlightened by God, because the sinner while he remains in sins is blind. A blind man does not see the danger in which he is. Just as one who walks along the street, and first falls into the mud, then stumbles on rocks, then into vipers, he is judged blind, because he truly is blind. So for the sinner passing through the road of this world or of life, who first falls into the morass of putrid lust, then between the prickly thorns of avarice, and then between the rocks of anger and malice. And so holy scripture judges such to be blind: “And they shall walk like blind men, because they have sinned against the Lord,” (Zeph 1:17). And so the divine light is necessary, illuminating the mind of the sinner. The sinner is illuminated by light when he says: “O wretched me [miser]! How many years have I been in the mire of lust, or in the thorns of avarice?” And so for the others. “O wretched me! What will become of me or of my soul?”   When the divine light illuminates his conscience, he recognizes sins, because the natural light of the intellect does not suffice, nor even the light of acquired science, but the divine light is necessary.

This is shown in the conversion of St. Paul where it says, “And as he went on his journey, …suddenly a light from heaven shone round about him,” (Acts 9:3). Note, “light from heaven;” not from the natural intellect or human genius. This manner of conversion is very sweet. When God suddenly enlightens a sinner in his home, his room, on his bed, or going on the street, that he might recognize his sins, saying: “O wretch, what will become of me.” This light David sought saying in prayer, “Enlighten my eyes that I never sleep in death,” (Ps 12:4).

PERSONAL HUMILIATION - The second way is personal illumination or humbling. When pompous inflated persons who care only for worldly things are brought down or humiliated, and if this happens because, God says, “These need another remedy,” and he makes them lose their temporal goods, and the love of lords in whom they trusted, and then they are converted to God, because others were not caring about them. And so David, “Fill their faces with shame; and they shall seek your name, O Lord,” (Ps 82:17). Blessed is the adversity or trouble of poverty, of sickness or persecution of lords, which converts the sinner to God.

This way is shown in Paul who went about filled with fury, [dirumque] power flushed his whole heart, and falling on the earth, from being a persecutor he was made a “vessel of election,” saying,” Lord, what will you have me do?” (Acts 9:6). Behold how out of adversity, he was converted.

FRATERNAL CORRECTION - The third [way] is fraternal correction. Just as some are not converted by the first or second way, because God does not get them on the first day, but when someone, a friend, brother, companion, father or neighbor gently corrects his friend or son, saying, “This is for your own good. People are already talking about you. So for the love of God straighten up!”. In this way many are converted to Christ. And so Christ says, “If your brother shall offend against you, go, and rebuke him between you and him alone. If he shall hear you, you shall gain your brother,” (Mt 18:15).

This way is shown in Paul, when Christ correcting him said to him, “Saul, Saul, why do you persecute me?” (Acts 9:4).

JUDICIAL EXPOSURE - The fourth is judicial exposure, as when God by himself invisibly or through the mouth of some holy and devout person points out to him the rigor of justice in such a way. “Let us see if you wish to persevere in this wicked life, what shall you say in the judgment? What shall you respond to Christ when he says, “What have you done for me?” Showing his wounds [Christ] says: “See what I have done for you. Do you recognize these wounds? Let us see what you have done for me.” What will you say who now stand and live in sins, and you have done nothing good? How shall you avoid the punishments of hell? Such judicial exposures make many convert, confess and do penance, so that they have something to show at the judgment. And so David: “The Lord shall be known when he executes judgments: the sinner has been caught in the works of his own hands. The wicked shall be turned into hell,” namely through thinking [cogitationem], (Ps 9:17-18).

This way is seen in Paul to whom Christ exposes himself in judicial form, just as he ought to stand on the day of judgment, when he says to him, “It is hard for you to kick against the goad,” (Acts 9:5). And Paul immediately replied, “Lord, what will you have me to do?” (v. 6).

DOCTRINAL INSTRUCTION - Fifth is doctrinal instruction, as in preaching, to which many sinners come, entangled in great sins, and they return converted to God, because in preaching, when the preacher preaches sound doctrine, sinners come to recognize their evil life, and they say, “O wretched me!   According to this [preaching] I am in an evil state!” And in this way more are converted than by the other aforesaid ways. And so the Apostle says, “For I am not ashamed of the gospel. For it is the power of God unto salvation to every one who believes,” (Rom 1:16). Note, “I am not ashamed of the gospel,” like those who care more about the poets, than the gospels. The teaching of the poets saves no one. And so the preachers of the evangelical doctrine have a special crown in paradise.

This way of conversion was shown in Paul to whom Christ said, “Arise, and go into the city, and there it shall be told you what you must do,” (Acts 9:7). If Paul had wanted to say, “Lord, you show me what I have to do. Why do you send me rather than another?” Christ would have said, “Go, because in you I instruct the Christian. How you have gone, so they can go. They have a lesson.” Note the city to which Christ sent Paul, saying, “Arise, and go into the city.”  It is called Damascus which is interpreted to mean “bloody,” and it signifies the Church, where the blood of Christ is consecrated [conficitur] and drunk. When therefore he says, “Go into the city,” into the Church for hearing Mass and a sermon, there you are told what you ought to do. This is the principal manner for converting sinners.

EXAMPLE OF VIRTUE - The sixth way [of conversion] is the example of virtue. When one sees that someone lives a good and holy life, even if it is not told by preaching, but just by the example of such a one many are converted. There is a story about the conversion of a certain prince of thieves on a road lying in wait to steal. A certain holy abbot wishing to convert him to Christ came to him and immediately was captured, and stripped naked. The abbot however questioned him about how it was living in such a wilderness. The abbot said, “O, you live in great labor and danger. If you wish, come with me to the monastery, and I shall provide for you abundantly [opulenter]. Fearing capture he did not dare to go, but the abbot assured him, and he followed him.   He gave him the best of cells, and a most devoted monk as a servant, that he might serve him, giving him whatever he wished to eat: chickens, partridges, and capons, and ministering to him. And after he had dined, his brother the servant ate bread and water in his presence. And when he laid down on his bed, the brother prayed on his knees with tears etc. After a number of days the robber captain said to the brother, “And what kind of life did you have in the world, because you do so much penance?” And the brother said: “Many [sins], lord.” “Tell me, if you please.”  He said, “I laughed excessively, and I cheated,” and so for other venial sins. And the captain said, “O wretched me! What shall be of me who have robbed and killed so many men, because you, for such little sins do such great penances? Henceforth I wish to live like you.  Give me a bed no more, nor hens.” And so he had been converted by the example of a good life. Possibly, if someone had preached to him for a hundred years, he would never have converted him. Yet , he was converted by the example of a good life.   We read that in the time of St. Peter the Apostle, when he was preaching in Rome, some good woman already converted to Christ had perverse husbands to convert. Showing them this way he said, “Let wives be subject to their husbands: that if any believe not the word, they may be won without the word, by the conversation of the wives,” (1Pet 3:1).

This mode was shown in Paul, when leading him by the hand they led him into the city. Hands signify works, because they are done by hands. And so he said “leading him by the hands,” in which is implied that by the example of deeds sinners are drawn to God.

VOLUNTARY PENANCE - The seventh manner is voluntary penance [afflictio penitentialis], by saying “Lord, although I am wicked and a sinner, I hope nevertheless that because of this penance you shall rescue me from sin and shall convert me to a good life. And so although a man perceives himself to be in sin, he should not abandon penitence, because it disposes to conversion, and ultimately to salvation. “Do penance, for the kingdom of heaven is at hand,” (Mt 4:17).

This way is shown in the conversion of St. Paul the Apostle, who for three days did not eat, or drink. What a penitential affliction! It was a sign that by penitence God leads the sinner to conversion and salvation.

This is why the Church celebrates a feast of the Conversion of St. Paul the Apostle, because not only was it miraculous, but it was also profitable for sinners.

Friday, 30 June 2023

Friday's Sung Word: "Suspiro" by Noel Rosa and Orestes Barbosa (in Portuguese)

Suspiro anseio secreto
Revelação de um afeto
Gemer que ninguém traduz

Suspiro triste recado
De um coração anseado
Da desventura na cruz

Suspiro voz da desgraça
Voz da alegria que passa
Dando lugar ao sofrer

Suspiro, o peito se cala
Na dor que tanto apunhala
Que não se pode dizer

Suspiro que crueldade
Tem que nascer da saudade
Enquanto o amor quiser

Eu já dei mais de mil giros
E a fonte dos meus suspiros
E sempre a mesma mulher.

 
You can listen "Suspiro" sung by Aracy de Almeida here.

 

 You can listen "Suspiro" sung by Isaurinha Garcia here.

Thursday, 29 June 2023

Thursday's Serial: “The Story of the Other Wise Man” by Henry van Dyke (in English) - II

I - THE SIGN IN THE SKY

In the days when Augustus Cæsar was master of many kings and Herod reigned in Jerusalem, there lived in the city of Ecbatana, among the mountains of Persia, a certain man named Artaban, the Median. His house stood close to the outermost of the seven walls which encircled the royal treasury. From his roof he could look over the rising battlements of black and white and crimson and blue and red and silver and gold, to the hill where the summer palace of the Parthian emperors glittered like a jewel in a sevenfold crown.

Around the dwelling of Artaban spread a fair garden, a tangle of flowers and fruit trees, watered by a score of streams descending from the slopes of Mount Orontes, and made musical by innumerable birds. But all color was lost in the soft and odorous darkness of the late September night, and all sounds were hushed in the deep charm of its silence, save the plashing of the water, like a voice half sobbing and half laughing under the shadows. High above the trees a dim glow of light shone through the curtained arches of the upper chamber, where the master of the house was holding council with his friends.

He stood by the doorway to greet his guests—a tall, dark man of about forty years, with brilliant eyes set near together under his broad brow, and firm lines graven around his fine, thin lips; the brow of a dreamer and the mouth of a soldier, a man of sensitive feeling but inflexible will—one of those who, in whatever age they may live, are born for inward conflict and a life of quest.

His robe was of pure white wool, thrown over a tunic of silk; and a white pointed cap, with long lapels at the sides, rested on his flowing black hair. It was the dress of the ancient priesthood of the Magi, called the fire-worshipers.

“Welcome!” he said, in his low, pleasant voice, as one after another entered the room—“welcome, Abdus; peace be with you, Rhodaspes and Tigranes, and with you my father, Abgarus. You are all welcome, and this house grows bright with the joy of your presence.”

There were nine of the men, differing widely in age, but alike in the richness of their dress of many-colored silks, and in the massive golden collars around their necks, marking them as Parthian nobles, and the winged circles of gold resting upon their breasts, the sign of the followers of Zoroaster.

They took their places around a small black altar at the end of the room, where a tiny flame was burning. Artaban, standing beside it, and waving a barsom of thin tamarisk branches above the fire, fed it with dry sticks of pine and fragrant oils. Then he began the ancient chant of the Yasna, and the voices of his companions joined in the beautiful hymn to Ahura-Mazda:

 

We worship the Spirit Divine, all wisdom and goodness possessing,

Surrounded by Holy Immortals, the givers of bounty and blessing,

We joy in the works of His hands, His truth and His power confessing.

 

We praise all the things that are pure, for these are His only Creation;

The thoughts that are true, and the words and deeds that have won approbation;

These are supported by Him and for these we make adoration.

 

Hear us, O Mazda! Thou livest in truth and in heavenly gladness;

Cleanse us from falsehood, and keep us from evil and bondage to badness;

Pour out the light and the joy of Thy life on our darkness and sadness.

 

Shine on our gardens and fields, Shine on our working and weaving;

Shine on the whole race of man, Believing and unbelieving;

 Shine on us now through the night,

 Shine on us now in Thy might,

The flame of our holy love and the song of our worship receiving.

 

The fire rose with the chant, throbbing as if it were made of musical flame, until it cast a bright illumination through the whole apartment, revealing its simplicity and splendor.

The floor was laid with tiles of dark blue veined with white; pilasters of twisted silver stood out against the blue walls; the clear-story of round-arched windows above them was hung with azure silk; the vaulted ceiling was a pavement of sapphires, like the body of heaven in its clearness, sown with silver stars. From the four corners of the roof hung four golden magic-wheels, called the tongues of the gods. At the eastern end, behind the altar, there were two dark-red pillars of porphyry; above them a lintel of the same stone, on which was carved the figure of a winged archer, with his arrow set to the string and his bow drawn.

The doorway between the pillars, which opened upon the terrace of the roof, was covered with a heavy curtain of the color of a ripe pomegranate, embroidered with innumerable golden rays shooting upward from the floor. In effect the room was like a quiet, starry night, all azure and silver, flushed in the east with rosy promise of the dawn. It was, as the house of a man should be, an expression of the character and spirit of the master.

He turned to his friends when the song was ended, and invited them to be seated on the divan at the western end of the room.

“You have come to-night,” said he, looking around the circle, “at my call, as the faithful scholars of Zoroaster, to renew your worship and rekindle your faith in the God of Purity, even as this fire has been rekindled on the altar. We worship not the fire, but Him of whom it is the chosen symbol, because it is the purest of all created things. It speaks to us of one who is Light and Truth. Is it not so, my father?”

“It is well said, my son,” answered the venerable Abgarus. “The enlightened are never idolaters. They lift the veil of the form and go into the shrine of the reality, and new light and truth are coming to them continually through the old symbols.”

“Hear me, then, my father and my friends,” said Artaban, very quietly, “while I tell you of the new light and truth that have come to me through the most ancient of all signs. We have searched the secrets of nature together, and studied the healing virtues of water and fire and the plants. We have read also the books of prophecy in which the future is dimly foretold in words that are hard to understand. But the highest of all learning is the knowledge of the stars. To trace their courses is to untangle the threads of mystery of life from the beginning to the end. If we could follow them perfectly, nothing would be hidden from us. But is not our knowledge of them still incomplete? Are there not many stars still beyond our horizon—lights that are known only to the dwellers in the far southland, among the spice-trees of Punt and the gold-mines of Ophir?”

There was a murmur of assent among the listeners.

“The stars,” said Tigranes, “are the thoughts of the Eternal. They are numberless. But the thoughts of man can be counted, like the years of his life. The wisdom of the Magi is the greatest of all wisdoms on earth, because it knows its own ignorance. And that is the secret of power. We keep men always looking and waiting for a new sunrise. But we ourselves know that the darkness is equal to the light, and that the conflict between them will never be ended.”

“That does not satisfy me,” answered Artaban, “for, if the waiting must be endless, if there could be no fulfilment of it, then it would not be wisdom to look and wait. We should become like those new teachers of the Greeks, who say that there is no truth, and that the only wise men are those who spend their lives in discovering and exposing the lies that have been believed in the world. But the new sunrise will certainly dawn in the appointed time. Do not our own books tell us that this will come to pass, and that men will see the brightness of a great light?”

“That is true,” said the voice of Abgarus; “every faithful disciple of Zoroaster knows the prophecy of the Avesta and carries the word in his heart. ‘In that day Sosiosh the Victorious shall arise out of the number of the prophets in the east country. Around him shall shine a mighty brightness, and he shall make life everlasting, incorruptible, and immortal, and the dead shall rise again.’”

“This is a dark saying,” said Tigranes, “and it may be that we shall never understand it. It is better to consider the things that are near at hand, and to increase the influence of the Magi in their own country, rather than to look for one who may be a stranger, and to whom we must resign our power.”

The others seemed to approve these words. There was a silent feeling of agreement manifest among them; their looks responded with that indefinable expression which always follows when a speaker has uttered the thought that has been slumbering in the hearts of his listeners. But Artaban turned to Abgarus with a glow on his face, and said:

“My father, I have kept this prophecy in the secret place of my soul. Religion without a great hope would be like an altar without a living fire. And now the flame has burned more brightly, and by the light of it I have read other words which also have come from the fountain of Truth, and speak yet more clearly of the rising of the Victorious One in his brightness.”

He drew from the breast of his tunic two small rolls of fine linen, with writing upon them, and unfolded them carefully upon his knee.

“In the years that are lost in the past, long before our fathers came into the land of Babylon, there were wise men in Chaldea, from whom the first of the Magi learned the secret of the heavens. And of these Balaam the son of Beor was one of the mightiest. Hear the words of his prophecy: ‘There shall come a star out of Jacob, and a scepter shall arise out of Israel.’”

The lips of Tigranes drew downward with contempt, as he said:

“Judah was a captive by the waters of Babylon, and the sons of Jacob were in bondage to our kings. The tribes of Israel are scattered through the mountains like lost sheep, and from the remnant that dwells in Judea under the yoke of Rome neither star nor scepter shall arise.”

“And yet,” answered Artaban, “it was the Hebrew Daniel, the mighty searcher of dreams, the counselor of kings, the wise Belteshazzar, who was most honored and beloved of our great King Cyrus. A prophet of sure things and a reader of the thoughts of God, Daniel proved himself to our people. And these are the words that he wrote.” (Artaban read from the second roll:) “‘Know, therefore, and understand that from the going forth of the commandment to restore Jerusalem, unto the Anointed One, the Prince, the time shall be seven and threescore and two weeks.’”

“But, my son,” said Abgarus, doubtfully. “these are mystical numbers. Who can interpret them, or who can find the key that shall unlock their meaning?”

Artaban answered: “It has been shown to me and to my three companions among the Magi—Caspar, Melchior, and Balthazar. We have searched the ancient tablets of Chaldea and computed the time. It falls in this year. We have studied the sky, and in the spring of the year we saw two of the greatest stars draw near together in the sign of the Fish, which is the house of the Hebrews. We also saw a new star there, which shone for one night and then vanished. Now again the two great planets are meeting. This night is their conjunction. My three brothers are watching at the ancient Temple of the Seven Spheres, at Borsippa, in Babylonia, and I am watching here. If the star shines again, they will wait ten days for me at the temple, and then we will set out together for Jerusalem, to see and worship the promised one who shall be born King of Israel. I believe the sign will come. I have made ready for the journey. I have sold my house and my possessions, and bought these three jewels—a sapphire, a ruby, and a pearl—to carry them as tribute to the King. And I ask you to go with me on the pilgrimage, that we may have joy together in finding the Prince who is worthy to be served.”

While he was speaking he thrust his hand into the inmost fold of his girdle and drew out three great gems—one blue as a fragment of the night sky, one redder than a ray of sunrise, and one as pure as the peak of a snow mountain at twilight—and laid them on the outspread linen scrolls before him.

But his friends looked on with strange and alien eyes. A veil of doubt and mistrust came over their faces, like a fog creeping up from the marshes to hide the hills. They glanced at each other with looks of wonder and pity, as those who have listened to incredible sayings, the story of a wild vision, or the proposal of an impossible enterprise.

At last Tigranes said: “Artaban, this is a vain dream. It comes from too much looking upon the stars and the cherishing of lofty thoughts. It would be wiser to spend the time in gathering money for the new fire-temple at Chala. No king will ever rise from the broken race of Israel, and no end will ever come to the eternal strife of light and darkness. He who looks for it is a chaser of shadows. Farewell.”

And another said: “Artaban, I have no knowledge of these things, and my office as guardian of the royal treasure binds me here. The quest is not for me. But if thou must follow it, fare thee well.”

And another said: “In my house there sleeps a new bride, and I cannot leave her nor take her with me on this strange journey. This quest is not for me. But may thy steps be prospered wherever thou goest. So farewell.”

And another said: “I am ill and unfit for hardship, but there is a man among my servants whom I will send with thee when thou goest, to bring me word how thou farest.”

But Abgarus, the oldest and the one who loved Artaban the best, lingered after the others had gone, and said, gravely: “My son, it may be that the light of truth is in this sign that has appeared in the skies, and then it will surely lead to the Prince and the mighty brightness. Or it may be that it is only a shadow of the light, as Tigranes has said, and then he who follows it will have only a long pilgrimage and an empty search. But it is better to follow even the shadow of the best than to remain content with the worst. And those who would see wonderful things must often be ready to travel alone. I am too old for this journey, but my heart shall be a companion of the pilgrimage day and night, and I shall know the end of thy quest. Go in peace.”

So one by one they went out of the azure chamber with its silver stars, and Artaban was left in solitude.

He gathered up the jewels and replaced them in his girdle. For a long time he stood and watched the flame that flickered and sank upon the altar. Then he crossed the hall, lifted the heavy curtain, and passed out between the dull red pillars of porphyry to the terrace on the roof.

The shiver that thrills through the earth ere she rouses from her night sleep had already begun, and the cool wind that heralds the daybreak was drawing downward from the lofty snow-traced ravines of Mount Orontes. Birds, half awakened, crept and chirped among the rustling leaves and the smell of ripened grapes came in brief wafts from the arbors.

Far over the eastern plain a white mist stretched like a lake. But where the distant peak of Zagros serrated the western horizon the sky was clear. Jupiter and Saturn rolled together like drops of lambent flame about to blend in one.

As Artaban watched them, behold! an azure spark was born out of the darkness beneath, rounding itself with purple splendors to a crimson sphere, and spiring upward through rays of saffron and orange into a point of white radiance. Tiny and infinitely remote, yet fect in every part, it pulsated in the enormous vault as if the three jewels in the Magian’s breast had mingled and been transformed into a living heart of light.

He bowed his head. He covered his brow with his hands.

“It is the sign,” he said. “The King is coming, and I will go to meet him.”